Avec des prévisions de croissance estimées à 8,1%, l'économie éthiopienne affiche des indicateurs favorables soutenus par l'investissement public. En Ethiopie, l'activité est restée nourrie en 2015, tirée principalement par la demande intérieure. En revanche, les exportations de biens et services se sont contractées sous l'effet de la baisse des prix des oléagineux et de l'or et du recul des recettes touristiques, tandis que les importations ont progressé fortement. Le secteur manufacturier, la construction et l'agriculture ont affiché un dynamisme certain alors que l'activité dans le secteur des services, dont la contribution à la croissance reste la plus importante, a ralenti. Transformation La sécheresse a affecté la production agricole en début d'année fiscale 2016 (elle commence en août), mais la croissance devrait continuer à bénéficier de la mise en œuvre d'un important programme d'investissements publics, qui se poursuit dans le cadre du 2e Plan pour la croissance et la transformation de l'Ethiopie. Celui-ci reste axé sur le développement des réseaux de transport et des infrastructures énergétiques (dont la poursuite du projet majeur de barrage de la Grande Renaissance), de télécommunications et de celles liées aux technologies de l'information. Le secteur manufacturier est au centre du nouveau plan. Les secteurs du cuir, de la chaussure, du textile et de l'agro-alimentaire devraient continuer à jouer un rôle moteur dans son expansion. Accès au crédit En dépit des progrès réalisés sur le plan économique et des perspectives de montée en gamme de la production, le pays reste très dépendant des produits de base, notamment agricoles, et, de ce fait, vulnérable aux aléas climatiques et à l'évolution des cours mondiaux. D'importants efforts restent à accomplir en vue d'améliorer le climat des affaires et la compétitivité. Le faible accès au crédit, la lourdeur des procédures administratives, la faiblesse des infrastructures et l'insuffisance de la formation de la main-d'œuvre constituent des handicaps. L'inflation, maintenue sous la barre des 10% jusqu'à mi-2015, est en augmentation, du fait du manque de pluie et de la hausse induite des prix des produits alimentaires. Déséquilibres Le déficit courant a augmenté en 2015 du fait du recul des exportations de biens et services (graines oléagineuses, or, voyages) et de la progression des importations. Les ventes de café et les remises des travailleurs expatriés ont, en revanche, légèrement augmenté. Ce déficit courant devrait se stabiliser à un niveau légèrement inférieur en 2016 et 2017 grâce à la reprise des exportations, tirées par l'industrie légère, l'horticulture et la vente d'électricité, en plus d'une hausse plus raisonnable des importations. La baisse des cours des matières premières agricoles devrait être en grande partie compensée par le recul du prix du pétrole importé. En revanche, la surévaluation de la monnaie éthiopienne (birr) continuera à peser sur la compétitivité. Le rééquilibrage éventuel de la croissance en Chine (1er investisseur étranger), à moyen terme, au profit de la consommation, devrait être profitable au pays, dont il est attendu qu'il continue à bénéficier de la délocalisation d'entreprises chinoises. Persistance de tensions internes L'Ethiopie se situe dans une région instable, marquée par des problèmes de sécurité et de stabilité politique. Les relations restent tendues entre l'Ethiopie et l'Erythrée, anciens belligérants. L'instabilité en Somalie constitue une menace pour la sécurité des pays voisins, dont l'Ethiopie. Par ailleurs, les tensions n'ont pas disparu avec le Soudan et l'Egypte au sujet du barrage de la Grande Renaissance. Enfin, sur le plan interne, on doit noter la persistance de mouvements séparatistes ou rebelles et de dissensions entre chrétiens et musulmans. Le Front démocratique révolutionnaire du peuple éthiopien, qui garde sa mainmise sur le pays, devrait toutefois conserver le pouvoir jusqu'aux prochaines élections législatives (2020).