La dynamique économique demeure en deçà des potentialités de la région, qui est dominée par les services. Les secteurs productifs sont peu développés. L'industrie régionale ne parvient pas à se distinguer au niveau national, bien que Rabat-Salé-Kénitra soit la troisième région industrielle du pays. Les potentialités économiques de la région Rabat-Salé-Kénitra sont prometteuses. C'est en tout cas la conviction affichée par différents acteurs régionaux. L'ambition est de booster son attractivité, renforcer sa compétitivité industrielle et promouvoir le milieu rural en structurant les centres émergents pour qu'ils deviennent des locomotives de développement territorial. Parmi les objectifs fixés par le président de la région, Abdessamad Sekkal, figure l'amélioration de l'image des potentialités de la région en mettant en place un plan de marketing territorial et de communication (4e phase du PDR) à destination des investisseurs et différents acteurs. En dépit des critiques, les perspectives du développement économique de la région sont jugées encourageantes. Selon le diagnostic établi par l'étude relative à l'élaboration du programme régional de développement, Rabat-Salé-Kénitra est la région marocaine où la part du tertiaire est la plus élevée avec 64% de la valeur ajoutée régionale en 2013, et 48,9% des actifs contre 40,1% à l'échelle nationale. Cette situation s'explique par le statut de capitale de Rabat ainsi que la prépondérance des services, en particulier non-marchands, qui représentent 36% de la valeur ajoutée des activités tertiaires, alors qu'ils ne contribuent pas à la compétitivité. La présence des sièges de grandes entreprises telles que Maroc Telecom marque également le tertiaire régional. Le commerce Une infrastructure importante Le commerce contribue à hauteur de 12% au PIB tertiaire régional et emploie un nombre important de personnes, bien que les chiffres officiels ne soient pas disponibles. La région est dotée d'une infrastructure importante constituée de pôles commerciaux, centres commerciaux, marchés de gros, souks hebdomadaires, marchés municipaux... Quant au commerce moderne, il s'est développé de manière importante et continue à se consolider avec des projets importants en quantité et en qualité, mais sans pour autant porter atteinte au dynamisme du commerce traditionnel et de proximité. Le BTP Des contraintes structurelles La région a contribué à hauteur de 12,6% à la valeur ajoutée nationale du BTP sur la période 1998-2009. Elle a drainé 12,6% des ventes de ciment en 2012. Le secteur pourvoit environ 87.500 emplois dans la région en 2014, soit 8,7% de la population active régionale. Pour améliorer la performance du secteur, il est nécessaire, selon l'étude, de relever un certain nombre de défis, dont le manque de transparence du marché, qui accroît la vulnérabilité du secteur face aux déséquilibres de l'offre et de la demande et la faiblesse en matière d'investissement dans l'innovation. À cela s'ajoute la persistance de l'informel et d'entreprises sous-capitalisées, faiblement encadrées, avec des modes de gestion et d'organisation souvent archaïques. L'industrie régionale Des opportunités de développement Bien que la région Rabat-Salé-Kénitra soit la troisième région industrielle marocaine, elle ne parvient pas encore à rivaliser avec la puissance de l'industrie casablancaise. L'industrie de Rabat-Salé-Kénitra ne contribue qu'avec 8% à la valeur ajoutée industrielle nationale, 7,1% à l'export, 5,3% à l'investissement et 10% à l'emploi, alors que Casablanca-Settat concentre 60% de la valeur industrielle nationale. La région connaît de fortes disparités entre le littoral et l'arrière-pays en matière d'activités industrielles, qui sont concentrées autour de l'axe Skhirat-Témara-Rabat-Salé-Kénitra. En termes de valeur ajoutée, l'industrie chimique est portée à 56% par la préfecture de Rabat et 33% par celle de Skhirat-Témara, l'industrie textile à 87% par Rabat, Salé et Témara (60% sur la préfecture de Salé), l'électrique et l'électronique à 75% par la préfecture de Kénitra, l'industrie agroalimentaire à 78% par les préfectures de Salé et de Kénitra (45% à Salé). Malgré les efforts déployés, le constat est sans appel: l'industrie régionale peine à se distinguer au niveau national. L'objectif est de promouvoir le secteur qui offre des opportunités de développement: la filière automobile émergente à soutenir pour assurer son changement d'échelle et faire face à la concurrence nationale et internationale (l'arrivée de PSA à Kénitra, annoncée en 2015, avec un lancement de la production en 2019, constitue une formidable opportunité pour l'ensemble de la région), une filière textile régionale en souffrance à intégrer dans la dynamique du Plan Textile 2025 ainsi qu'une offre d'accueil industriel variable à rationaliser et à mettre en cohérence. Le Port Atlantique de Kénitra constitue un facteur de compétitivité dont devrait bénéficier l'industrie régionale. En ce qui concerne l'industrie automobile, les défis portent sur la diversification, la formation et le renforcement de l'attractivité, surtout que la concurrence internationale est on ne peut plus rude. Quant à la filière textile, qui est portée à 80% par l'axe Rabat-Salé-Témara (dont 60% sur la province Skhirat-Témara), elle a connu, dès 2009, de très grandes difficultés et fermetures d'entreprises (une baisse de 24% de l'emploi entre 2009 et 2013). Plusieurs mesures sont à mettre en place pour redynamiser cette filière à travers notamment l'accompagnement des entreprises régionales en vue de leur intégration dans le Plan Textile 2025. Par ailleurs, l'industrie chimie-parachimie représente 48% de la valeur ajoutée industrielle régionale et plus de 40% du chiffre d'affaires. Elle couvre des activités diverses relevant de filières différentes: produits pharmaceutiques, cimenterie, briqueterie, industrie du caoutchouc