L'Initiative entreprises climat Maroc dessine les contours de l'action patronale pour intégrer le secteur privé marocain dans la dynamique climat. Cette dernière place les très petites et moyennes entreprises au cœur de ce processus. Le prochain défi majeur, qui se posera avec acuité dans la phase post COP22, aura trait à l'adaptation de toute la partie régulation, process et fiscalité. Inscrire l'entreprise marocaine dans un nouveau paradigme, voilà ce qui pourrait constituer une des principales motivations au lancement de «l'Initiative entreprises climat Maroc» (IECM). Véritable feuille de route pour le secteur privé marocain et par conséquent pour ses entreprises, cette dernière dessine aujourd'hui les contours des actions concrètes que devront déployer les entreprises nationales au-delà même de la COP22. Cet évènement international qui se tiendra le 7 novembre prochain à Marrakech a été baptisé «COP de l'action» et les entreprises marocaines semble déterminées à se constituer partie prenante de cette dynamique. Dans le détail, il s'agira concrètement d'intégrer les risques et les opportunités climatiques dans les plans de développement des entreprises marocaines. Le patronat est donc appelé à accompagner de manière effective les entreprises dans leur intégration à la dynamique climatique. «Cette initiative est une démarche dans laquelle la CGEM s'est engagée depuis pratiquement deux décennies. Nous voulons l'arrimer à l'entreprise marocaine et surtout à sa dynamique pour lutter contre le changement climatique afin qu'elle puisse anticiper le changement pour qu'elles se positionnent sur les opportunités dans l'économie à bas carbone», explique Miriem Bensalah, présidente de la CGEM. C'est dans ce sens que l'IECM décline un programme dédié à la sensibilisation et l'information afin d'assurer au niveau du monde de l'entreprise une réelle prise de conscience des risques et des opportunités liés aux changements climatiques. Un volet formation sera également assuré à travers des thématiques portant notamment sur les volets techniques, technologiques, institutionnels, législatifs ou encore financiers des changements climatiques. La PME au cœur de la dynamique «Nous devons faire en sorte que la finance climat soit orientée vers la PME et la TPE et ne pas être exclusivement dans l'affiliation qui est plus du ressort des pays développés que des pays en voie de développement», souligne la présidente de la CGEM. En effet si la nouvelle feuille de route concerne l'ensemble du secteur privé et donc des entreprises marocaines, il n'en demeure pas moins que le patronat insiste sur le fait que les TPME ne seront pas les parents pauvres de cette dynamique, conscient du rôle moteur que devra jouer cette catégorie d'entreprises. «Le rôle du secteur privé est de plus en plus évident. Il ne l'est pas seulement sur la question du climat, mais il l'est d'autant plus sur la question du financement du développement.Nous avons entériné le rôle moteur du secteur privé dans le financement du développement et nous comptons fortement sur les entreprises pour accompagner cette dynamique en apportant du financement ou du transfert de technologie», note Philippe Poinsot, coordonnateur des Nations Unies et représentant du PNUD au Maroc. À l'aune de toutes ces recommandations ainsi que des principaux axes de la feuille de route patronale, la mobilisation contre le changement climatique semble actée, mais, il est primordial d'assurer une synergie entre les différents acteurs sectoriels et territoriaux. Actuellement, quelques entreprises leaders au Maroc se posent déjà en modèle et travaillent avec leurs écosystèmes dans cet objectif. Reste à relever un autre défi majeur qui se posera avec acuité dans la phase post-COP22, à savoir l'adaptation de toute la partie régulation, process et fiscalité qui devra être le fruit de négociations à mener entre le secteur privé et le gouvernement. Said Mouline, DG de l'ADEREE et membre du comité de pilotage de la COP22 Nous avons la chance dans notre pays d'avoir un historique très engagé et un secteur privé très engagé dans l'économie verte depuis les années 2000. Il ne s'agit donc pas pour la COP22 que cette dynamique démarre mais elle découle d'un engagement dans le temps. L'économie verte aujourd'hui est une opportunité pour les entreprises et une opportunité pour notre pays. Dans ce secteur, il y a certes des opportunités mais aussi des engagements. Nous avons des engagements pris par les entreprises qui finalement ont une chance de réduire leurs émissions, de réduire leurs factures énergétiques et de valoriser leurs déchets. Aujourd'hui, nous pouvons nous féliciter d'avoir un secteur privé engagé, responsable qui veut partager tout cela avec tous les partenaires du sud et c'est pour cela que nous mettons en avant cette COP africaine». Philippe Poinsot, Nouveau coordonnateur des Nations Unies et représentant du PNUD au Maroc Au nom des Nations Unies, je tiens à féliciter la CGEM et toutes les entreprises marocaines qui participent à cette initiative, et ce réseau, sur les questions relatives au climat. Les COP ont un double, voire un triple objectifs et plus précisément de permettre la sensibilisation de la société civile dans le pays organisateur autour des thèmes fondamentaux discutés lors des débats et des négociations. Je crois pouvoir dire sans trop m'avancer que dans le cas du Maroc, une sensibilisation a été menée et que nous avons pu assister à un véritable engouement sur la question du climat. Cette très forte mobilisation a trait à un certain nombre d'acquis sur lesquels la position marocaine et le rôle du secteur privé marocain doivent pouvoir bâtir pour aller plus loin et aider les dirigeants du monde à passer du discours à l'action. Il est temps aujourd'hui de décliner, dans les différents secteurs, les accords qui ont été définis à Paris.»