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Les banques participatives raviveront-elles la concurrence ?
Publié dans Les ECO le 16 - 01 - 2017

D'après le dernier sondage de Flm, 72% des 632 internautes questionnés estiment que les banques participatives stimuleront la concurrence dans le secteur bancaire.
72% des 632 internautes qui ont répondu au sondage online de Flm, ont estimé que les banques participatives stimuleront la concurrence dans le secteur bancaire. À l'opposé, 28% pensent que ces nouveaux entrants seront sans impact sur la concurrence bancaire. En préambule, rappelons les résultats des sondages précédents consacrés à ce sujet. En effet, en mai 2016, 66% des internautes étaient opposés à une accélération de la procédure d'octroi d'agrément aux banques participatives. Aussi, à fin octobre, 79% des internautes n'étaient pas confiants dans la réussite au Maroc de la banque islamique dite participative. In fine, ces trois résultats convergent car la stimulation de la concurrence fait peur au niveau de la rentabilité des banques existantes sans pour autant voir émerger de nouveaux champions dans la banque participative.
Ainsi, pour la question de cette semaine, au niveau économique, beaucoup d'espoirs sont mis dans les banques participatives, notamment au niveau du lancement de nouveaux produits et de l'injection de capitaux frais dans le circuit bancaire. En effet, maintenant le processus est bien enclenché et nous sommes fixés sur les nouveaux entrants. En particulier, BAM a annoncé que le Comité des établissements de crédit a émis un avis favorable sur les demandes formulées, pour la création de banques participatives, par CIH Bank en partenariat avec la Qatar International Islamic Bank, BMCE Bank of Africa conjointement avec le groupe saoudi/bahreini Dalla Al Baraka, la BCP avec le groupe saoudien Guidance, Crédit Agricole du Maroc avec l'Islamic Corporation for the Development of the private sector «ICD» et Attijariwafa bank qui est toujours en discussion pour un futur partenariat. Aussi, le comité a également émis un avis favorable pour autoriser la BMCE, le Crédit du Maroc et la Société Générale à offrir à leur clientèle des produits bancaires participatifs. Ainsi, le match est lancé car si le potentiel de la finance islamique est probablement réel, sa cohabitation avec la finance classique est susceptible de générer certains risques concurrentiels.
En effet, plus de la moitié des dépôts bancaires qui est non rémunérée et donc déjà «quasi-islamique», est susceptible d'attirer l'appétit des banques participatives. Aussi, le recrutement massif de nouveaux clients n'est pas donné, car la bancarisation au Maroc a déjà atteint un niveau de 50% à 60%. De plus, aucune étude n'a pu quantifier scientifiquement le niveau des non-bancarisés à cause de l'absence de produits conformes à la Charia. Par ailleurs, comme dans les télécoms, la concurrence pourrait être intensive au niveau du marketing et de la communication. En particulier, les banques participatives devront prouver la compétitivité de leurs produits en plus de la conformité islamique.
À l'opposé, les banques classiques devront s'efforcer d'éviter la sémantique Halal avec des produits qui seraient licites et d'autres non. Enfin, la concurrence pourrait toucher les RH car indépendamment des appellations, ces banques participatives doivent collecter des dépôts et distribuer des crédits. Elles ont donc besoin de bons commerciaux et de managers aguerris. Pour ceux qui pensent que ces banques ne vont pas bousculer le paysage bancaire, ils basent probablement leur raisonnement sur l'absence de pures players. En effet, les nouvelles banques sont des filiales de groupes existants même si d'autres actionnaires participent au tour de table. Ainsi, les banques existantes vont éviter de s'auto-cannibaliser surtout que le modèle des filiales participatives repose sur une forte dotation en fonds propres. D'ailleurs, comme nous l'avons mentionné dans une analyse précédente, des banquiers ont estimé le potentiel de pénétration des banques participatives à seulement 5% -10%, insistant sur le décalage entre la perception des clients qui s'attendent à des services gratuits et la réalité des choses.
Farid Mezouar
DG de FL Market
Les Inspirations ECO : Quel est le degré de «réussite» escompté pour les banques participatives ?
Farid Mezouar : Il est difficile de se prononcer tant que ces banques n'ont pas ouvertement communiqué autour de la stratégie adoptée, notamment au niveau de la densité du réseau d'agences. ABN Amro, avant de quitter le Maroc, avait estimé la part de marché minimale pour rentabiliser une banque à réseau au Maroc à 5%. Une telle part de marché nécessite des charges générales d'exploitations annuelles d'1,1 MMDH, soit un niveau d'actifs de près de 30 MMDH.
Quel serait l'apport de ces banques à l'économie ?
Tout d'abord, cette fenêtre participative a permis à la BID et à certaines banques du Golfe d'investir dans le secteur bancaire marocain avec une injection de capitaux en devises ainsi que l'apport d'un savoir-faire dans ce segment. Ensuite, certains secteurs comme l'immobilier pourront bénéficier d'une nouvelle ingénierie financière, notamment dans des solutions ressemblant à la LOA voire à la LLD. Enfin, en cas de finalisation du dispositif de la finance islamique avec le Takaful et le Sukuk, le Maroc peut aspirer à devenir un hub régional pour l'Afrique du Nord et/ou l'Afrique de l'Ouest.


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