Le gros du travail de la diplomatie marocaine devrait se passer dans les commissions. Une étape à franchir à partir de 2021, mais qu'il va falloir préparer dès aujourd'hui. Au sein de l'Union africaine, on les appelle les «big four». Il s'agit de l'Algérie, l'Egypte, le Nigéria et l'Afrique du Sud. Et si le Maroc souhaite rattraper les années de son absence de l'Union, mais surtout contrecarrer les manoeuvres de ses adversaires et faire entendre sa voix, il devra à tout prix intégrer ce cercle. Un préalable s'impose cependant: Comment franchir les commissions où l'essentiel des décisions est pris ? Il faut savoir que le quartette en question s'est fondé sur un gentlemen agreement, selon lequel le poste de président de la Commission de l'Union africaine n'est convoité par aucun de ces quatre. Pourquoi Nkosazana Dlamini-Zuma occupait-elle alors le poste de présidente de cette commission? Il faut savoir qu'il s'agissait d'une exception consentie en lien avec des raisons de politique interne à son pays. Au sein de l'Union, Algérie, Egypte, Nigéria et Afrique du Sud contrôlent, par un jeu d'inter-influence, les rouages de cette institution et tiennent les commandes du président de la commission, voire même le président de l'Union quelques fois. D'ailleurs, l'origine des commissaires peut aisément servir de baromètre des jeux de force qui prévalent au sein de l'institution. Trouble-fêtes C'est dire que le Maroc doit rester bien vigilant. Le virage des quatre années qui nous séparent encore des prochaines élections doit être bien négocié. D'abord, plusieurs mois seront nécessaires avant de pouvoir bien assimiler les rouages et les jeux d'influence de la Commission de l'UA et surtout celles des commissions qui y sont rattachées. Il faudra ensuite placer «les bons hommes» directement ou indirectement pour être capables de relever le défi d'être candidats en 2021. Pour ce faire, il y a lieu de les doter de moyens financiers et de ressources humaines de très haute facture. En ce sens que nos amis du continent arrivent à présenter des profils pointus en formation et en expérience, dont des ministres des Affaires étrangères, et même des chefs de gouvernement ou vices-présidents. C'est pourquoi, le prochain gouvernement doit absolument créer le poste de ministre délégué aux Affaires africaines avec pour principale mission, dans l'immédiat, la supervision de l'introduction des délégués marocains et le suivi permanent de leur rendu. En d'autres termes, il doit passer plus de la moitié de son temps à Addis-Abeba, fief de l'Union africaine, afin d'occuper le terrain et ne laisser aucune place au hasard. Paix et sécurité La commission qui statue sur les dossiers chauds comme le terrorisme, l'immigration, mais surtout ce que l'on appelle «liquidation du colonialisme», est pilotée par l'Algérien Smail Chergui depuis 2012. C'est la plus importante commission, c'est pourquoi l'Algérie a mis tous les moyens pour arracher un second mandat et elle y est arrivée, avec le soutien de ses alliés traditionnels. Chergui ne cache pas son hostilité envers le Maroc et n'a pas hésité à le montrer au monde entier en s'abstenant de saluer le roi Mohammed VI, du haut de la tribune de l'UA. Maintenant, il faudrait prendre les choses en main, en étroite collaboration avec les délégués des pays alliés à notre cause. Cela est possible en investissant davantage les sous-commissions et en occupant l'espace au sein du siège de l'UA à Addis-Abeba. S'agissant des autres commissions, la même approche est à adopter avec un jeu de proximité entre Rabat et Addis-Abeba, sans forcément aller jusqu'à les embarrasser avec l'affaire du Sahara, dont le cadre de traitement devrait être dissocié des relations bilatérales.