Depuis l'installation de Renault et de PSA, le Maroc a connu une ruée des équipementiers automobiles. Après Tanger et Kénitra, la ville de Meknès est en passe de devenir une plateforme incontournable en accueillant des gros calibres comme Yazaki, Delphi ou Yura Corporation. Depuis que Renault et, récemment, PSA ont jeté leur dévolu sur le Maroc pour installer leurs usines, les équipementiers automobiles n'ont pas tardé à leur emboîter le pas. Et, depuis lors, les différentes régions du royaume se livrent une bataille pour attirer ces entreprises, au vu des investissements et des emplois qu'elles génèrent. Tanger et Kénitra ont pris une longueur d'avance, car elles accueillent les deux industriels automobiles français sur leurs territoires. Mais ces derniers mois, une nouvelle ville est entrée dans la course : Meknès. La capitale ismaélienne a en effet réussi à attirer de grands équipementiers automobiles. En mars dernier, Yazaki a choisi Meknès pour ouvrir sa troisième usine au Maroc, après celles de Tanger et de Kénitra. Plateforme internationale Le fabricant japonais de faisceaux de câbles automobile a ouvert sa troisième plateforme industrielle à l'Agropolis, qui est en passe de devenir un grand pôle économique à proximité du grand axe autoroutier Oujda-Casablanca. La nouvelle unité s'étend sur une superficie de 56.000 m2 dont 30.000 construits, et emploie actuellement 1.700 personnes pour atteindre 2.700 en fin d'année. Opérationnelle depuis août 2015, la troisième unité du groupe japonais a nécessité plus de 17 millions d'euros. Ce faisant, Yazaki renforce ses capacités de production dans un secteur très concurrentiel. «Cette troisième unité va servir exclusivement le constructeur français Renault et plus particulièrement ses marques Scenic et Megane. Mais en fonction des commandes, le câblage d'autres modèles peut être effectué ici», indique El Mostapha Khaldi, directeur des ressources humaines. Autre équipementier ayant choisi la ville de Meknès, l'américain Delphi. Ce dernier va ouvrir une 4e usine de câblage pour l'automobile à Meknès avec un investissement de 400 MDH. Le site sera implanté sur 5 hectares dans l'Agropolis de Meknès. Selon le Centre régional d'investissement, le choix de Delphi de s'implanter à Meknès est intervenu après un benchmark entre plusieurs destinations, parmi lesquelles figurent Casablanca, Kénitra, Larache et Settat. Plusieurs facteurs attractifs ont motivé le choix du groupe pour s'implanter à Meknès, notamment le climat de paix social propice au travail et la mise en place des projets, comme en témoignent plusieurs industriels sur place. Enfin, le dernier équipementier à avoir annoncé son implantation à Meknès est le sud-coréen, Yura Corporation, spécialisé dans la fabrication des fils et câbles isolés. L'annonce a été faite officiellement lors de la présentation de la nouvelle charte de l'investissement, en juin dernier, et le contrat y afférant a été signé par le ministre Moulay Hafid Elalamy et Kwon Soon Kook, directeur général de Yura Corporation Morocco. Montant de l'investissement : 25 millions d'euros et des emplois de l'ordre de 1.000 postes. Compétitivité Pour la ville de Meknès, comme pour les autres villes et régions du royaume, la bataille pour attirer les investissements dans le secteur de l'automobile se joue au niveau de la compétitivité. Pour Moulay Hafid Elalamy, qui a présidé la cérémonie d'inauguration de la troisième usine de Yazaki, l'enjeu, aujourd'hui, est d'assurer la durabilité des investissements. «Le Maroc a déployé de grands efforts pour faire du Maroc un terreau industriel favorable. Aujourd'hui, c'est le cas, et nous sommes en train de cueillir les fruits de ces efforts avec l'implantation dans le royaume de géants mondiaux comme Yazaki», indique-t-il. Mais, poursuit-il, «notre mission ne prend pas fin à ce niveau pour autant. Dans un environnement très concurrentiel, il faut accompagner ces opérateurs qui s'implantent au Maroc pour garantir leur compétitivité», ajoute-t-il. Pour y arriver, le ministre et les dirigeants du groupe nippon ont convenu de la mise en place d'une commission mixte. Objectif ? «Plancher pendant deux semaines sur les pistes à même de renforcer la compétitivité de l'équipementier japonais», explique Elalamy. Ces dernières années, les équipementiers mondiaux ont peu à peu commencé à tourner le dos à l'Europe de l'Ouest puis de l'Est pour se relocaliser dans des pays à plus bas coûts comme le Maroc, la Tunisie ou encore l'Egypte. Du coup, la bataille est des plus rudes pour attirer ces opérateurs. «La Chine, usine du monde, perd sa compétitivité petit à petit à cause du renchérissement de ses coûts de production. Le Maroc a tous les atouts pour capter les investisseurs qui vont déserter l'Empire du milieu», estime le ministre de l'Industrie. Cela dit, l'enjeu pour le Maroc demeure l'intégration industrielle. «L'industrialisation que nous souhaitons développer ne peut pas être superficielle. Nous voulons intégrer notre tissu industriel local dans cette dynamique. D'ailleurs, c'est une condition sine qua non pour l'accompagnement de tous les projets industriels au Maroc», précise-t-il.