Michaël van der Sande : Directeur général d'Alpine et membre du Comité de direction du groupe Renault Les Inspirations ECO : On s'attendait à voir la version définitive du coupé Alpine durant le Mondial de l'Automobile (Paris), mais il n'en a rien été. À quoi est dû ce retard ? Michaël Van Der Sande : Comme vous le savez, lorsque nous avons relancé l'aventure Alpine, nous avions un accord de joint-venture avec Caterham qui, malheureusement, n'a pas fonctionné puisque ces derniers se sont retirés du projet. Sauf que cela nous a pris plus de temps pour redéfinir la stratégie d'Alpine, soit environ un an de plus que ce qui était prévu initialement. Néanmoins, et comme nous l'avons confirmé en février avec notre président, Carlos Ghosn, la voiture sera bien commercialisée au courant de l'année 2017. Le retard que nous avons pris était donc au début et non à la fin; d'ailleurs, je vous confirme que le modèle définitif est en cours de validation. Que pouvez-vous nous dire sur ce futur véhicule, en matière de design, d'architecture technique et de performance ? L'Alpine que nous sommes en train de développer est un coupé sportif et biplace à moteur central-arrière et à propulsion (NDLR: roues arrière) par boîte DCT (NDLR: boîte auto à double embrayage) dont l'un des principaux enjeux est d'être agile et d'offrir un réel plaisir de conduite pour tous les jours. En d'autres termes, la future Alpine sera légère, performante et polyvalente aussi bien pour les déplacements du quotidien que pour un usage sur circuit. Pour cela, nous avons fait des choix techniques sur le véhicule, tout en préservant l'ADN de l'A110 berlinette des années 60 et 70 qui était extrêmement performante, mais aussi très confortable. S'agissant des performances, je ne peux rien vous dire pour le moment, si ce n'est que la future Alpine accélérera de 0 à 100 km/h en 4,5 secondes, ce qui est pas mal. Qu'en sera-t-il en matière de cible et positionnement prix ? Notre cible, pour la marque Alpine en général, est constituée de passionnés de voitures de sport et de plaisir de conduite. Ce sont aussi des gens en quête de coupés biplace plus performants que ceux d'un constructeur généraliste et moins extrêmes que ceux des labels les plus sportifs. Quant aux prix, nos choix techniques nous obligent de «pricer» cette voiture à un niveau bien au-dessus de celui d'une Renault. Idem pour ce qui est du choix des matériaux et des finitions. D'ailleurs, nous avons retenu beaucoup d'équipementiers qui fournissent des marques premium comme Porsche et Ferrari. Ce ne sera donc pas une voiture généraliste à un prix généraliste. Au niveau du développement, y a-t-il de la synergie avec Renault Sport ? Absolument. L'équipe d'ingénierie d'Alpine travaille au même endroit et sur le même plateau que celle de Renault Sport. Il y a beaucoup de compétences partagées, notamment en matière de châssis, mais aussi sur d'autres aspects comme celui des crash-tests. En fait, nous sommes organisés en «business units» avec une petite équipe de développement très pointue qui connaît bien le segment des voitures sportives, tout en nous appuyant sur la force de frappe du groupe Renault et de Renault Sport surtout. Après le coupé, comment évoluera la gamme Alpine dans le futur ? Nous avons beaucoup d'idées, mais nous n'avons pas une grande équipe. Voilà pourquoi nous nous concentrons pour le moment sur ce modèle. Car pour réussir la relance de la marque Alpine, il faut d'abord réussir avec ce coupé. Cela signifie que notre équipe est quasiment dédiée à 100% à ce premier modèle, sa finition, sa qualité, son comportement dynamique, son endurance, son réseau, son service après-vente... et pour nous, ce sont là tous les aspects et enjeux que nous voulons installer et relever dans les années à venir. Cela nous prend tout notre temps et mobilise toutes nos ressources. Maintenant, l'élargissement de la gamme n'est pas d'actualité, mais s'il devait se faire, notre objectif est d'offrir les modèles les plus agiles dans leurs segments. Pensez-vous que la technologie hybride soit compatible avec la philosophie sportive d'Alpine ? Nous sommes ouverts à toutes les technologies. Comme vous le savez, Renault est très fort dans le domaine de l'électrique et c'est une opportunité sur laquelle on pourrait s'appuyer. La technologie hybride est pertinente dans certains cas et sur certains marchés. Pour nous, ce qui importe le plus dans tout cela, c'est de faire qu'une Alpine puisse toujours offrir un maximum de légèreté et d'agilité par rapport à ses concurrentes. D'ailleurs, la voiture que nous sommes en train de développer aura probablement les plus faibles émissions de CO2 de son segment, sans hybride et uniquement parce qu'elle est légère et qu'elle dispose du bon moteur, en l'occurrence un quatre-cylindres turbo, efficace, performant et associé à la bonne boîte. Ceci dit, nous n'excluons aucune technologie à l'avenir, et nos choix techniques dépendront des réglementations qui entreront en vigueur et qui évoluent régulièrement.