Le Fonds monétaire international affiche son optimisme quant à la solidité de l'économie marocaine, à l'issue d'une mission relative à la deuxième revue de l'accord au titre de la Ligne de précaution et de liquidité (LPL) en faveur du Maroc. Le FMI plaide pour l'accélération des réformes et estime que le Maroc est prêt pour la mise en œuvre la flexibilité du régime de change. Des discussions approfondies viennent d'être menées par l'équipe du FMI et de hauts responsables marocains, dont le chef de gouvernement, Saâd-Eddine El Othmani, concernant la deuxième revue de l'accord au titre de la ligne de précaution et de liquidité en faveur du Maroc ainsi que les réformes menées par le royaume. Les autorités marocaines considèrent toujours qu'il s'agit d'un accord de précaution. Le recours à ce mécanisme est-il justifié d'autant plus que les fondamentaux économiques du Maroc sont solides comme le précisent les experts du FMI ? Jusque-là, uniquement deux pays dans le monde (le Maroc et la Macédoine) ont conclu cet accord avec le FMI. Et le royaume est actuellement le seul pays à en bénéficier. Une situation qui interpelle sur l'utilité d'un tel mécanisme ainsi que son efficacité remise en cause par certains experts. Difficile de mesurer le bénéfice de la LPL, de l'avis de Nicolas Blancher, le chef de la mission de consultation du Fonds monétaire international qui a séjourné au Maroc du 29 juin au 10 juillet. Il explique le nombre limité des bénéficiaires de la ligne de précaution et de liquidité par la condition de la solidité économique : «Il n'y a pas beaucoup de pays qui ont des fondamentaux et politiques saines qui leur permettent d'accéder à cet instrument». Il estime que le recours à la LPL est toujours justifié : bien que l'économie marocaine soit résiliente, les risques extérieurs demeurent encore élevés (tensions géopolitiques, croissance dans les pays avancés partenaires du Maroc, prix du pétrole...). Le FMI appelle les autorités marocaines à poursuivre les réformes et à les accélérer. L'accent est mis sur plusieurs volets dont la nécessité d'améliorer le climat des affaires et la gouvernance pour permettre l'égalité des chances pour les PME qui se heurtent aux barrières de la concurrence. Pour atteindre cet objectif, le Conseil de la concurrence s'avère une institution fondamentale pour mettre en œuvre l'égalité des chances escomptées, de l'avis du chef de mission de consultation du FMI. À cela s'ajoute l'impératif de poursuivre les réformes visant à lutter contre la corruption, réduire le chômage des jeunes et des femmes, réduire les disparités régionales et sociales et réformer le système éducatif de manière à accroître les travailleurs. En outre, la mise en place du ciblage des populations reste un outil fondamental après les efforts effectués en matière de réforme de la Caisse de compensation. Sur le volet de la flexibilité du dirham, dont la mise en œuvre a été reportée sine die, le FMI estime que le Maroc est prêt pour appliquer cette mesure structurante en raison du rétablissement de ses équilibres macro-économiques au cours des cinq dernières années. L'assouplissement du régime de change permettra à l'économie marocaine de mieux absorber les chocs extérieurs et de rester compétitive à l'avenir, d'après le FMI. Les experts de cette institution balaient d'un revers de la main les craintes formulées de part et d'autre sur le risque de la flexibilité du régime de change à l'instar de ce qui s'est passé en Egypte. «Dans la plupart des pays, l'introduction de la flexibilité du change est faite sous la pression, car ils attendent trop longtemps, alors que Maroc est actuellement dans une position de force et a le luxe de prendre cette décision de manière volontaire», d'après Blancher. Cet expert se veut rassurant en soulignant que les tests effectués démontrent la résistance de l'économie marocaine à des chocs éventuels: «À ce stade, on ne voit pas un désalignement du dirham. Il n'y a pas de raison fondamentale pour que le dirham se déprécie», précise-t-il en indiquant que c'est aux autorités marocaines de juger du moment opportun de la mise en œuvre de cette décision. Perspectives favorables Le FMI salue les performances et les politiques macro-économiques du Maroc qui sont restées solides en dépit de la volatilité de la production agricole, de la faiblesse de la croissance chez les partenaires commerciaux et des risques extérieurs qui demeurent élevés. Le FMI note que les perspectives économiques pour 2017 sont favorables. La croissance devrait se situer à 4,8%, en raison de la bonne saison agricole. La croissance hors agriculture s'accélérerait de manière modeste à 3,3%, soit uniquement de 0,2 point. L'inflation devrait ralentir à 0,9% pour l'année. Le FMI pointe du doigt le chômage qui demeure élevé, en particulier chez les jeunes et les femmes. Le déficit des transactions extérieures courantes devrait se réduire à 4% du PIB en 2017 en raison de la croissance continue des exportations et en dépit d'une augmentation des importations énergétiques. Les réserves internationales brutes devraient avoisiner 24 milliards de dollars à la fin de 2017, soit environ 6 mois d'importation. Quant au déficit budgétaire, il devrait se réduire à 3,5% du PIB en 2017, grâce à l'augmentation des recettes et à la maîtrise des dépenses. L'équipe du FMI salue la volonté du Maroc de poursuivre les réformes budgétaires, notamment en vue de mettre en place un système fiscal plus équitable et plus juste, et de réduire la dette publique à moins de 60% du PIB d'ici 2021. «Ces efforts sont essentiels pour accroître les marges de manœuvre nécessaire afin de réduire la pauvreté et de promouvoir l'emploi au moyen de dépenses publiques, en particulier l'investissement et les programmes sociaux qui profitent aux couches les plus pauvres de la population et qui aident à réduire les inégalités».