Après une année 2016 difficile, la République démocratique du Congo (RDC) devrait connaître une reprise économique en 2017. Mais dans un contexte de tensions politiques, le pari est loin d'être gagné. En 2016, la République démocratique du Congo (RDC) a principalement souffert de la baisse des prix des matières premières exportées, à commencer par ceux du cuivre. L'économie a néanmoins démontré, dans le même temps, une certaine stabilité macroéconomique, en dépit de l'environnement externe défavorable. Le taux de croissance, qui était prévu à 7,3%, a finalement chuté à 3,9%. En 2017, cette croissance devrait s'accélérer légèrement grâce à l'augmentation de la production de cuivre et au redressement des cours miniers. Les prévisions tablent ainsi sur un PIB en reprise de 4,2%. Les efforts de diversification entrepris par le gouvernement en 2016, dans le cadre du Plan national stratégique de développement (PNSD) en cours d'élaboration, permettraient également de soutenir les secteurs qui ont permis à la RDC de mieux résister que les autres pays miniers du continent, à savoir l'agriculture, la télécommunication et les transports. Dévaluation et sanctions Néanmoins, le risque accru d'instabilité politique suite à l'indécision du président Joseph Kabila quant à rester -ou non- au pouvoir alimenterait l'aversion au risque des investisseurs étrangers. La consommation privée, dynamique en 2016, pourrait également souffrir de l'incertitude politique. En 2017, l'inflation devrait augmenter, en lien avec la dévaluation du franc congolais. Sous pression, la devise a perdu plus de 20% de sa valeur face au dollar en 2016. Après avoir augmenté son taux directeur de 500 points de base en août 2016, la Banque centrale du Congo pourrait de nouveau resserrer sa politique monétaire en 2017 pour contenir l'inflation. Le solde budgétaire devrait redevenir excédentaire en 2017. Les recettes fiscales devraient notamment augmenter grâce à l'évolution des cours miniers. La contribution des dons extérieurs pourraient néanmoins baisser significativement, si les partenaires étrangers imposaient des sanctions au pays, dans le cas où le président Joseph Kabila déciderait de garder le pouvoir au-delà de son mandat. Excédent commercial Le gouvernement prévoit de baisser les dépenses de 14% en 2017 afin de poursuivre les efforts entamés en 2016. Toutefois, des ressources supplémentaires pourraient être déployées pour contenir les troubles sociaux déclenchés dans un contexte de vives tensions politiques. La dette publique, considérablement réduite grâce à son allègement en 2010 par les créanciers internationaux, reste viable. En dépit de la progression des exportations de produits miniers, le déficit courant demeurerait important en 2017. Le déficit élevé des balances des services et des revenus, au vu des rapatriements de profits des compagnies étrangères, maintiendrait le solde courant en territoire négatif. En revanche, l'excédent de la balance commerciale devrait s'amplifier grâce à l'augmentation de la production de cuivre, et, plus généralement, à la bonne tenue des exportations d'or et de cobalt. Le déficit courant devrait ainsi diminuer en 2017. Fiche pays RD Congo Taille 79,3 millions de consommateurs Monnaie franc congolais PIB/Hbt 470 dollars Croissance 3,9% (2016p.), 4,2% (2017p.) Région économique CEMAC/CEEAC Note Coface D Doing business 2017 184e/189 Incertitude politique La décision de la Cour suprême de reporter les élections présidentielles, initialement prévues en décembre 2016, à avril 2018 permet au président Joseph Kabila, après plusieurs tentatives infructueuses de rester en poste, de finalement maintenir sa mainmise sur le pouvoir. Les négociations avec l'opposition devraient permettre à Kabila de rester au pouvoir jusqu'à la prochaine élection qui aura lieu, au mieux, fin 2017. Après deux mandats consécutifs de cinq ans, cette décision signifie l'échec de la première transition politique du pays depuis l'entrée en vigueur de la Constitution en 2006. En imitant plusieurs leaders d'Afrique subsaharienne qui ont contourné les limitations constitutionnelles de fin de mandat, Joseph Kabila a alimenté la colère du public. La vague de protestations contre le président Kabila (débutée en 2014) est réprimée dans la violence, et les partisans de l'opposition sont écroués. Les tensions sont de plus en plus vives. L'incertitude politique, la corruption et les faibles performances en matière de gouvernance contribuent à un climat des affaires extrêmement dégradé (184e sur 190 pays dans le classement Doing Business 2017).