La sortie médiatique de Karim Ghellab, membre influent du principal parti de l'opposition -en l'occurrence l'Istiqlal- et ancien ministre du Transport et de l'équipement, mérite d'être disséquée. Ce dernier crie haut et fort que «l'actuel gouvernement mène le pays vers la dérive: le pouvoir d'achat se détériore, le taux de chômage s'aggrave, la gabegie s'envole, l'endettement atteint des records...». Soit. C'est un discours qui se comprend, puisqu'il émane de l'opposition. Seulement, Ghellab est resté dix ans à la tête d'un «super ministère», avec son lot de dérapages, ne serait-ce qu'au niveau des passations des marchés publics. L'actuel Exécutif s'interdit d'ouvrir cette boîte de Pandore, de peur d'être accusé de vouloir influencer l'opinion publique, en cette période précédant les élections ! Un argument injustifiable dans un système que l'on veut démocratique et dans lequel l'un des piliers de la Constitution est la reddition des comptes. En d'autres termes, le gouvernement n'a pas le droit de dissimuler des dossiers de prévarication au risque de se voir taxer de complaisance. Ainsi, l'Exécutif doit exaucer les attentes de Ghellab et de son parti en dévoilant la gestion de l'équipement, du transport, de la santé, de l'habitat... au moins au cours des cinq dernières années, des dossiers sulfureux concernant lesquels le cabinet Benkirane n'a rien fait. Là, on ne peut qu'être en ligne avec Ghallab.