Après avoir été malmenée par les surcapacités chinoises sur le marché international de l'acier, la sidérurgie mondiale affiche des signes de reprise. Les sidérurgistes marocains pourraient bénéficier d'un redémarrage en 2016. Le Maroc n'est pas le seul pays où la sidérurgie souffre du comportement du marché international de l'acier. Ce marché a, en effet, connu des transformations profondes au cours de la dernière décennie, sous l'impulsion directe et forte d'une seule puissance mondiale, la Chine. À des milliers de kilomètres pourtant, les décisions stratégiques de l'Empire du Milieu ont impacté l'industrie marocaine de l'acier, justifiant l'activation de mesures de sauvegarde au profit de ce secteur essentiel. Un seul chiffre suffit pour se rendre compte de l'ampleur de l'influence de la Chine sur la sidérurgie mondiale. «12 heures de la production chinoise d'acier suffirait à alimenter l'ensemble des besoins du Maroc pour une année», nous surprend Marcel Genet, consultant expert en la matière, invité par Sonasid, hier jeudi, pour animer une conférence autour du fonctionnement et des dernières évolutions du marché mondial de l'acier. Aussi, la Chine représente à elle seule la moitié de la production mondiale d'acier, tous types confondus. Du coup, lorsque cette puissance a décidé de réduire le rythme de construction de nouvelles infrastructures, principale activité consommatrice d'aciers (le BTP consomme 55% de la production), la répercussion sur les cours mondiaux a été fortement ressentie par les sidérurgistes du reste du monde, dont Sonasid. En effet, la Chine, qui a multiplié par 7 ses capacités de production en 15 ans, a littéralement déversé sa surproduction non absorbée par le BTP sur les marchés mondiaux, provoquant ainsi un effondrement des cours. Le leader marocain du secteur a ainsi accusé des pertes lors du dernier exercice, impacté par ces conditions défavorables sur le marché. «Mais les fondamentaux de l'entreprise restent solides, ce qui n'est pas le cas pour beaucoup de sidérurgistes, notamment européens», estime l'expert. Selon lui, une remontée des cours est en train de se dessiner et 2016 pourrait être l'année de la reprise. «Vu les indicateurs dont on dispose actuellement, 2016 serait l'année du redémarrage de la sidérurgie mondiale, mais nous n'avons pas suffisamment de recul pour établir des prévisions avec confiance», tempère-t-il, plutôt optimiste sur l'évolution du secteur, notamment au profit des sidérurgistes marocains.