Tout en gardant le principe de présomption d'innocence intact, il faudrait considérer l'affaire du directeur général de l'Agence nationale de l'assurance maladie (ANAM) comme une belle entrée en matière du gouvernement El Othmani dans sa stratégie de lutte contre la prévarication. C'est un test grandeur nature, puisqu'il s'agit d'un cas qui réunit tous les ingrédients d'une affaire d'opinion publique. Un grand patron d'une institution publique, le premier vice-président d'une région, un ministrable pressenti au portefeuille de la Santé lors des tractations du cabinet El Othmani... tout plaide donc pour un intérêt particulier et des citoyens, et des médias. Le procès, qui devrait requérir les conditions d'une justice équitable sans vindicte populaire, est aussi une belle opportunité pour actionner la reddition des comptes et de mettre à plat les marchés de l'ANAM passés depuis quatre années sous son directeur général, mis en cause dans cette affaire. C'est aussi l'occasion pour El Othmani d'exploiter le rapport de la Cour des comptes et d'ordonner des procédures judiciaires pour les dossiers, ô combien nombreux, qui comportent des dysfonctionnements. Il faut aussi que la Cour de Jettou s'intéresse davantage au département de l'Equipement dont les marchés, qui portent sur des dizaines de milliards de dirhams, ne manquent pas d'opacité «intelligente». La nouvelle stratégie de lutte contre la corruption et la prévarication, c'est cela: l'audit sur le terrain, la présentation devant la justice et la reddition totale des comptes. Les commissions et les sous-commissions ont prouvé leurs échecs. Cependant, tout cela repose sur une justice indépendante, mais cela est une autre histoire.