Mohamed Boumesmar, Directeur du Centre régional d'investissement (CRI) Laâyoune-Boujdour-Sakia El Hamra a attiré ces dernières années des investissements colossaux. Ses atouts, son potentiel et la recette du Centre régional d'investissement (CRI) dans cet entretien avec son directeur Mohamed Boumesmar. Quels sont les secteurs à fort potentiel dans la région ? La région de Laâyoune-Sakia El Hamra jouit d'une diversité d'atouts économiques dans les secteurs de la pêche, des énergies renouvelables, de l'exploitation minière, du tourisme, de l'agriculture (élevage) qui offre de grandes opportunités d'investissements et un potentiel de développement important. Le secteur de la pêche vient au premier rang car c'est le pilier du développement socio-économique de la région, en témoignent les captures de la pêche côtière avec 383.789 tonnes de poissons débarqués au titre de l'année 2015 d'une valeur d'1,7 MMDH, notre région dispose du premier port sardinier et de la première halle aux poissons au niveau national et africain. Le deuxième secteur qui commence à drainer les investissements étrangers vers la région est celui des énergies renouvelables car notre région jouit d'un potentiel énergétique considérable, ce qui lui permettra d'être un hub des énergies renouvelables au niveau national et international. La région est leader dans la production d'énergie éolienne à travers la réalisation de trois projets lancés par L'ONEE (Branche électricité), le Holding Nareva et Italcementi. Ces projets ont permis la production actuellement d'une énergie électrique propre de 557,25MW dont le premier parc éolien d'Afrique avec 300 MW à Tah, en plus de 200 MW en cours de réalisation et 770 MW en cours d'étude. Autres projets de taille menés par MASEN dans la région, deuxième destination après Ouarzazate, la réalisation des stations solaires photovoltaïques de Nour Laâyoune (80MW) et Nour Boujdour (20MW). Le secteur des mines monte également en puissance au niveau de la région... Effectivement, la région est connue par ses richesses minières, en particulier les phosphates, le sel et le sable mais l'activité minière phare de la région est l'exploitation, à ciel ouvert, du phosphate par la société Phosboucraa avec une production globale de 2 à 2,8 MT/an, soit 9 à 10% de la production nationale et avec le lancement par sa majesté tout dernièrement du complexe industriel du traitement et du stockage des phosphates ; ce projet ouvrira de vraies perspectives d'investissement et du développement de notre région, particulièrement la création de 1.200 emplois. Le tourisme est un autre secteur qui offre des opportunités très importantes vu que la région dispose d'un ensemble d'atouts naturels associant le balnéaire et le désert qui lui garantissent d'être un pôle touristique par excellence en plus de sa situation géographique stratégique, très proche de l'archipel canarien, hinterland d'un espace économique mondial qui accueille plus de 13 millions de touristes chaque année. La région offre un produit touristique extrêmement riche et varié laissant aux touristes la possibilité de choisir entre le tourisme culturel, celui de l'aventure, de découvertes et le tourisme d'affaires. En plus de cela s'ajoutent d'autres secteurs de taille, entre autres les services et le BTP lié à l'évolution remarquable de l'urbanisation dans la région, notamment avec le lancement de plusieurs projets de lotissements, ce qui a poussé plusieurs producteurs du ciment à s'installer dans la région à l'instar de Ciments du Maroc, CIM Sud, Lafarge ciments Sahara et CEMOS Ciment. Le Plan de développement des provinces du sud, lancé en novembre 2015, a-t-il commencé à donner ses fruits en attirant des investissements ? La célébration du 40e anniversaire de la glorieuse marche verte en novembre 2015 a été marquée par la visite et le discours de SM le roi Mohammed VI que Dieu l'assiste à Laâyoune, ainsi que le lancement du nouveau modèle de développement économique des provinces du sud qui constituera la locomotive dans le processus d'épanouissement de ces provinces en termes de dynamique socio-économique engendrée par sa réalisation. Les fonds énormes de 77 MMDH créeront une immense opportunité aux entreprises, ainsi que le nombre important des entreprises adjudicataires de ces commandes publiques. En plus de son impact sur l'employabilité en tant que programme générateur de 120.000 emplois. Selon la réunion du comité du pilotage du 30 novembre 2016 à Rabat en charge du suivi du modèle de développement des provinces du sud ainsi que la réunion tenue le 8 mars 2017 à Laâyoune présidée par le ministre de l'Intérieur ; en présence du ministre délégué auprès du ministre de l'Intérieur, de la ministre déléguée chargée de l'Eau, du président du conseil économique, social et environnemental, du wali et des gouverneurs de la région, du président de la région, des présidents des collectivités territoriales et des représentants des secteurs, des instances, des établissements et des sociétés publiques concernés ; les résultats sont satisfaisants car les différents projets programmés sont sur la bonne voie conformément aux objectifs tracés, notamment le respect du planning de réalisation en termes d'achèvement des études, du lancement des appels d'offre et du démarrage des chantiers. Suite au lancement du nouveau modèle, notre région n'a pas cessé de recevoir des délégations et investisseurs de différentes nationalités : espagnole, française, saoudienne, chinoise, italienne, allemande, turque, thaïlandaise, anglaise, américaine, finlandaise, africaine et dernièrement on a reçu une délégation des ambassadeurs et chefs de missions diplomatiques représentant seize pays du 24 et 26 février 2017. Quelle est votre stratégie pour accompagner la dynamique enclenchée par le plan de développement des provinces du sud afin d'attirer les investissements vers la région ? Pour accompagner la dynamique enclenchée par le plan de développement des provinces du sud, on a essayé de renforcer notre stratégie de promotion de la région à tous les niveaux par la publicité dans les journaux financiers et dans les revues sectorielles, les relations publiques, les séminaires et missions