C'est à l'aune du découpage régional proposé par la Commission Consultative de la Régionalisation, que le ministère de l'Economie et des Finances (Direction des Etudes et des Prévisions Financières) a entrepris une importante étude dans laquelle elle a analysé les valeurs ajoutées sectorielles par région et examiné les dynamiques sectorielles régionales porteuses de vocations et déspécialisations locales. Nous avons présenté dans notre édition de mercredi dernier la première partie de cette étude où ont été présenté les groupes de régions dégagées à partir de leur contribution à la richesse nationale, ainsi que la configuration sectorielles des valeurs ajoutées par secteur. Nous présentons, dans cette deuxième et dernière partie, la valeur ajoutée régionalisée des secteurs secondaire et tertiaire. Le secteur secondaire a réalisé une moyenne de 28,2% de la valeur ajoutée globale sur la période 1998-2009, constituée majoritairement par les industries de transformation avec une contribution moyenne de 16,2% de la valeur ajoutée totale. Ce secteur a réalisé une croissance annuelle moyenne aussi importante que celle du PIB durant la période 1998-2009, soit 6,4%. L'analyse par région a fait ressortir que la région de Casablanca Settat a réalisé la part moyenne la plus importante de la valeur ajoutée secondaire nationale durant la période 1998-2009 en contribuant à hauteur de 42,9%. Plus loin, se trouve en second rang la région de Rabat Salé Kenitra avec 10,6% suivie par les régions de Marrakech Safi (10,3%), de Tanger Tétouan (8,7%) et de Beni Mellal Khénifra (7,7%). La croissance soutenue de la valeur ajoutée secondaire au niveau national a imprégné son évolution au niveau régional. Les régions les plus dynamiques sont celles de Ed Dakhla Oued ed Dahab, de Laâyoune Saguia al Hamra, de l'Oriental Rif, de Tanger Tétouan et de Drâa Tafilalet avec des taux de croissance annuels moyens respectifs de 13,6%, 10,9%, 9,3%, 9% et de 8,3%. Quant à la région de Rabat Salé Kenitra, elle a enregistré un taux plus bas que le niveau national (3,8% contre 6,4%) suite au recul des activités de l'industrie, notamment, le raffinage de pétrole avec la fermeture de la raffinerie de Sidi Kacem en 2009. Par ailleurs, la valeur ajoutée « exceptionnelle » réalisée par les phosphates en 2008 s'est reflétée sur l'évolution de la valeur ajoutée secondaire des régions disposant d'un site d'extraction, enregistrant un pic en cette année (Béni Mellal Khénifra, Marrakech Safi et Laâyoune Saguia el Hamra). La proposition du nouveau découpage en 12 régions, a révélé une grande dispersion de la valeur ajoutée des activités du secteur secondaire. En effet, le coefficient de variation de la VA du secteur illustre une hausse de cet indicateur de 17 points, passant de 120,4% pour le découpage actuel à 137,5% pour le découpage en 12 régions durant la période 1998- 2009. Cette augmentation de l'hétérogénéité interrégionale, trouve son origine dans la logique du découpage proposé, à travers lequel on a cherché à créer des pôles à très fortes densités humaines et dotés d'armatures urbaines hiérarchisées, de grands ports et des métropoles régionales. Valeur ajoutée régionalisée de l'industrie d'extraction La région de Béni Mellal Khénifra a réalisé la part moyenne la plus importante de la valeur ajoutée de l'industrie extractive durant la période 1998-2009 en contribuant à hauteur de 57% à la constitution de la valeur ajoutée nationale du secteur. La région de Marrakech Safi vient en second rang avec une part de 26,4% suivie de loin par les régions de Laâyoune Saguia el Hamra et de Drâa Tafilalet avec respectivement 8,2% et 6%. Cette situation revient en grande partie à la production des phosphates et dérivés qui prospère dans ces régions. Ainsi, durant la période 1998-2009, les sites de Khouribga, de Benguerir et Youssoufia et de Boucraâ ont procuré respectivement 66,5%, 14,2% et 9,3% de la production nationale des phosphates aux régions de Béni Mellal Khénifra, Marrakech Safi et Laâyoune Saguia el Hamra. Avec la flambée des prix des phosphates et la demande croissante des produits dérivés en 2008, l'industrie extractive a réalisé une valeur ajoutée exceptionnelle pendant cette année, notamment, dans les régions où cette branche dépend largement du phosphate. Valeur ajoutée régionalisée de l'industrie de transformation La région de Casablanca-Settat a réalisé la part moyenne la plus importante de la valeur ajoutée de l'industrie de