«Faire des TI un vecteur du développement humain, une source de productivité et de valeur ajoutée pour les secteurs économiques et l'administration publique et positionner le Maroc comme un hub technologique régional», tels sont, en résumé, les objectifs assignés à la stratégie sectorielle Maroc Numeric 2013 depuis son lancement en 2009. Un ambitieux programme qui vise à hisser le secteur des TI en véritable pilier de l'économie nationale et dont le ministre de l'Industrie, du commerce et des nouvelles technologies, Ahmed Réda Chami, a fait une des priorités de son programme. À moins de deux mois de l'échéance, force est de constater que la sauce a, certes, bien pris avec le lancement de plusieurs chantiers et programmes mais que le secteur peine encore à atteindre sa vitesse de croisière. Pourtant, l'essentiel peut être considéré comme fait puisque la volonté politique au plus haut niveau est acquise, et qu'il reste à capitaliser sur l'expérience et envisager un nouveau cap qui va au delà de l'infrastructure pour que l'impact de cette politique rejaillisse véritablement sur les autres secteurs économiques du pays. C'est, en tout cas, la lecture que prête le dernier rapport de la CNUCED sur l'économie de l'information qui vient d'être publié hier à partir de Genève. Intitulé, «Les TIC comme catalyseurs du développement du secteur privé», le rapport qui est l'une des rares publications du genre au niveau mondial, dresse l'état des lieux de l'économie des TICs au niveau mondial et analyse les tendances et les perspectives qu'inaugurent le secteur dans un contexte international marqué par une fulgurante ascension de ces outils modernes d'information et de communication. À ce sujet, le verdict des experts de la CNUCED est sans concession, «les gouvernements doivent créer des structures favorisant une plus large adoption des TIC afin de développer le secteur privé, en libéralisant les marchés pour développer et améliorer les infrastructures de réseau et en assurant un cadre juridique et réglementaire pour les transactions électroniques». Une initiative dans laquelle s'est engagé le Maroc mais qui reste à dynamiser, notamment au service de l'économie, et principalement pour les PME et PMI. Selon un constat dressé par la CNUCED, «pour la plupart des entreprises des pays en développement, Internet est utilisé principalement pour envoyer et recevoir du courrier électronique». «Elles sont relativement peu nombreuses, en revanche, à pratiquer le commerce électronique, souligne le rapport avant de préciser, qu'il est plus facile aux entreprises d'acheter que de vendre des biens et des services en ligne». Un secteur en pleine croissance Le véritable enjeu de l'utilisation des TIC reste donc à l'adapter aux besoins des opérateurs économiques. C'est sur ce point que se joue, désormais, le pari de Chami pour le développement de l'économie numérique au Maroc. Car, force est de reconnaître que grâce aux efforts conjugués entre l'Etat et ses différents partenaires, le Maroc peut se prévaloir d'une sérieuse longueur d'avance par rapport à plusieurs pays sur le point des infrastructures, de l'équipement et de l'accès aux nouveaux outils de l'information et de la communication. La preuve, dans le classement 2011 de l'Union internationale des télécommunications (UIT) sur «la mesure de la société de l'information», le Maroc a glané 10 places, se positionnant à la 90e place sur 152 pays notés, devant l'Egypte (91e), l'Afrique du Sud (97e) et l'Algérie (103e). Un bond tant quantitatif que qualitatif sauf qu'il reste en deçà du potentiel dont recèle le créneau. Les multiples opportunités qu'offre Maroc Numeric 2013, notamment avec le lancement des clusters, devraient donc être plus centrées vers le renforcement de l'effet de levier des technologies de l'information et de la communication (TIC) sur le développement économique et permettre d'accélérer le développement du secteur privé. Surtout que de nouveaux segments qui ont montré des résultats encourageants dans plusieurs pays en voie de développement, restent encore peu ou pas du tout exploités au Maroc. C'est le cas, par exemple, des services financiers sur téléphone portable. En résumé, préconisent les experts de la CNUCED, «les grands défis des pays comme le Maroc qui aspire à faire émerger une véritable économie numérique s'articulent autour de la généralisation de la téléphonie mobile et l'internet à haut débit, de parvenir à réduire les coûts, de développer les formalités administratives en ligne et d'accroître la confiance des utilisateurs à travers des réglementations efficaces et transparentes». Mieux utiliser l'Egov Après le bug des premiers mois, le portail gouvernemental egov.ma semble enfin remis sur les rails. Il reste à optimiser son utilisation auprès des professionnels et des citoyens ainsi que les services en ligne offerts par les autres établissements relevant de l'administration publique. Selon le constat dressé par la CNUCED, dans le cadre de leurs interactions avec leurs gouvernements, «les entreprises des pays en développement utilisent internet principalement pour obtenir des informations, plutôt que pour réaliser des transactions avec ceux-ci». Et d'inviter les autorités publiques à améliorer l'accès à une information pertinente afin de «contribuer à la mise en place de services comme le paiement des impôts en ligne ou des services de distribution et instaurer des systèmes douaniers automatisés». À en croire Chami, «en fin 2010, 60% des impôts étaient collectés via le web au Maroc» ! Dixit... Au Maroc, le taux d'équipement des ménages reste encore faible. Il y a énormément de chantiers pour réduire la fracture numérique avec la stratégie sectorielle et les chantiers initiés par le gouvernement, surtout en direction des PME/PMI. Le marché marocain dispose d'énormément de potentiel et contrairement en Europe, où la croissance en matière d'équipement est relativement en faible en raison du taux élevé déjà atteint, au Maroc la croissance reste assez dynamique. Nous enregistrons un taux annuel moyen de croissance de près de 41% sur le marché marocain, depuis 2007. Il est difficile de trouver une telle vitalité ailleurs. Mohamed Chakib Rifi, General Manager à Data Plus. Nous constatons aujourd'hui un réel engouement pour les nouvelles technologies de l'information. Une nouvelle tendance est également en phase de se développer liée à l'attrait des technologies mobiles comme en témoigne la croissance des portables qui atteint les 20%. Par ailleurs, nous assistons à une augmentation de l'intérêt porté à l'utilisation des e-services ainsi que le Cloud public, sans oublier le streaming audio ou vidéo qui prend de plus en plus d'ampleur. Ceci étant, le montant des investissements que concentre aujourd'hui le hardware s'établit à 74% des montants investis dans les NTIC, contre 6% seulement pour le software (les 20% restant concernant les services). Cette tendance doit être corrigée puisque l'expérience des pays développés démontre que c'est au niveau du soft que les plus grands efforts doivent être faits, le hardware ne dépassant pas 30% des investissements. Samir Benmakhlouf, Directeur général de Microsoft Maroc. Le constat qui se dresse à première vue, c'est qu'il s'agit d'un secteur qui évolue rapidement. Cette année, la tendance est plus orientée vers les «Clouds». Malheureusement, au Maroc, le marché reste encore un peu lent et les structures IT pas assez développées pour supporter le basculement. Cependant, il y a des initiatives qui commencent à être lancées pour sensibiliser les entreprises quant aux différents avantages des solutions existant sur le marché et l'espoir est de mise pour les perspectives qu'inaugure ce segment. Mohamed Anas Belghiti, Business développement Manager à HP CDG services IT.