Mouhamadou Niang, directeur Afrique, Meridiam Après avoir contribué à la réalisation de nombreux projets dans les pays développés, Meridiam met le cap sur l'Afrique. Mouhamadou Niang, qui dirige les activités africaines de ce fonds d'investissement, livre ici les axes de sa stratégie sur le continent et évoque ses projets au Maroc. Les Inspirations ECO : Est-ce qu'il y a vraiment des difficultés à mobiliser les financements pour les infrastructures en Afrique ? Mouhamadou Niang : Divers acteurs de financements sont présents en Afrique. Les fonds d'investissement commencent à s'intéresser de plus en plus à l'Afrique. Il en est de même pour les banques internationales, sans parler des institutions financières de développement telles que la Banque africaine de développement (BAD), la SFI, la BOAD, etc. Il y a donc énormément d'institutions publiques et privées qui s'intéressent au financement des infrastructures sur le continent. La difficulté réside dans le fait qu'une bonne partie des projets présentés ne sont pas tout à fait bancables. Mais l'argent existe, les projets existent, il faut juste trouver le moyen de les marier, notamment en structurant les projets de manière à bien maîtriser les risques. Donc le problème se trouve en amont, au niveau de la structuration des projets ? Absolument ! C'est pourquoi chez Meridiam, en tant que développeur et financeur d'infrastructures, nous investissons dans des projets, mais surtout nous les développons ; en les structurant sur les plans technique, financier, et juridique. Nous nous assurons que toutes les parties, publiques et privées, sont traitées équitablement et que les risques sont maîtrisés. En plus, nous accordons une attention particulière à l'aspect environnemental et social, afin de nous assurer que les projets ont des retombées positives sur l'environnement et les populations. C'est une fois que l'ensemble de ces aspects sont déterminés que nous passons à la deuxième étape, consistant à investir nos fonds en capital, et à compléter le financement auprès des banques et des autres institutions financières. Certains financiers estiment que le modèle des partenariats public-privé (PPP) est à bout de souffle. Êtes-vous du même avis ? Je ne pense pas que le modèle des PPP soit à bout de souffle ; bien au contraire. Toutefois, je suis d'accord qu'il faut l'adapter partout aux réalités locales et toujours se mettre à niveau. Je constate que les pays qui ont le mieux répondu aux besoins de leurs populations en matière d'infrastructures, y compris les pays développés, sont ceux qui ont introduit le financement privé dans leur modèle d'investissement dans la réalisation d'infrastructures. Même le Maroc, qui a énormément réussi en termes d'investissements publics, a fait appel au secteur privé lorsqu'il s'est agi de développer les énergies renouvelables. Les Etats ont des besoins extrêmement importants et nous, secteur privé, apportons notre soutien, en complément. L'enjeu n'est pas vraiment de revoir le modèle des PPP, mais plutôt de s'assurer encore une fois que dans le cadre des PPP, les intérêts de tout le monde sont pris en compte, notamment ceux des populations. Chez Meridiam, nous pensons qu'il est primordial que la population y trouve son compte, au même titre que les pouvoirs publics et les investisseurs. Parlez-nous des activités de Meridiam et de ce que vous faites ? Meridiam est développeur et financeur d'infrastructures. Nous développons des projets, en partenariat avec les pouvoirs publics, pour les rendre bancables. Nous mettons notre argent en capital et nous levons des fonds en dettes pour financer ces projets. Sur le plan mondial, nous avons commencé depuis une dizaine d'années à investir en Europe et aux Etats-Unis. Un de nos derniers projets dans ce pays c'est la construction du terminal central de la Guardia Airport sous forme de PPP. Les Américains ont beaucoup de moyens, mais ont néanmoins fait appel à nous dans un cadre concurrentiel. Nous avons également participé à la construction d'autoroutes à péage, de rails, de ports, de centres hospitaliers etc. sous forme de PPP. Et en Afrique ? Notre objectif est d'adapter cette expérience internationale en Afrique. C'est dans ce cadre que j'ai rejoint Meridiam. Nous avons créé un fonds dédié à l'Afrique depuis un an. Nous avons déjà réalisé des projets au Sénégal, notamment dans le photovoltaïque avec des installations de 20 mégawatts sur deux sites. Nous apportons la technologie, structurons la transaction et faisons les études d'impact environnemental et social. Nous y vendons l'électricité à l'Etat. À Madagascar, Meridiam est impliqué dans la rénovation et la modernisation des deux plus grands aéroports du pays. En Afrique de l'Est, nous sommes intéressés par des projets, tels que les autoroutes à péage, etc. Avez-vous des projets ciblés au Maroc ? Nous sommes en discussions avec des partenaires afin de voir ce que nous pouvons faire ensemble dans les domaines énergétique, routier, de l'eau et de l'assainissement. Quelles est la valeur des fonds dont dispose Meridiam ? Globalement, les fonds de Meridiam sont de 5,5 milliards d'euros. Avec l'effet de levier, nous avons une capacité d'investissements d'environ 40 milliards d'euros. Sur l'Afrique nous avons l'intention d'investir 300 millions dans les 2 à 3 prochaines années.