«Matis Aerospace est devenu un fournisseur fiable et respecté par Boeing», déclare Stan Deal, vice-président et directeur général de l'Approvisionnement et des opérations de Boeing Commercial Airplanes, à l'occasion du dixième anniversaire de la création de l'entreprise. Cette confiance du géant de la construction aéronautique s'est traduite dans les faits par diverses réalisations, dont la plus significative reste le triplement du chiffre d'affaires entre 2004 et 2010. «Cette formidable croissance est le résultat direct de l'impératif d'efficience et de l'exigence de qualité que nous nous efforçons de développer au sein des activités de notre entreprise», déclare Sébastien Jaulerry, directeur général de Matis Aerospace. Cette bonne performance n'est d'ailleurs pas près de s'arrêter. L'industrie aéronautique vit effectivement depuis quelques mois déjà sur la reprise des commandes d'avions enregistrées depuis la tenue du dernier salon du Bourget (www.leschos.ma). «Snecma, Dassault, Airbus, et tout dernièrement Turbomeca, nous ont fait confiance et continuent de le faire», souligne Jaulerry, avant d'annoncer que «la charge de travail pour l'année à venir (2012) sera augmentée, pour répondre à l'accroissement des besoins de nos clients». En effet, Matis est engagée auprès de différents constructeurs, et l'augmentation de leurs besoins en composants a un impact direct sur l'activité de l'entreprise. «Cet élément a été intégré depuis un peu plus de six mois, pour la simple raison que Matis est placée en avant de la chaîne de fabrication de Boeing et des autres clients», note pour sa part Seddiq Belyamani, administrateur de Matis pour le compte de Boeing, en réponse à une question sur la capacité de Matis à faire face à l'accroissement des activités de ses clients. Il ajoute : «Certains fournisseurs concurrents de Matis accusent actuellement une saturation de leurs capacités productives. Cela constitue une opportunité intéressante pour l'entreprise, qui pourra de ce fait accroître sa production». Si Matis table, à raison, sur un accroissement de ses activités, elle envisage aussi d'élargir son site de production sis à Nouaceur. Alors qu'il occupe actuellement une superficie totale de 9.700 m2, il devrait dans les prochaines années être étendu sur l'ensemble de l'espace dédié à Matis, soit un disponible de 12.000 m2. Ces perspectives semblent conforter la confiance accordée par les constructeurs aéronautiques à l'endroit de Matis. «Ce qui est marquant sur ces 10 ans d'activité de Matis, c'est de constater tous les efforts consentis par le personnel de l'entreprise dans le sens d'une amélioration continue de la qualité des produits, mais aussi en termes d'efficience. (...) Si la croissance est au rendez - vous aujourd'hui, ce n'est pas le fruit du hasard, mais bien celui de la maturité», lance Stan Deal à l'adresse du top management de l'entreprise. Il faut dire que, dès le début de l'aventure, Matis a été le fruit d'une vision partagée entre les trois partenaires, Boeing, Royal Air Maroc et Labinal (filiale de Safran), axée principalement sur l'élargissement de la base clientèle et l'amélioration de la qualité des produits fabriqués. À la qualité des produits, première fierté de Matis, s'ajoute la qualité des ressources humaines. Au nombre de 26 en 2001, Matis a vu passer pas moins de 1.100 employés, dont 640 sont toujours en activité. «Matis a été une bonne école de formation», confiait Hamid Benbrahim El Andaloussi, président de Gimas. Outre les effets d'apprentissage et les bonnes performances affichées par l'entreprise, Matis a aussi été le point de départ d'une industrie de haute technologie, que d'aucuns n'envisageaient pas au Maroc au début du présent millénaire, dans un contexte où la transition de l'industrie marocaine de la productivité à la compétitivité n'était pas encore entamée. Pourtant, cette aventure a amené dans son sillage nombre d'entreprises du secteur, qui ont cru aux capacités du royaume d'inscrire un pan important de son industrie dans la plus prestigieuse des chaînes de valeur mondiale, l'aéronautique. Pionnière, performante, Matis, dont le nom renvoie au nom du peintre préféré d'El Andaloussi, a définitivement marqué l'industrie aéronautique marocaine. Les Echos quotidien: Quelle place occupe actuellement Matis dans l'organisation mondiale de la production de Boeing ? Seddiq Belyamani : Dans le secteur aéronautique mondial actuel, la ligne de fabrication d'un avion a complètement changé : on sous-traite une grande partie de la fabrication des avions. C'est un nouveau modèle de business, où l'on donne à un partenaire la responsabilité non seulement de lfabriquer des composants d'avion, mais aussi d'investir, de construire des usines, et même d'embaucher. Le modèle vers lequel nous nous dirigeons pour le futur voudrait qu'on donne encore plus de responsabilité à nos fournisseurs, et c'est exactement ce que nous faisons avec Labinal et Matis. Auparavant, la responsabilité d'attirer les investissements étrangers sur le territoire national était du ressort des Etats et de leurs gouvernements. Aujourd'hui, Boeing mène une mission commerciale au profit du secteur aéronautique marocain... Boeing assume ce rôle d'intermédiaire, parce que tous les constructeurs sont à la recherche d'une diminution de leurs coûts de production. La concurrence acharnée entre ce que l'on appelle communément les «Original Equipement Manufacturers» (Airbus, Boeing, Dassault) les incite à imaginer des modèles de business qui satisfont cet impératif de maîtrise des coûts. D'ailleurs, cette concurrence entre constructeurs se répercute directement sur leurs fournisseurs et ceux de leurs fournisseurs qui ont aussi intérêt à se rapprocher géographiquement. Pour satisfaire l'accroissement de la production de Matis, comptez-vous revoir l'organisation de vos activités ? Nous comptons augmenter la charge de travail, sans augmenter la capacité, parce qu'on va d'abord tirer profit de l'espace dont nous disposons. Ensuite, il va falloir repousser les limites de notre site au delà des murs. Matis va grandir, et vous verrez, il y aura ici du Boeing 787 et bien d'autres choses. Vous savez qu'on fabrique ici à Nouaceur, 100 % du CFM56 qui équipe le 737 et il n'y a pas d'autres fournisseurs qui le font. Cela reflète la confiance qu'accorde Boeing à Matis, puisque, quand un fournisseur atteint un certain degré de fiabilité et de maturité technique, on finit par lui donner ce que l'on appelle du mono sourcing.