- La FMEP a enfin dévoilé les axes traités dans son livre blanc. - Les résultats d'une étude sur la vision stratégique 2020 concernant le secteur verront bientôt le jour. Ce n'est plus un secret pour personne, le secteur privé de la formation professionnelle pose un sérieux problème au sein du dispositif national de l'éducation et de la formation. Et afin de repenser et repositionner ce dernier, la Fédération marocaine de l'enseignement professionnel privé (FMEP) a édité un livre blanc qui a mis en exergue les 4 piliers d'un projet de contrat-programme d'émergence à conclure avec l'Etat. D'ailleurs, Jamal Rhmani, ministre de l'Emploi et de la Formation professionnelle, a mis l'accent sur la nécessité de mettre au point ce contrat-programme pour l'enseignement. Il a aussi souligné qu'«on ne doit pas sous-estimer le poids du secteur privé de la formation professionnelle au sein du dispositif éducation et formation du Royaume». En effet, ce dernier représente 80.608 étudiants-stagiaires par an, avec 1 milliard de dirhams d'économie par an sur le budget éducation-formation de l'Etat et 1,5 milliard par an dès 2015. De plus, ce sont 1.578 établissements implantés dans tout le Royaume, offrant plus de 100 filières de formation et générant 14.650 emplois, dont environ 10.000 formateurs. Enfin, c'est aussi un engagement à former 400.000 lauréats à fort potentiel d'employabilité à l'horizon 2020, en accompagnant le PNEI et les Plans Numeric, Azur, Maroc vert, Rawaj et d'autres. L'un des axes majeurs traités dans ce livre blanc concerne le projet de réforme de la loi 13.00, ses décrets et arrêtés, avec pour objectif de rendre au secteur toute son efficience. Le deuxième point concerne l'accréditation des nouvelles filières dès leur lancement, comme c'est le cas pour l'OFPPT, contre trois ans requis actuellement pour le privé. Abdeslam Benahra, président de la FMEP, affirme à cet effet : «La profession exige la mise en place d'une structure d'accréditation et de régulation aussi bien pour le public que pour le privé». Pour cela, le livre blanc appelle à repenser toute l'architecture des secteurs de formation pour créer une synergie permettant la complémentarité de l'offre entre les deux secteurs public et privé. À titre d'information, le secteur public croît depuis 9 ans à 17%, alors que le privé stagne à 3,9%. Et il est en récession à -1,33% depuis 2009-2010 (97 établissements ont fermé leurs portes avec une perte de 300 emplois et 5.000 places pédagogiques). «Il s'agit en effet de comprendre les orientations et les décisions stratégiques à adopter en urgence si l'on souhaite réellement la renaissance et, pourquoi pas, une nouvelle émergence du secteur privé de la formation professionnelle au sein du dispositif d'éducation et de formation du pays», souligne Jamal Rhmani. Ce dernier a même suggéré, en marge de la conférence, que le livre blanc soit distribué à tous les partis politiques pour qu'ils le joignent à leur programme politique. D'un autre côté, un benchmark est conseillé afin d'identifier les meilleures pratiques dans le monde et mettre en œuvre des solutions de partenariats stratégiques. À cet effet, le ministre a évoqué le cas de la Corée où seules les sociétés font de la formation, l'Etat n'étant pas concernée par ce volet. En dernier lieu, la question du financement, qui pose un grand problème, a été largement évoquée par l'assemblée. En effet, le système actuel de contribution de l'Etat a montré ses limites. Le livre blanc conseille d'augmenter la part de l'Etat au moins à 50% des frais de formation et l'élargir au niveau des techniciens, mais aussi de revoir la logique de subvention aux ménages qui ne garantit pas l'égalité et l'équité des chances à tous les jeunes citoyens, quels que soient les revenus de leurs parents. Pour les établissements eux-mêmes, la demande est que les formateurs profitent d'un impôt sur les revenus plafonné à 10 %, à l'image de ce qui est accordé aux entreprises offshore et à Casablanca Finance City. Cela se traduira par une amélioration du pouvoir d'achat et la baisse de la pression fiscale. Mais aussi en exonérant le secteur de la TVA et des cotisations à la CNSS pour les vacataires. D'autres part, la qualité de la formation marocaine a fait ses preuves : il suffit de voir le nombre d'étrangers inscrits dans les établissements marocains. Ainsi, la mise en place d'un partenariat Sud –Sud, à titre d'exemple, semble le mieux indiqué afin de dynamiser le secteur. En définitive, le défi à relever est celui de doter les jeunes d'un fort potentiel d'employabilité, tout en répondant positivement aux besoins en nouvelles compétences, qui vont contribuer à la dynamique du développement économique et social du pays. Si rien n'est fait, «le secteur de la formation professionnelle privée ira vers la déchéance, jusqu'à disparaître simplement», met en garde Abdesslam Benahra. Vision stratégique 2020 L'étude sur l'élaboration d'une Vision stratégique de développement de la formation professionnelle à l'horizon 2020, conduite par Roland Berger Strategy Consultants, devrait aboutir en mars prochain. Cette étude vise à accompagner le ministère de l'Emploi et de la Formation professionnelle dans l'élaboration d'une Vision stratégique de développement de la formation professionnelle à l'horizon 2020. L'approche sera structurée autour de 5 grandes phases et sera réalisée sur 6 mois, avec une première livraison du diagnostic à la fin du mois de novembre.