À quelque chose malheur est bon : les déclarations calamiteuses de Ban Ki-moon ont donné un sacré coup d'accélérateur au dossier ! Les réactions ont été immédiates non pas seulement au Maroc, mais partout dans le monde. Kurtis Cooper, porte-parole de la mission des Etats-Unis à l'ONU, a réitéré le soutien de son pays à la proposition d'autonomie pour les provinces du Sud, la qualifiant de crédible et réaliste. La succession effrénée des événements est souvent salvatrice. À six mois de la fin de son mandat de SG de l'ONU, Ban Ki-moon dévie de l'impartialité inhérente à sa fonction, dans l'affaire du Sahara marocain. Quelle est la motivation réelle du diplomate onusien qui doit bientôt plier bagage ? Mais à quelque chose malheur est bon: ses agissements ont donné un sacré coup d'accélérateur au dossier. Ainsi, ce weekend, Kurtis Cooper, porte-parole de la mission des Etats-Unis à l'ONU, a réitéré le soutien de son pays à la proposition d'autonomie pour les provinces du Sud, la qualifiant de «crédible et réaliste». Plus encore, la position du Conseil de sécurité, lors de sa réunion du jeudi 17 mars, n'a pas été du goût de Ki-moon qui aurait espéré des propos plus fermes à l'encontre du Maroc. Si l'on ajoute à cela le plébiscite de la proposition marocaine par les experts internationaux et responsables gouvernementaux, réunis du 17 au 22 mars à Dakhla dans le cadre du Forum Crans Montana (voir pages 12 et 13), le royaume sort en fait gagnant. La députée européenne Rachida Dati n'a pas mâché ses mots, qualifiant les propos de Ki-moon «d'irresponsables et ne convenant pas à sa fonction». Enfin, la lettre royale adressée aux participants du forum a évoqué des pôles économiques dans les villes du Sud pour en faire autant de phares à la porte de l'Afrique subsaharienne. Tous ces éléments convergent pour donner un sacré coup de fouet à un processus qui dure depuis quarante ans. Revenons aux circonstances de l'imprudente sortie du SG de l'ONU lors de sa visite dans la région. Lors d'une conférence de presse tenue vendredi à Rabat, Nasser Bourita, ministre délégué aux Affaires étrangères, en a étayé les tenants et aboutissants, articulés en quatre points essentiels. Premièrement, l'utilisation du terme «occupation» à l'issue d'une rencontre à Tindouf est, plus qu'un dérapage verbal, porteuse de lourdes conséquences sur les plans politique et juridique. Le terme peut aller jusqu'à modifier la substance du dossier. En arborant, en ces lieux, un V de victoire, le SG de l'ONU ne laisse aucun doute quant au fond de sa pensée. Ses prédécesseurs n'ont jamais prononcé ce mot qui, même d'un point de vue légal, est incorrect, si l'on tient compte de sa définition dans la Convention de la Haye. Dans les 35 décisions de l'Assemblée générale des Nations-Unies, depuis 1980, il n'y est jamais fait usage du mot occupation. Car il s'agit bel et bien d'un différend territorial et non d'occupation. Deuxièmement, l'incongrue visite de Ki-moon à Bir Lahlou, à partir de Tindouf, et non à partir des provinces du Sud du royaume, laisse croire que cette zone est un prolongement de Tindouf, alors qu'il s'agit d'une zone tampon. Elle fait partie du territoire du Sahara marocain, mise à la disposition des Nations-Unies en 1991 pour faciliter la mise en œuvre de l'accord de cessez-le-feu. Troisièmement, le fait qu'il déterre à partir d'Alger l'option du référendum, le SG de l'ONU fait preuve d'un grave oubli puisque l'idée ne figure plus depuis 2004 sur les radars du Conseil de sécurité. Elle a été qualifiée depuis le temps de caduque et dépassée. Quatrièmement, l'appel de Ki-moon à une conférence des donateurs pour le Sahara, chose qui s'inscrit en contradiction avec ses recommandations contenues dans tous les rapports présentés au Conseil de Sécurité depuis 2009, appelant au recensement de la population des camps de Tindouf. Mais au lieu de maîtriser la situation et de se confondre en excuses, il a publié un communiqué justifiant fallacieusement l'utilisation du terme «occupation» et fait passer toute critique de la personne du Secrétaire général pour une attaque contre l'Organisation des Nations-Unies. Ce que le Maroc s'est empressé de démentir, faisant le distinguo entre le confrontation avec la personne et les bonnes relations que le pays entretient avec l'ONU. Face à l'affront de Ki-moon, le Maroc a pris les décisions qui s'imposent, proportionnellement à ses dérapages. Il s'agit d'abord, comme l'a précisé Bourita, de la réduction significative d'une grande partie de la composante civile et plus particulièrement du segment politique de la MINURSO, et l'annulation de la contribution volontaire qu'accorde le Maroc au fonctionnement de celle-ci. S'agissant du retrait des contingents marocains engagés dans les opérations de maintien de la paix, Bourita a rappelé que cette mesure faisait l'objet d'un examen. Et d'ajouter que suite aux interventions de pays membres du Conseil de sécurité et des pays où sont stationnées les forces marocaines, qui ont unanimement salué les contingents marocains et leur grand professionnalisme, le Maroc a décidé de surseoir, à ce stade, à cette décision et de respecter ces réactions positives. Ce n'est pas la première fois... Ce n'est pas la première imprudence de Ban Ki-moon vis-à-vis du dossier du Sahara. En 2014, un rapport mettait en avant l'idée de mise en place d'un mécanisme de surveillance des droits de l'Homme au Sahara. Une option qui n'a pas recueilli le soutien nécessaire de la plupart des pays, et qui a fait monter d'un cran la tension entre le Maroc et le secrétaire général des Nations-Unies. L'option a vite été battue en brèche puisqu'elle ne présentait pas les mêmes prérequis que pour les autres conflits mondiaux. Le secrétaire généra a alors été invité à visiter les provinces du Sud par lui-même pour constater par lui-même un éventuel manquement aux droits de l'Homme ou une exploitation indue des richesses. Bien au contraire, le modèle de développement des provinces du Sud a demandé la mobilisation de plus de 70 MMDH. Toutefois, l'invitation du Maroc a reçu une fin de non-recevoir.