Nouvel espoir pour le secteur de la formation professionnelle privée ! Les opérateurs ont enfin décidé de prendre les choses en main, en présentant leurs revendications et recommandations via un «Livre blanc». Les conclusions de ce document ont été dévoilées le vendredi 28 octobre par Jamal Rhmani, ministre de l'Emploi et de la formation professionnelle, et Abdesslam Benahra, président de la Fédération marocaine de l'enseignement professionnel privé (FMEPP). Ce «Livre blanc» pose les piliers d'une plateforme chargée de repenser et repositionner le secteur privé de la formation professionnelle au sein du dispositif national de l'éducation et de la formation, afin qu'il puisse s'approprier une vraie vision. Ce document contient six recommandations à commencer par l'exonération de la TVA en ce qui concerne la formation continue . «En effet, les EFPP accrédités ne sont pas producteurs de TVA en formation initiale», explique le président de FMEPP. Alors qu'au niveau du plan comptable marocain, on ne peut dissocier un chiffre d'affaires «formation initiale» d'un chiffre d'affaires «formation continue». Du coup, cette dépense fiscale serait à la fois un encouragement aux EFFP accrédités, «elle serait aussi un encouragement stratégique à l'égard des PME qui voudraient améliorer les compétences et la compétitivité de leurs ressources humaines», déclare Benahra. Le deuxième point sur lequel se sont penchés les professionnels du secteur, c'est la formalisation de l'application de l'exonération CNSS pour les vacataires de la formation professionnelle accréditée. «En aucun cas celui-ci n'est en mesure de prendre en charge les cotisations CNSS des formateurs vacataires», explique-t-on. Le troisième point concerne le développement et le soutien des partenariats stratégiques et institutionnels avec le secteur privé et avec différents ministères. Selon Benahra, «il serait efficient d'engager un partenariat avec le MEN pour la certification ICDL de ses ressources humaines, et avec le ministère de l'Industrie et des nouvelles technologies pour le plan Numeric 2013 et pour la formation et la certification des agents de l'Etat». Dans ce cas, qu'en est-il des dispositions de la loi sur la formation continue pour la fonction publique et de la loi pour la formation continue des salariés ? La formation continue est l'un des métiers naturels du secteur privé de la formation professionnelle. Ceci le rapproche efficacement du milieu de l'entreprise. Et, manifestement, il y a une insuffisance de promotion et de soutien du secteur privé dans ce sens. S'agissant de l'exportation de la formation, le président FMEPP explique que vu que les pays d'Europe ferment les portes devant les étudiants d'Afrique francophone voulant suivre des études à l'étranger, le Maroc doit profiter de l'aubaine, par l'engagement de partenariats de coopération Sud-Sud avec le secteur privé de la formation professionnelle. Notons que 10% au moins de nos stagiaires sont ressortissants de pays subsahariens. Cela démontre l'excellente opportunité qui consiste à développer et à soutenir des accords de coopération avec les Etats africains. En effet, la diplomatie par l'éducation et la coopération Sud-Sud est à encourager pour les intérêts du royaume. «Le secteur privé de la formation professionnelle a les capacités et le savoir-faire pour recevoir les stagiaires et les étudiants de ces pays, sans négliger la promotion de la formation en cours d'emploi envers ces derniers», déclare Benahra. Et d'ajouter : «notre ministère de tutelle serait à même de soutenir la réalisation d'une mission impliquant le ministère du Commerce extérieur et son département Maroc Export vers les pays subsahariens francophones». Autre recommandation, la nécessité de mettre en place une cellule de veille commune au ministère de l'Emploi et de la formation professionnelle et à la FMEP. Cette cellule aura entre autres comme mission la proposition de solutions en ce qui cencerne les problèmes du secteur privé de la formation professionnelle. Quatre axes fondamentaux Dans la lignée de l'étude d'élaboration de la vision stratégique de développement de la formation professionnelle à l'horizon 2020, initiée par le ministère de tutelle, les piliers du contrat-programme seraient scellés autours de quatre axes fondamentaux. De prime abord, la réforme de la loi 13.00, décrets et arrêtés, avec objectif de rendre au secteur toute son efficience. «La vision ultime est d'aboutir à une meilleure employabilité des jeunes lauréats, et de développer les compétences des ressources humaines du pays, qu'elles soient publiques ou privées», explique Jamal Rhmani. Ainsi, le ministre a insisté sur l'importance de développer des synergies pour le dispositif et pour l'ingénierie de formation du secteur privé de la FP. Il s'agit ici d'identifier les meilleures pratiques (benchmark) et de proposer des solutions de partenariats pour les mettre en œuvre. Au niveau des systèmes de financement de la formation professionnelle privée accréditée, l'objectif est de réaliser l'émergence et la renaissance d'un secteur ayant une vocation de service public. «Notre vision dans ce sens est d'obtenir, avec des plans de financement, une vraie commande gouvernementale de la formation professionnelle de nos jeunes et de nos concitoyens. Mais aussi d'obtenir de vraies dépenses fiscales, par la loi de finances, afin de relancer ce secteur stratégique pour notre pays. Et ce, à l'instar des dépenses fiscales accordées en faveur de plusieurs secteurs économiques», tranche Benahra. Dernier axe de ce contrat-programme, l'émergence du secteur privé de la formation professionnelle par activation de partenariats stratégiques. Dans ce sens, le président de la FMEPP confirme que «le secteur a la capacité et l'ambition d'accompagner officiellement et contractuellement les plans de développement stratégiques du pays». Pour en finir avec la récession À en croire les opérateurs, le secteur privé de la formation professionnelle vit depuis 2003 au rythme d'une récession. Benahra ne mâche pas ses mots. Pour lui, «l'OFPPT est en forte croissance avec abus de position dominante et de monopole». Et d'ajouter : «cela est dû notamment au problème des accréditations. En effet, le secteur privé trouve du mal à être réactif et accompagner les secteurs en plein essor». Il faut dire que ce problème de difficulté d'accréditation des nouvelles filières s'est traduit par un taux annuel de stagnation de 3,9%, au moment où le secteur public enregistre un taux moyen annuel de croissance de 17%. Conséquence, 97 établissements ont fermé leur portes avec une perte de 300 emplois et 5.000 places pédagogiques. Pour Benahra, «on ne doit pas sous-estimer le poids du secteur privé de la formation professionnelle au sein du dispositif éducation et formation». Ce secteur nier compte 1.578 établissements implantés à travers tout le pays, offrant plus de 100 filières de formation sur les 5 niveaux allant de bac+3 à bac+5. Il assure également la formation de 80.608 stagiaires, soit 1 milliard de DH d'économie pour le budget de l'Etat par an. Cette économie va atteindre près de 1,5 milliard de DH par an à partir de 2015, surtout que le secteur ambitionne de former 400.000 lauréats à fort potentiel d'employabilité à l'horizon 2020.