Energie, pêche, agriculture... le partenariat entre les deux pays entame une nouvelle phase. Les conventions et accords signés permettront notamment de renforcer la coopération dans le domaine énergétique et d'encourager les investissements. Des initiatives qui ouvrent la voie à l'installation de grands groupes russes au Maroc. Le partenariat stratégique signé entre le Maroc et la Russie en 2002 se voit aujourd'hui relancé de plus belle grâce à la signature de plusieurs conventions bilatérales entre les deux pays. La rencontre entre le roi Mohammed VI et le président russe, Vladimir Poutine, a permis de revenir sur les principales questions liées à la situation au Proche et Moyen-Orient et en Afrique du Nord. Les entretiens ont notamment permis de discuter de la situation en Syrie et de l'affaire du Sahara (voir encadré). Ce sont aussi les contours de la nouvelle coopération économique entre les deux pays qui ont pu être tracés à l'occasion de cette rencontre des deux chefs d'Etat. Selon l'agence de presse russe Sputnik, le président russe a fait part de sa volonté de voir les échanges commerciaux, notamment agricoles, s'améliorer durant les prochains mois. Un communiqué conjoint publié à l'issue de cette rencontre confirme également la volonté des deux pays de renforcer la coopération dans le secteur énergétique. Selon cette déclaration, la coopération devrait concerner «l'approvisionnement en Gaz naturel liquéfié (GNL), la prospection, ainsi que la construction d'infrastructures gazières, électriques et les énergies renouvelables». Bientôt Gazprom ? Un mémorandum d'entente sur la coopération dans le domaine de l'énergie a pu être signé par les ministres de l'Energie des deux pays. Le Maroc est intéressé par l'introduction des entreprises du secteur énergétique russes. C'est le cas notamment du géant gazier russe, Gazprom, qui pourrait jouer un rôle important sur le marché pétrolier du pays. Accompagné d'une forte délégation composée de plusieurs ministres et de hauts responsables, le souverain a en effet présidé, en compagnie du président russe, la cérémonie de signature de plusieurs conventions de coopération bilatérale dans divers domaines. Il s'agit notamment d'un accord de coopération en matière de pêche maritime. Les deux pays sont déjà liés par un accord de pêche, et la Russie envisageait depuis un moment d'agrandir son quota de pêche dans les eaux marocaines. Les échanges commerciaux et les investissements ne sont pas en reste. Les IDE russes sont pratiquement inexistants au Maroc. En cause notamment, l'absence de sécurité juridique et d'accord sur la protection des investissements. Une lacune qui sera bientôt comblée grâce à un accord relatif à la promotion et la protection réciproques des investissements qui vient d'être signé ce mardi à Moscou. Même constat pour la facilitation des échanges, surtout en matière agricole. Un mémorandum d'entente dans le domaine phytosanitaire des végétaux et produits végétaux a été signé en vue notamment de faire face à certains obstacles qui peuvent barrer la route aux exportations marocaines. Sécurité juridique Côté sécurité et coopération militaire, les deux pays ont renforcé le partenariat grâce à un accord sur la protection mutuelle des informations classifiées dans le domaine militaire et militaro-technique ainsi qu'une convention sur la lutte contre le terrorisme international. Sur le volet touristique, le Maroc se donne les moyens de ses ambitions en Russie grâce à la signature d'un programme d'actions communes pour les années 2016-2018. Un pas de plus vers la réalisation de l'objectif de 200.000 touristes russes par an visé par le Maroc depuis le retrait de l'Egypte et de la Turquie du marché touristique russe. D'autres accords signés concernent le régime d'extradition, les services aériens ou encore la coopération dans les domaines de la protection de l'environnement et de l'utilisation rationnelle des ressources naturelles. Des mémorandums d'entente concernant les domaines de la recherche géologique, de la coopération religieuse et culturelle ont également été adoptés. La Russie maintient sa position Concernant la question du Sahara, la «Déclaration conjointe sur le partenariat stratégique approfondi» publiée à l'issue de cette rencontre entre les deux chefs d'Etat a permis de confirmer que «La Russie ne soutient aucune tentative d'accélérer ou de précipiter la poursuite du processus politique». Ce faisant, le pays des tsars confirme sa position officielle manifestée notamment à l'occasion du vote de la résolution 1813 du Conseil de sécurité en 2008. La Russie avait alors joué un rôle crucial dans le maintien et la consolidation des paramètres d'implication des Nations Unies, à travers la Minurso, dans le différend régional sur le Sahara. La Russie s'était alors opposée à l'inclusion de toute référence à la question des droits de l'Homme dans la résolution. La Fédération de Russie a même menacé d'exercer son veto technique à toute mention faite des droits de l'Homme.