Germain Breugnot : Directeur de Titane Conseil International Les enjeux du secteur des télécommunications en Afrique ont été au cœur de la première édition du Salon AITEX (Africa & IT Expo). Germain Breugnot, directeur de Titane Conseil International les décrypte pour Les Inspirations ECO. Les Inspirations ECO : Quels sont les principaux enjeux du continent en termes d'infrastructures télécoms ? Germain Breugnot : La baisse des coûts de l'accès à internet est un enjeu majeur. Les FAI (fournisseurs d'accès internet) sur le continent africain payent beaucoup plus cher qu'en Europe ou aux Etats-Unis où se situent les nœuds d'échanges d'internet. Il faut faire baisser ces coûts par la création d'infrastructures très haut débit, surtout en raccordant les pays enclavés qui n'ont pas d'accès direct aux câbles sous-marins. Les projets d'infrastructure numérique financés par la Banque africaine de développement sont un premier pas vers cette baisse des coûts. Au niveau national, l'accès à la transformation digitale passera par le développement des services très haut débit (FTTH, LTE et bientôt 5G), Quelle solution préconisez-vous pour réduire la facture numérique ? Pour que cette révolution soit une réalité pour tous, la réduction de la fracture numérique des régions les moins bien desservies, notamment les zones rurales, passera par la mise en place de nouveaux mécanismes entre les pouvoirs publics et les opérateurs privés qui permettent un co-financement d'infrastructures mutualisées qui permettra une concurrence saine sur les territoires. Un autre enjeu sera de localiser le contenu pour qu'un utilisateur sur le continent qui consulte un site n'ait pas à le télécharger depuis l'Europe ou les Etats-Unis. Les régulateurs et les pouvoirs publics ont un rôle important à jouer pour démocratiser l'accès au digital. Une bonne connectivité est déjà aujourd'hui indispensable pour favoriser l'implantation d'entreprises, la formation et l'accès aux connaissances et à la culture. Quelles sont les spécificités des réseaux télécoms en Afrique ? L'Afrique connaît une forte appétence pour la téléphonie mobile et pour l'internet, ce qui se traduit par une forte croissance en termes de consommation de services et bien sûr d'acquisition de terminaux. Le taux d'équipement en smartphones a particulièrement progressé grâce à la baisse des prix et au lancement de produits low-cost. Aujourd'hui, 95% des habitants du continent africain accèdent à internet à travers un accès mobile. Les réseaux fixes, comparativement à d'autres continents, sont relativement peu développés. Mais y a-t-il justement encore un intérêt à déployer des réseaux fixes ? Oui, bien sûr, nous sommes déjà dans un mode de data (données) qui est fortement consommateur de bande-passante et les réseaux radio type 3G et 4G-LTE ne seront pas suffisants pour faire face à l'explosion de la consommation engendrée notamment par les services vidéos. Les entreprises ont besoin d'une connexion fiable et avec de bons débits, ce que permettent justement les réseaux en fibre optique. Comment favoriser le développement de ces réseaux en fibre optique ? L'essentiel des coûts étant liés à la création de l'infrastructure (génie civil), la mutualisation et le partage des infrastructures entre opérateurs sont des éléments-clés. L'importance des études en amont de la création de l'infrastructure est également primordiale pour optimiser les coûts. Vous venez de prendre part à la première édition de l'AITEX. Quel a été l'apport de Titane Conseil pour ce salon ? Pour sa première édition, l'AITEX (Africa & IT Expo) organisé par l'APEBI a pour thème : «La transformation digitale : levier de développement en Afrique». L'apport de Titane Conseil consiste à stimuler ce développement grâce à son expertise au niveau des infrastructures numériques qui représentent en elles-mêmes le pilier de la transformation digitale. Permettez-moi juste de rappeler que Titane Conseil est un cabinet de conseil indépendant spécialisé dans les infrastructures de télécommunications. Fort de son expérience acquise depuis sa création en 2006 en France, le cabinet a ouvert un bureau à Casablanca en 2014 pour répondre aux besoins au Maroc, mais également pour couvrir l'Afrique subsaharienne.