À la différence des banques conventionnelles, les banques participatives n'auront pas besoin d'une transformation digitale mais elles intégreront cette composante dès leur création, capitalisant sur l'expérience de leurs consœurs. Si ailleurs dans le monde, la digitalisation des banques est à son paroxysme avec des banques à 100% en ligne, l'expérience au Maroc en est encore à ses balbutiements. CIH en a été le pionnier avec un service offrant quasiment l'ensemble des services bancaires en ligne, mais il fallait se rendre en agence pour ouvrir son compte. Attijariwafa bank fait mieux avec l'offre Banka Lik, qui se présente comme une banque en ligne, vu que l'ouverture de compte se fait à distance. Les autres banques offrent, elles aussi, des services de gestion de comptes à distance et enrichissent, au fur et à mesure, la palette des services modulables. En effet, selon les professionnels, le modèle actuel de distribution, fondé sur le maillage territorial par un réseau d'agences offrant un panel complet de services bancaires, n'est plus viable, pour des raisons de coûts, mais aussi parce qu'il ne répond plus, de manière satisfaisante, aux attentes des clients. Pour Abdellah Deguig, consultant et expert en transformation digitale, la satisfaction des clients passe par la compréhension de leurs besoins, aussi multiples soient-ils, car «il y a des utilisateurs, des usages et des demandes et non pas une seule demande et une manière de l'adresser». Quant à René Tano, cash management BICICI Group BNP Paris-Bas, il souligne que «la transformation digitale ne pourra se faire sans cohérence du système d'information, sans la qualité des données, ni sans sécurité». La banque participative est plus avantagée Alors que les banques établies sont toujours en plein processus de transformation digitale, les banques participatives ont une chance d'intégrer le digital dès l'entame de leur lancement. Il est donc question de capitaliser sur l'expérience de transformation des banques établies et d'embrasser ce qui marche le mieux, c'est ce qu'ont expliqué les intervenants au panel sur la banque digitale, lors de la 5e édition du Forum du paiement électronique en Afrique, tenu à Casablanca les 22 et 23 mars. «Une banque qui vient de naître peut se permettre d'apporter des innovations qui peuvent paraître irrationnelles pour les banques déjà établies», explique Mehdi Bouzoubaa, directeur commercial à S2M, tout en faisant allusion à l'innovation de CFG Bank qui produit les cartes bancaires de ses clients à l'enceinte même de ses agences. Un modèle qui serait difficile à dupliquer dans les autres banques. Un point partagé par Mohamed Maarouf, directeur général de la banque participative créée par BMCE BOA et Al Baraka Banking Group, qui souligne que «pour les banques participatives, il ne sera pas question de transformation digitale mais d'intégration dès la création de la composante digitale». De plus, ces banques, étant de petite taille, elles ont l'avantage d'une meilleure souplesse et intégration du changement. Elles ont aussi la chance d'acquérir des Core Banking Solution (CBS) de nouvelle génération intégrant déjà (pour la plupart) le digital. L'autre avantage est la faible capillarité des nouvelles banques. Par ailleurs, les processus qui sont plus long que pour les banques conventionnelles favorisent la digitalisation des process. L'humain est essentiel De plus, le digital est un excellent levier pour les besoins de la communication éducative bien que les offres nouvelles nécessitent plus de démarches didactiques en face-à-face. En outre, si les clients potentiels ne connaissent pas bien les nouvelles banques participatives, ils ont les mêmes exigences de clients de banques en pleine mutation. D'où le choix de la filiale de la BMCE BOA d'adopter la digitalisation par pallier en mettant à disposition, au premier abord, les mêmes services digitaux de base offerts par les banques conventionnelles. Pour le directeur général, «les prochaines 15 années seraient plus dramatiques que les 60 précédentes», en matière de transformation et de mutation digitale. Toutefois, pour le cas des banques participatives, comme l'attente de leur émergence fut très longue (30 à 40 ans), il n'est pas possible de remplacer le physique par le digital d'autant plus qu'un effort de vulgarisation et d'explication est plus que nécessaire, explique-t-il. Pour ce professionnel, «les banques participatives doivent avoir le temps de construire une légitimité éthique à travers le contact humain».