Saâd-Eddine El Othmani, chef de gouvernement, a passé son premier oral sans éclats ni embûches. Une présentation, quelques échanges et puis s'en va. En revanche, ce que l'on retient, c'est que la prévarication est plus coriace qu'on le pensait. Selon le patron de l'Exécutif, ce n'est ni en cinq ans, ni en dix ans que l'on pourra en venir à bout. Soit ! C'est un aveu d'échec car, si pendant le mandat Benkirane, la corruption et la gabegie n'ont pas reculé, le phénomène n'a rien perdu de son aura. Cet amer constat pourrait être le même, au terme du mandat El Othmani, si le principe de reddition des comptes n'était pas fermement appliqué. C'est la clé de la lutte contre la prévarication, sans laquelle tous les slogans, promesses et stratégies ne seront que pures surenchère. Pourtant, la recette est simple. Il faut commencer par donner l'exemple sur les grands dossiers et sévir contre les prévaricateurs, et ce ne sont pas les dossiers qui manquent. Il faut qu'on dise au chef de gouvernement que les treize mille dossiers présentés à la justice ne sont que la partie visible de l'iceberg. Cette approche quantitative, qui cache le fond de la problématique, est approximative puisqu'un seul dossier pourrait dissuader la cavalerie des fraudeurs. Tenez, qu'a fait le gouvernement Benkirane suite aux milliards «évaporés» dans le projet de réforme de l'enseignement ? El Othmani pourrait commencer par ce dossier, à titre d'illustration, pour annoncer la couleur. C'est cela, la volonté politique, et cela ne nécessite ni cinq ans, ni dix ans!