La manière avec laquelle Benkirane a dénoncé la corruption et la prévarication dénote d'un grand malaise.Il n'est un secret pour personne que le Maroc perd plusieurs milliards de dirhams chaque année suite à l'évasion fiscale, à la corruption et à une gouvernance d'un autre âge. C'est pourquoi il est curieux de constater qu'en face du tollé provoqué par l'augmentation des prix du carburant, pour économiser 5 MMDH, il n' y a pas eu de réactions pour stopper cette gabegie qui plombe tout le pays. Pis encore, pour chaque action gouvernementale visant à mettre en oeuvre la notion que responsabilité équivaut à reddition de comptes, des voix s'élèvent pour crier plutôt au règlement de compte. Il faudrait faire table rase, avec effet rétroactif, des dossiers concernant des milliards de dirhams. Sur ce registre, l'opposition a bien des choses à se reprocher et le double langage est devenu monnaie courante sous la coupole et dans les colonnes de la presse. On dénonce l'économie de rente et on critique la publication des listes des rentiers du transport. On accuse le gouvernement d'être incapable de traduire l'âme de la Constitution en réalité et on crie au scandale au premier exercice de concrétisation de la notion que responsabilité équivaut à reddition des comptes ! Maintenant, la responsabilité du gouvernement n'est pas tout à fait exempte de critique. Une certaine lenteur, mixée à un brin d'hésitation, rend l'Exécutif vulnérable et facilement attaquable. Ce qu'a lancé un député de l'opposition, en live, à Benkirane quand il l'a sommé d'appliquer la stricte loi sans se soucier des «forces de l'obscurité», est tout à fait justifié. Continuer à évoquer des poches de résistance à toutes les occasions dessert le gouvernement et renvoie à une certaine impuissance.