Selon les résultats du sondage que vient de réaliser le Centre marocain de conjoncture (CMC), 80% des industriels anticipent une croissance faible pour l'année en cours. Les chefs d'entreprise sont toutefois partagés sur les causes de cette faiblesse qu'ils attribuent, en grande partie, à la conjoncture internationale et au contexte national, marqué par les prémisses d'une mauvaise campagne agricole conjuguée à un ralentissement de certains secteurs. Il fallait s'y attendre certainement au regard des prévisions peu reluisantes des perspectives de croissance établies par les institutions nationales (HCP, CMC, BAM) et internationales sur le ralentissement de la croissance, attendu cette année. Selon les résultats du sondage annuel que réalise le Centre marocain de conjoncture (CMC) auprès des industriels sur les perspectives de croissance pour 2016, près de 80% des chefs d'entreprise s'attendent à une année difficile, comparée à l'exercice précédent. Le sondage, qui a été réalisé au dernier trimestre de l'année 2015, donne une idée de la perception des opérateurs économiques du secteur industriel sur leur perception des perspectives de croissance durant l'année 2016. «Les résultats de cette enquête corroborent les prévisions annoncées par de nombreux organismes tant nationaux qu'internationaux», confirme l'enquête du CMC qui conclut à «une croissance faible pour plus de 80% des industriels». C'est au niveau des causes de ce ralentissement que réside la nouveauté de cette étude puisque les chefs d'entreprise sont partagés quant aux causes de cette situation. Les causes de cette faiblesse au niveau global sont attribuées, par 20,6% des opérateurs, à la conjoncture internationale et 13,2% considèrent la conjoncture nationale responsable de cette situation. Toutefois, «une partie presque équivalente pense que l'amélioration de la conjoncture a évité à l'économie marocaine de se détériorer encore davantage en 2016», tempère le CMC. Mesures insuffisantes Selon les résultats du sondage du CMC, pour 67% des opérateurs marocains enquêtés, les configurations prévisionnelles de la croissance en 2016 seront influencées négativement par la pluviométrie. Les conditions du marché intérieur auraient un impact moyennement favorable pour 43,5% et favorable pour 30,4% des chefs d'entreprise. La demande étrangère n'est perçue comme favorable à la croissance en 2016 que pour 28,3% et sur ce registre, elle serait plutôt moyennement favorable, puisque 37% des responsables industriels la juge comme telle. Dans le même cadre, la contribution de l'investissement public à la croissance de l'année en cours est considérée comme moyennement favorable pour 47,8% des chefs d'entreprise et 28,3% la juge favorable. La politique monétaire et le prix de pétrole sont deux facteurs qui, selon ces responsables, auront un impact positif sur la croissance en 2016. La faiblesse de la croissance est aussi sectorielle, lit-on dans le document qui se base sur le fait que la faiblesse de l'activité n'est pas seulement globale. Elle est aussi perçue par les industriels au niveau sectoriel avec 71,7% des responsables du secteur industriel enquêtés qui déclarent qu'en 2016 leurs activités respectives seraient faibles contre 28,3% qui s'attendent à une dynamique plus forte de la production de leurs secteurs. «Certaines composantes de l'activité économique ont tiré la croissance vers le bas notamment la consommation, la demande étrangère, le coût de la main-d'œuvre et la fiscalité» qui sont, le plus souvent, cités par les industriels comme des éléments déterminants dans les anticipations de croissance de leurs activités en 2016. Ces facteurs sont cités avant le coût de l'énergie et celui des matières premières. L'autre intérêt de l'enquête du CMC, c'est l'appréciation des industriels sur l'impact des mesures contenues dans la loi de Finances. De l'avis des chefs d'entreprises sondés, «ces mesures sont insuffisantes pour impulser une dynamique suffisante à la croissance». Ainsi, c'est presque 74% des personnes interrogées qui estiment que la hausse de l'investissement n'est pas suffisante pour faire face au cycle conjoncturel qui s'annonce pour l'année à venir. Il en est de même pour les nouvelles fiscales et les mesures prises en faveur des PME/PMI, jugées par plus de 63% comme insuffisantes. La satisfaction des chefs d'entreprise est exprimée en faveur de la décompensation, des objectifs de réduction des déficits budgétaires et de celle du déficit externe. Autant dire, la mise en œuvre des réformes ayant permis d'améliorer les indicateurs macroéconomiques a été bien perçue par les industriels en dépit de la morosité ambiante.