À l'issue d'un débat franc entre les principaux acteurs de la région, plusieurs recommandations ont émergé pour relancer l'activité économique à Fès-Meknès. Tour d'horizon. Ouvrir la région sur les principaux ports Pour le président de la région Fès-Meknès, l'un des grands défis consiste à savoir comment positionner la région et la relier aux principaux ports du pays. Port de Kénitra, Tanger Med, Nador West Med...Une liaison avec ces infrastructures portuaires est de nature à renforcer l'attractivité de la région. «Et cela n'est pas que du ressort de la région, toutes les parties prenantes, le gouvernement en tête, ont un rôle à jouer», précise Mohand Laenser. Driss Azami El Idrissi abonde dans le même sens: «la non-ouverture sur ces ports se traduit par un surcoût logistique», signale-t-il. Donner de «vrais» pouvoirs à la région «Que peut réellement faire la région?», se demande Mohand Lanser, manière d'expliquer que le champ d'intervention de cette institution n'est pas clairement défini. Le président de l'Association des régions du Maroc met le doigt sur un point crucial: sur le papier, la région a de nouvelles prérogatives, mais la réalité est tout autre. Et Abdellah Bouanou, président du Conseil de Fès de rebondir: «les lois qui donnent corps et âme à la région ne sont pas encore sorties. Du coup, sa marge de manœuvre demeure limitée». Mise à niveau des zones industrielles «Les zones industrielles, en particulier celle de Bensouda, sont dans un état lamentable. J'ai perdu mes partenaires et beaucoup de clients à cause des difficultés inhérentes au quartier industriel». Le coup de gueule de cet investisseur en dit long sur la qualité des infrastructures industrielles, en particulier à Fès. Driss Azami El Idrissi acquiesce: «Il faut une mise à niveau des quartiers industriels de la région, ce sont des atouts de compétitivité qui attirent ou, au contraire, font fuir les investisseurs», estime-il. Faciliter l'accès au foncier «Les investisseurs ont du mal à accéder au foncier. L'assiette est diversifiée mais aussi compliquée», fait savoir Abdellah Bouanou. Son diagnostic fait état d'une multitude d'intervenants: Habous, terres collectives, armée... l'assiette foncière est gérée par plusieurs départements, et chacun à ses propres règlements et procédures. L'accès au foncier relève ainsi du parcours du combattant, eu égard à la multitude des administrations que cela implique. «La démarche que nous avons adoptée à Meknès est de se faire assister par un bureau d'étude pour gérer le foncier et accompagner les investisseurs», indique Bouanou. Réactiver le CREA-FM Il s'agit là d'une demande du patronat de la région. «Je saisis l'occasion pour relancer le wali au sujet du Comité régional de l'environnement des affaires de la région de Fès-Meknès (CREA-FM). Il faut réactiver cet organe, créé depuis plus d'une année mais inactif jusque-là», insiste Mohamed Berrada Rkhami, président régional de la CGEM Fès-Taza. Ce cadre institutionnel a été mis en place pour relancer les investissements et améliore le climat des affaires. Renforcer les dessertes aériennes «Nous avons le produit touristique le plus riche et le plus varié. Mais malgré ces atouts, la destination n'attire pas grand monde. Nous espérons passer de 600.000 visiteurs à 1 million, mais cela reste difficile», avance, sans conviction, Driss Faceh, président du Centre régional du tourisme (CRT). Pour lui, l'aérien reste un grand obstacle au développement du tourisme dans la région. Il faudra donc mettre en place des vols low-cost et une liaison Fès-Marrakech pour dynamiser la région. Relancer l'industrie Fleuron de l'industrie au niveau national depuis l'Indépendance, la région, en particulier la ville de Fès, a perdu du terrain au fil des années. Peut-elle reconquérir sa place? Driss Azami n'en doute pas: «L'industrie y aura sa place, c'est ma conviction. Plusieurs facteurs plaident en faveur de la région: les nouveaux pôles économiques sont saturés, il y a un risque de concentration dans certaines zones, l'alibi fiscal n'est plus un handicap puisque la nouvelle charte de l'investissement prévoit une zone franche dans chaque région...». Certains opérateurs proposent des Assises régionales de l'industrie pour déterminer les secteurs porteurs. Une répartition équitable de l'investissement public Les chiffres avancés par le président du Conseil municipal de Meknès ont levé le voile sur une autre facette de l'inégalité entre les régions: la répartition de l'investissement public. «Le budget de l'Etat réserve 34 MMDH à la région de Rabat, 27 MMDH à celle de Casablanca, 19 à celle de Tanger et seulement 5,2 à Meknès-Tafilalet (les chiffres concernent l'ancien découpage). L'effort d'investissement public est déséquilibré», déplore Abdellah Bouanou. Et d'ajouter, sur un ton ironique: «Nous aussi, nous voulons des tramways, des autoroutes et autres projets structurants». Pour le président de la CGEM Meknès-Ifrane, Abdeljabbar El Achab, ceci s'inscrit en contradiction avec la logique économique car les régions intérieures exigent un effort supplémentaire de la part de l'Etat.