«Nous savons que nous n'avons pas les moyens de répondre aux besoin des entreprises exportatrices». Ce constat, empreint d'humilité, qui émane de Jean-Christophe Battle, directeur général d'Euler Hermès Acmar, est en fait une manière de justifier de l'opportunité d'un nouveau mécanisme de promotion des exportations. Il s'agit de la nouvelle garantie assurance publique complémentaire (APC), qui à travers un partenariat entre l'Etat, la Société centrale de réassurance (SCR) et des assureurs de crédit, vise à doubler le plafond garanti pour les exportateurs marocains. «Jusqu'à ce jour, le mécanisme de soutien des exportations consistait en la prise en charge, par l'Etat marocain, d'une partie de la prime d'assurance, alors que le besoin se situait plutôt au niveau des plafonds garantis», avance Youssef Douieb, directeur général adjoint d'Euler Hermès Acmar, à l'occasion d'une conférence qui marquait le lancement officiel de ce nouveau mécanisme chez l'assureur crédit. En outre, il explique que «le nouveau dispositif APC permet aux entreprises d'obtenir jusqu'au doublement de leurs garanties à l'export». L'outil en question est en effet pensé comme une «un véritable coup de pouce aux exportations qui est proposé aux entreprises souhaitant se développer à l'international en toute sérénité», précise Douieb. «Ce mécanisme aurait dû être mis en place dès la fin 2008», surenchérit Jean-Christophe Battle, qui soutient que ce mécanisme était souhaité dès le déclenchement de la crise par les opérateurs et que sa société avait fait le relais de cette doléance auprès de l'Etat marocain. De fait, la pertinence de ce mécanisme a gagné en consistance, après que les pays européens en proie, de manière directe, à la crise financière et économique l'aient adopté. Benchmark européen Cela a tellement bien pris en Europe qu'après que les Etats l'aient arrêté, le privé en a pris le relais et l'a même étendu au commerce intérieur. Toujours est-il que cela a pris plus de temps à se mettre en place dans le royaume et c'est en décembre 2010 que l'Etat marocain, par le biais des ministères de l'Economie et des finances et du Commerce extérieur ont signé une convention portant sur ce mécanisme avec la SCR. Cette convention a ensuite été déclinée avec les assureurs crédit et c'est ainsi qu'Euler Hermès Acmar a signé une convention avec la SCR en juin dernier. Concrètement, les assureurs crédit à l'export, à savoir Euler Acmar et SMAEX, récoltent la prime au profit de la SCR, qui est garantie par l'Etat, et en cas de défaillance, les fonds recouverts le sont d'abord au profit de cette dernière. Ce qui est remarquable, c'est que la prime appliquée à l'APC est la même que celle appliquée par les assureurs crédit sur la première part. «L'Etat crée de la capacité à un prix qui n'est pas celui du marché», argue Jean-Christophe Batlle, qui explique que même lorsque ce mécanisme était appliqué par les Etats européens, ceux-ci le faisait moyennant une prime supplémentaire. Cela souligne le degré d'investissement de l'Etat et sa volonté de promouvoir les exportations marocaines, en y mettant les grands moyens. En tout cas, l'Etat compte maintenir ce mécanisme pour au moins un an, avec des réunions trimestrielles pour en jauger l'impact. Cette période permettra à SMAEX, à Acmar et à d'autres éventuels nouveaux assureurs crédit à l'export de bénéficier du retour d'expérience. Plus encore, les exportateurs marocains pourront en bénéficier pour lorgner de nouveaux marchés, censés être plus risqués, comme l'Afrique, vu que les débouchés européens semble de plus en plus fermés.