La Sierra Leone essaie de se remettre progressivement de l'impact d'Ebola. Après avoir chuté à -21% en 2015 sous l'effet de l'épidémie meurtrière, la croissance de cette économie ouest-africaine poursuit son redressement entamé en 2016. La Sierra Leone tourne la page Ebola. Cette économie membre de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) a réussi, dès 2016, à rebondir, avec un taux de croissance de 4,3%, faisant ainsi oublier la chute abyssale de -21,1% accusée un an plus tôt sous l'effet Ebola, qui y avait fait 3.600 morts. En 2017, la dynamique de redressement devrait se poursuivre avec une progression du PIB prévue à 5%. Malgré la chute des cours du minerai de fer en 2014/2015 (50% des exportations) qui avait coïncidé avec la période de prévalence d'Ebola, «l'économie poursuivrait son accélération graduelle en 2017 avec une reprise progressive de la production du minerai de fer et des investissements, notamment dans les infrastructures», estime Coface. Mines et agriculture Stimulé en 2016 par la reprise des opérations dans la mine de Tonkolili, le secteur du fer devrait profiter en 2017 du lancement de la production par la compagnie China Kingho Energy Group, qui avait signé un mémorandum d'accord avec le gouvernement pour 6 milliards de dollars d'investissement dans des projets d'infrastructures et miniers. La hausse de la production de fer resterait néanmoins limitée en 2017, avec une remontée lente des cours du minerai de fer et un environnement des affaires global qui freinerait l'investissement. Outre le secteur minier, les projets d'infrastructures tireraient la croissance en 2017. De nouveaux investissements dans l'agriculture devraient également relancer un secteur durement touché pendant l'épidémie. Freins D'autre part, le secteur du tourisme, en pleine expansion jusqu'à la flambée des maladies causées par le virus Ebola (le nombre d'arrivées de touristes internationaux avait été multiplié par 2,5 entre 2007 et 2013), freiné par le risque politique, les stigmates de l'épidémie et le retrait des organisations d'aides internationales, ne devraient pas rebondir substantiellement. De plus, le risque de résurgence de l'épidémie d'Ebola et politique ainsi que le chômage dissuaderont certains investisseurs. Enfin, les mesures d'austérité budgétaire, la pauvreté et le chômage élevés ne permettront pas de stimuler la demande interne. L'inflation a légèrement augmenté en 2016, alimentée par la hausse des prix de l'alimentation qui fait suite à une dépréciation du Leone face aux principales devises (-26% face au dollar entre janvier et novembre 2016). La reprise progressive de l'économie devrait néanmoins permettre d'atténuer les pressions à la baisse sur le Leone. En revanche, la suppression des subventions pétrolières devraient faire grimper les prix, conduisant au final à une baisse limitée de l'inflation. Finances publiques Le déficit budgétaire devrait se réduire en 2017 grâce à des mesures d'austérité. Le président a ainsi annoncé un ambitieux plan de coupes budgétaires qui s'élèveraient à 69 millions de dollars entre octobre 2016 et avril 2017. Les efforts de collection d'impôt notamment sur la taxe à 15% sur les biens et services devraient se traduire par une augmentation modérée des recettes en 2017. Les efforts concernant les dépenses ont commencé en novembre 2016 avec la suppression des subventions pétrolières qui garantissaient aux Sierra-Léonais les prix les plus bas de la sous-région. Le gouvernement devrait poursuivre dans les prochains mois en réduisant les coûts des opérations gouvernementales : interdiction des achats de fournitures de bureau et de voitures ou encore suppression des heures supplémentaires rémunérées. Si ces mesures satisferont certainement les investisseurs et les institutions de Bretton Woods, telles que le FMI, elles devraient peser sur les plus démunis. Enfin, après avoir rapidement augmenté ces dernières années, le poids de la dette publique devrait s'alléger légèrement mais resterait à un niveau élevé. Fiche pays Sierra Leone Taille 6,3 millions de consommateurs Monnaie Leone PIB/Hbt 696 dollars Croissance 5% (2017p.) Région économique CEDEAO Note Coface D Doing business 2017 148e/189 Stabilité politique fragile à l'approche des présidentielles À l'approche de l'élection présidentielle de 2018, le président Ernest Bai Konoma, du parti All People's Congress (APC), pourrait être tenté d'obtenir un troisième mandat en dépit de l'interdiction constitutionnelle d'en servir plus de deux. La rhétorique de l'APC et des soutiens du président indiquent en effet qu'une telle possibilité n'est pas à exclure. À l'image d'autres pays d'Afrique subsaharienne ayant subi pareille tentatives, des oppositions violentes pourraient éclater si le président Konoma venait à tenter de garder la mainmise sur le pouvoir. Après l'épidémie d'Ebola, le gouvernement fait, de plus, face à des tensions sociales croissantes en raison de la hausse de la pauvreté, du chômage et du manque d'infrastructures qui a limité la possibilité d'une réponse adaptée de la part du gouvernement pour endiguer la propagation du virus. Les allégations récurrentes de corruption impliquant le gouvernement dans un contexte d'austérité budgétaire, susceptible de toucher les foyers les plus pauvres, pourraient alimenter les tensions. Le risque d'instabilité sociale et politique à court terme se répercute sur l'environnement des affaires déjà difficile.