transformation4 durant la période 1998-2009, en contribuant à hauteur de 61,2% dans la valeur ajoutée nationale du secteur. Cette position confirme le statut de cette région en tant que première place industrielle du Royaume. Cependant, la croissance annuelle moyenne du secteur dans cette région reste égale à celle de la moyenne nationale (5,3%) ce qui traduit les signes avant coureur d'un essoufflement de son appareil productif et également de la mutation de ce système vers les activités tertiaires. La région de Casablanca Settat est suivie par les régions de Tanger Tétouan et de Rabat Salé Kénitra avec une part dans la valeur ajoutée industrielle de 9% chacune. Ce constat confirme, d'un côté, l'émergence de la région de Tanger Tétouan en tant que nouveau pôle économique national articulé autour du port Tanger-Med qui entraîne dans le sillage de son expansion la dynamisation de cette région et traduit d'un autre côté les fruits d'une réorientation de la région de Rabat Salé Kénitra vers un pôle industriel dédié aux secteurs industriels exportateurs et à forte valeur ajoutée, à travers le développement des industries des technologies pointues comme la microélectronique et la nanotechnologie et des industries de transformation : le textile, l'agro-alimentaire, l'électronique et la mécanique. En effet, la valeur ajoutée industrielle de ces deux régions provient principalement des industries destinées à l'export. Elle est constituée, pour la région de Tanger Tétouan, à hauteur de 24,8% par les industries d'habillement et fourrure (respectivement 21,5% pour la région de Rabat Salé Kénitra), à 19,7% des industries alimentaires (17,6% pour la région de Rabat Salé Kénitra) et à 18,8% des industries de fabrication de machines et appareils électriques (19,4% pour la région de Rabat Salé Kénitra). Valeur ajoutée régionalisée du bâtiment et travaux publics La région de Casablanca Settat enregistre une part moyenne de 21,8% de la valeur ajoutée nationale du BTP durant la période 1998-2009. La région de Marrakech Safi vient en second lieu avec une contribution moyenne de 13,8% suivie des régions de Rabat Salé Kénitra (12,6%) et de Tanger Tétouan (11,7%). En termes de croissance, la région de Marrakech Safi, qui connaît une demande croissante en logements de tout type, notamment la demande étrangère et le développement d'infrastructures touristiques, a vu sa valeur ajoutée du secteur BTP s'accroître à un rythme annuel moyen de 15,5%. La région de Tanger Tétouan a profité de l'expansion de ces infrastructures pour se positionner au second rang avec un taux de 14,9% suivie des régions de Dakhla Oued ed Dahab, Laâyoune Saguia al Hamra et de l'Oriental-Rif avec respectivement 14,1%, 13,3% et 11,1%. Valeur ajoutée régionalisée du secteur tertiaire Le secteur tertiaire a réalisé une moyenne de 57,8% de la valeur ajoutée globale, sur la période 1998-2009, composée essentiellement des services rendus aux entreprises et services personnels ainsi que du commerce avec des contributions moyennes respectives de 13,6% et 12,3% de la valeur ajoutée totale. Ce secteur a réalisé une croissance plus soutenue que celle du PIB durant la même période (6,7%). La part moyenne la plus importante de la valeur ajoutée tertiaire durant la période 1998-2009, revient à la région de Casablanca qui a contribué à hauteur de 21,4% à la valeur ajoutée tertiaire nationale suivie par la région de Rabat Salé Kenitra (18,2%), la région de Marrakech Safi (12,1%) et la région de Fès Mekhnès (11,4%). La croissance soutenue de la valeur ajoutée tertiaire au niveau national a été maintenue au niveau régional. Les régions les plus dynamiques sont celles de Ed Dakhla Oued ed Dahab, de Laâyoune Saguia al Hamra et de Marrakech Safi avec des taux de croissance annuels moyens respectifs de 8,2%, 7,9% et 7,8%. L'hétérogénéité interrégionale de la valeur ajoutée des activités du secteur tertiaire, s'est renforcée avec le découpage en 12 régions. La proposition de quatre méga-régions constituées de Casablanca Settat à forte activité en services marchands et financiers, de Sous Massa et Marrakech Safi leaders des activités touristiques, et de Rabat Salé Kénitra dont lesactivités de services non marchands et touristiques sont prépondérantes, a contribué fortement à l'augmentation de la dispersion de cet agrégat. La dispersion mesurée par le coefficient de variation est passée de 58% avec le découpage à 16 régions à 80,7% pour un découpage à 12 régions.