Le centriste leader du mouvement «En marche» a battu son adversaire d'extrême droite. Les challenges sont nombreux et pour les Français, et pour les pays partenaires. Le Maroc est aux premières loges. Décryptage... Il l'a fait! Emmanuel Macron a finalement réussi à barrer la route à son adversaire du Front national, avec un écart bien prononcé. Le politicien connu depuis peu a ratissé large avec 65,5 à 66,1% des voix, selon les premières estimations à l'heure où nous mettions sous presse, contre 33,9 à 34,5% des votes pour Marine Le Pen, devenant ainsi le plus jeune chef de l'Etat français depuis Napoléon, mais surtout le plus jeune chef d'Etat du monde. Hier, la France paraissait soulagée de voir passer un Macron certes sans grande expérience politique derrière lui, mais fédérateur car déployant un discours décomplexé sur de nombreux sujets. Un résultat «magnifique», tel que l'a commenté l'un des grands soutiens de Macron, François Bayrou, quelques minutes seulement après l'annonce des résultats. Rour Ségolène Royal, cela est révélateur d'un «changement de génération». Du côté de Nicolas Dupont-Aignant, dont le parti «Debout la France» a rejoint le camp de Marine Le Pen quelques jours avant les élections, «le président est jeune, mais la politique qu'il mènera est très vieille». Pour Marine Le Pen, qui est apparue crispée devant les partisans du Front national après l'annonce des résultats, ce second tour incarne le débat «des patriotes contre les mondialistes». C'est pourquoi, l'adversaire de Macron a-t-elle entériné la décision de lancer le chantier du renouvellement du parti. Le Front national disparaîtra donc pour laisser la place à un nouveau mouvement politique mené par Le Pen. Il faut dire que la candidate anti-immigration et anti-euro de 48 ans vient de réaliser une performance historique pour l'extrême -droite française, avec un scrutin marqué par une forte abstention (entre 25,3 et 27%), selon les estimations des instituts de sondages Ifop et Harris Interactive. Le président du renouveau Europe-Afrique Tout porte à croire que le nouveau président français demeurera un chef d'Etat prônant la continuité dans les rapports avec les pays du sud de la Méditerranée, plus particulièrement le Maroc. D'abord, en raison de son soutien au libéralisme économique et plus particulièrement au libre-échange, mais aussi, en raison de ses ambitions pour le continent africain. Le jeune président français veut écrire une nouvelle page des relations franco-africaines. Ses déclarations concernant l'historique de la colonisation en Afrique ont d'ailleurs fait couler beaucoup d'encre. Emmanuel Macron plaide pour un partenariat renouvelé avec l'Afrique qui passe par l'Europe. Une aubaine pour le Maroc dont la diplomatie a opéré un virage vers l'Afrique depuis déjà quelques années. Une sortie de l'Union européenne étant écartée, la base juridique des rapports économiques et commerciaux de la France avec le royaume demeureront donc les mêmes. Parallèlement, le repositionnement stratégique du royaume au sein de l'Union africaine lui donne donc de vraies chances de jouer un rôle primordial dans cette réconciliation. Emmanuel Macron plaide d'ailleurs pour la mise en place d'un partenariat stratégique entre l'Union européenne et l'Union africaine. Macron a d'ailleurs déclaré récemment à Jeune Afrique que le Maroc, l'Algérie et la Tunisie «seront des partenaires essentiels dans le cadre de l'initiative en direction de la Méditerranée et de l'Afrique que je souhaite engager dès le début de mon mandat». Il a en outre déclaré que l'un de ses premiers déplacements officiels pourrait être le Maroc. Les priorités du nouveau président en Afrique sont claires : la sécurité, la lutte contre le terrorisme mais aussi la lutte contre le changement climatique, les droits des femmes, l'éducation et la formation, les infrastructures et le secteur privé. Le président de la République française compte toutefois prendre en considération les réalités de plus en plus compliquées des relations Nord-Sud avec notamment la question de la migration au cœur de sa stratégie. Dans ce sens, le président français entend nouer des accords avec les pays de départ et de transit des migrants. Un partenariat fondé sur une aide au développement, l'installation de points de contrôle dans ces pays avant l'arrivée dans l'UE, l'aide à la lutte contre les passeurs et le retour des migrants non autorisés à entrer dans l'UE. Le respect de ces engagements sera vérifié lors d'une conférence annuelle et conditionnera le niveau de l'aide au développement. Concernant les migrations dites «économiques», sans aller jusqu'à établir des quotas par métiers, le président français entend mieux définir les besoins en fonction du marché du travail français et européen. Il rejette en outre la déchéance de nationalité des binationaux nés français. En matière de politique étrangère, Emmanuel Macron entend continuer à soutenir le projet de l'élargissement du Conseil de sécurité de l'ONU et l'encadrement du droit de veto. Pour lui, l'Allemagne, le Japon, l'Inde, le Brésil et un pays africain ont vocation à accéder à ce statut, avec les droits et les devoirs qu'il comporte.