Au Djibouti, la mise en œuvre d'un ambitieux programme d'infrastructures dope la croissance. Celle-ci devrait se maintenir à un niveau assez élevé de 6,5% en 2016. Le Djibouti avance au rythme des grands chantiers d'infrastructures. Les principaux projets d'investissement en cours concernent l'agrandissement des ports publics existants et la construction de nouvelles installations portuaires, d'une nouvelle liaison ferroviaire et d'une canalisation d'eau potable entre L'Ethiopie et Djibouti. D'autres projets, dont certains sont à l'étude, portent sur la construction d'un oléoduc, avec l'Ethiopie, et celle d'aéroports, d'un parc éolien et d'une centrale géothermique, avec la Chine. Le taux d'investissement pourrait atteindre 57% du PIB en 2015-2016, contre 32% en 2010-2014, dont près de la moitié au titre de l'investissement public. Défis Mais, ce grand engouement pour les grands projets cache en même temps les nombreux défis auxquels le pays fait face. Le pays reste confronté à d'importants défis de développement. En dépit d'une croissance de près de 5% l'an, en moyenne, depuis 2006, l'extrême pauvreté affectait encore 42% de la population et le chômage 48% de la population active en 2012. Les créations d'emplois ont surtout bénéficié aux travailleurs expatriés, la main-d'œuvre locale étant insuffisamment qualifiée. En outre, l'agriculture demeure un secteur atrophié, du fait de la dureté du climat, et l'environnement des affaires reste difficile (coûts de production élevés, faible exécution des contrats, lourdeur bureaucratique, faible accès au crédit). La dépendance de l'économie à l'égard des activités portuaires reste forte, étant précisé que plus de 80% du trafic portuaire proviennent de l'Ethiopie, qui est dépourvue de façade maritime. Par ailleurs, la Chine étant la principale source de financement des projets d'investissements publics récents, un ralentissement accentué dans ce pays pourrait affecter le financement et la réalisation de certains projets. Dépenses L'inflation devrait remonter légèrement à mesure que les dépenses d'investissement alimenteront la demande de logements et de services de base, mais rester modérée du fait de la force du franc de Djibouti, ancré au dollar dans le cadre d'un système de caisse d'émission. La poussée des dépenses publiques et l'étroitesse de l'assiette fiscale se traduisent par une forte augmentation du déficit budgétaire. Il en est de même pour le déficit courant, qui n'a cessé de se creuser en raison de la montée en flèche des importations de biens d'équipement, et ce, malgré l'augmentation régulière des exportations, constituées pour l'essentiel de services portuaires. Un début de tassement des importations de biens d'équipement et la progression continue des exportations de services permettraient d'améliorer très légèrement les comptes extérieurs en 2016. Les investissements publics financés par des emprunts non concessionnels auprès de la Chine ont aggravé les facteurs de vulnérabilité de la dette. Dans ce contexte, les services du FMI estiment que tout endettement de nature à accroître le coût du service de la dette à moyen terme devrait désormais être évité. La dette publique extérieure culminerait à 79% du PIB en 2017. Soutien international Sur le plan interne, le président Ismaël Omar Guelleh, au pouvoir depuis 1999, continue à diriger le pays. De récentes accusations de corruption portées à l'encontre du chef de l'Etat pourraient ternir son image, notamment à l'étranger. Les accrochages entre l'opposition et les forces de sécurité risquent de s'intensifier à l'approche de l'élection présidentielle. Cela ne devrait toutefois pas remettre en cause le soutien accordé au pays par les puissances occidentales du fait de sa position stratégique dans la région. Djibouti devrait demeurer la capitale régionale de la lutte contre le terrorisme et la piraterie maritime compte tenu de sa proximité avec la Somalie, le Yémen et le Golfe d'Aden. Le pays accueille deux importantes bases militaires, l'une américaine, l'autre française, et un accord a été conclu en 2015 entre la Chine et Djibouti pour l'établissement d'une base militaire navale.