d'investissement, le marketing direct, la distribution de plaquettes et des films institutionnels, la participation aux salons et foires, etc. Notre objectif est de construire une image de la région afin de la rendre attractive auprès des investisseurs. Ce travail s'effectue en coordination avec les différents acteurs locaux et nationaux. Le grand défi pour attirer les investissements demeure la qualité des infrastructures et équipements. Que peut «vendre» la région à ce niveau et quels sont les projets en cours de réalisation ? La région de Laâyoune-Sakia El Hamra a de quoi séduire et a de quoi vendre en termes de marketing territorial. C'est une terre attractive par ses richesses, son patrimoine, son foisonnement culturel, ses atouts économiques, la diversité de ses paysages et ses habitants entourés par la sollicitude de SM le roi Med VI que Dieu l'assiste. Les investisseurs cherchent à tirer profit des avantages très divers offerts par les différentes régions du monde, en s'implantant là où ils espèrent trouver les meilleurs ressources et avantages. Dans cette vision, les différents départements ministériels et les conseils élus se sont lancés depuis plusieurs années dans des politiques de renforcement des infrastructures et équipements en tant que facteurs d'attractivité afin qu'ils satisfassent au mieux les nouvelles exigences et attentes des citoyens ainsi que les investisseurs. Quid des infrastructures ? Notre région est dotée de toutes les infrastructures et équipements nécessaires : un aéroport international (Hassan 1er), quatre ports (Laâyoune, Boujdour et Tarfaya et un wharf de phosphate), zones industrielles et celles d'activités économiques qui nécessitent leur extension ou bien de nouvelles créations, des routes revêtues reliant toutes les provinces de la région et cette dernière avec le nord vers l'Europe et le sud du royaume avec l'Afrique, des réseaux de télécommunication de la dernière génération (Fixe, internet ADSL/3G/4G et fibre optique) avec l'existence des trois opérateurs connus au niveau du royaume. En plus, la région dispose d'hôtels, d'hôpitaux et toutes les banques y sont représentées ainsi que des services de toutes catégories, etc. Notre région connaît une dynamique urbaine remarquable grâce aux efforts déployés par tous les acteurs concernés, notamment les conseils élus. Elle est devenue un chantier ouvert, je cite à ce propos la 2e bibliothèque au niveau national, le centre de conférence et la place Oum Saâd, la gare routière et la mise à niveau du stade Cheikh Med Laghdaf à Laâyoune, la construction de nouveaux établissements scolaires, les travaux de voirie, l'aménagement des places publiques, des terrains de proximité, des salles omnisport, des maisons de jeunes et des foyers féminins dans toutes les villes de la région. Concrètement, que peut offrir la région aux investisseurs ? L'implantation dans la région de Laâyoune-Sakia El Hamra offre aux entreprises et aux investisseurs en plus de l'exonération fiscale une assiette foncière relevant en intégralité de la propriété privée de l'Etat qui la met à la disposition des opérateurs économiques à des prix symboliques et surtout si l'investissement est créateur d'emplois et de richesses, ainsi que plusieurs produits qui sont subventionnés par l'Etat permettant aux opérateurs de minimiser leur coût, notamment les carburants et les assurances auto. En ce qui concerne les ressources humaines qualifiées, la région dispose d'un nombre important de lauréats des universités, des écoles et instituts de différentes spécialités. À ce sujet, je vous signale que la région dispose actuellement de 21 établissements de formation professionnelle publics et privés, un établissement de BTS, des classes préparatoires pour ingénieurs, une école supérieure de technologie, une faculté de théologie et une université privée. En ce qui concerne les projets structurants du nouveau modèle de développement des provinces qui sont en cours, je cite à titre d'exemple le complexe industriel de Phosboucraâ ; la technopole de Foum El Oued ; quelques projets initiés par la CGEM liés aux secteurs de l'immobilier, du commerce et des services ; la voie expresse LaâyouneTiznit (un tronçon de Laâyoune vers Tarfaya) et deux stations d'énergie solaire dont les travaux débuteront incessamment. Comment comptez-vous améliorer le climat des affaires dans la région ? L'amélioration du climat des affaires ne dépend pas seulement des centres régionaux d'investissement, il concerne plusieurs acteurs, notamment la CNEA qui a pour mission de coordonner la stratégie de réforme du gouvernement en matière d'amélioration de l'environnement des affaires, mais à notre niveau régional, il s'agit de faire remonter des recommandations et de décliner la stratégie nationale en la matière. Je vous souligne que notre pays a déployé des efforts remarquables à ce niveau, ce qui lui a permis d'améliorer son classement dans le rapport Doing Business de la Banque mondiale, en passant de la 128e position en 2010 au 68e rang mondial en juin 2016, soit un gain de 60 places en 7 ans. De notre part ; en tant que Centre régional d'investissement à Laâyoune-Sakia El Hamra ; on est fortement impliqué dans la dynamique d'amélioration du climat des affaires, notamment la simplification des démarches de création d'entreprises avec un délai moyen qui ne dépasse pas deux jours, d'une part. D'autre part, on offre un accompagnement approprié aux investisseurs désireux de s'installer dans notre région particulièrement en matière d'orientation et de rapidité dans le cadre d'un vrai guichet unique qui regroupe tous les intervenants pour statuer sur les dossiers d'investissement dans des délais opportuns. Cependant, il reste encore des choses à améliorer : la réglementation de la fiscalité au niveau des régions du sud par des textes clairs, stimulant l'investissement ; constituer une réserve foncière capable d'abriter les projets d'investissement ; accélérer la couverture de la région en documents d'urbanisme ; finaliser les études d'aménagement des zones d'activités économiques et des zones industrielles ; activer les travaux de la commission de suivi de réalisation des projets d'investissement.