et des plastiques, industrie chimique, fabrication de meubles, industrie du papier et carton, etc. Ces industries sont essentiellement localisées à Rabat et Skhirat-Témara, avec respectivement 56% et 33% de la production. Offre d'accueil industriel La rationalisation s'impose L'offre d'accueil industriel est concentrée sur l'axe Témara-Rabat-Salé, exception faite de l'Atlantic Free Zone et de Aïn Johra. Elle présente des qualités variables selon les différents sites. Trois sites majeurs sont d'intérêt régional. Le premier est l'Atlantic Free Zone qui est une zone franche dédiée aux entreprises exportatrices et zone libre. Le deuxième n'est autre que le fameux Technopolis (activités de nearshoring exportatrices: Business Process Outsourcing, Information Technology Outsourcing, Knowledge Process Outsourcing). Le Parc Aïn Johra est le troisième site d'intérêt régional (30ha/200 en cours de commercialisation). Par ailleurs, un projet d'agropôle structurant pour l'agro-industrie régionale est dans le pipe ainsi que des projets de réalisation de zones industrielles. Un programme de réhabilitation des zones industrielles est en cours: ZI Tabriquet et Takadoum, mais aussi l'extension de la pépinière de Bab Lamrissa Salé (en cours d'étude). On note une concurrence entre les sites au sein de la région, en l'absence d'une gestion coordonnée de la mise sur le marché et d'une hiérarchisation des vocations (positionnement par filière et vocation nationale et internationale/ régionale/ locale). Aussi est-il nécessaire de mettre en cohérence l'offre en termes de vocation et de coordonner la mise sur le marché du foncier industriel. L'agriculture La croissance limitée La région a une forte vocation agricole marquée par une agriculture moderne et performante d'une part, traditionnelle et de subsistance d'autre part. Avec 10,5 MMDH, Rabat-Salé-Kénitra génère 10,6% de la valeur agricole nationale. L'agriculture régionale affiche des taux de productivité bas en comparaison avec d'autres régions à cause de l'impact des inondations, mais aussi des difficultés d'accès et de travail au niveau des exploitations liées à la stagnation des eaux suite aux précipitations. La région peine à attirer et pérenniser les investissements dans la transformation agroalimentaire. En décalage avec sa forte vocation agricole, la région ne réalise que 3,6% de la valeur ajoutée agro-industrielle nationale (2013) à cause, entre autres, du manque de visibilité des investisseurs sur la disponibilité en qualité et quantité des matières premières qui fluctuent sous l'effet des aléas climatiques et de l'inadéquation du système de drainage. Tourisme régional Peut mieux faire Le tourisme occupe une faible part dans l'économie de la région Rabat-Salé-Kénitra. La promotion du secteur passe par la mise en œuvre d'une stratégie régionale avec un positionnement lui permettant de se différencier des autres destinations concurrentes. Jusque-là, les résultats sont en deçà des aspirations. La région a enregistré près de 640.000 nuitées touristiques en 2014, soit 3% des nuitées nationales, et abrite 3% de la capacité litière nationale. Au sein de la région, la ville de Rabat joue le rôle de locomotive en accueillant près de 80% des touristes régionaux et 72% de la capacité litière. La région connaît une forte activité touristique balnéaire non structurée (informelle). L'infrastructure régionale engobe environ 85 restaurants classés, plus de 80 agences de voyages, le centre de conférence Mohammed V (1390 places) et un ensemble d'équipements culturels et de loisirs existants et en projet: musées, théâtres, marina du Bouregreg, port de Mehdia. Ces infrastructures accueillent diverses activités (golf, sports équestres, surf, jet-ski, canoë, deltaplane, parapente, aviation légère, chasse et pêche, remise en forme...). Le potentiel touristique très riche reste à développer sur différents volets, dont l'écotourisme. L'étude menée met l'accent sur la nécessité de faire aboutir rapidement la réflexion entamée pour finaliser le contrat-programme touristique régional et mettre en cohérence les différents projets. L'artisanat Une offre diversifiée La région compte quelque 47.318 artisans, plus de 30 PME spécialisées dans la tapisserie, le mobilier et la décoration d'intérieur, 1.200 unités de commercialisation et de nombreuses coopératives et associations. L'artisanat régional se caractérise par une offre riche et diversifiée avec une pluralité de métiers et des filières d'excellence. L'offre est essentiellement urbaine autour de trois pôles: Rabat, Salé et Kenitra. L'artisanat régional est exportateur et opère à travers les centres d'exportation de Rabat et de Kénitra, représentant 32,4 MDH exportés à fin 2015, avec le tapis comme produit phare (29,4 MDH en 2015), soit 41,3% des exportations nationales de tapis. Economie rurale De grands défis à relever Au vu de l'ampleur des disparités sociales et spatiales, une grande responsabilité incombe à la région pour répondre aux attentes exprimées par le milieu rural qui souffre de plusieurs contraintes comme l'enclavement, la pauvreté, la faible éducation... La promotion de l'emploi dans les zones rurales s'impose. Cet objectif ne pourra pas être atteint en absence de secteurs productifs forts et en particulier d'une industrie développée. L'enjeu de la diversification se pose (tourisme, transformation, commerce, services (équipement agricole, approvisionnement en intrants ...). Soutien aux entreprises Un enjeu décisif La part de création des entreprises de la région sur le plan national est passée de 13 à 16% entre 2005 et 2015. Ainsi, Rabat-Salé-Kénitra renforce son entrepreneuriat par rapport aux autres régions marocaines. 60% des entreprises créées en 2015 opèrent dans le secteur tertiaire (commerce, services divers, transports,...). Globalement, 48,6% des entreprises de la région ont entre 2 et 10 ans.