La politique engagée depuis plus d'une décennie, consistant à acheter l'immobilier au prix du loyer, semble porter ses fruits. Aujourd'hui, seuls les crédits immobiliers résistent, affichant même une progression, alors que les ménages recourent de moins en moins aux crédits à la consommation. Les ménages s'endettent plus pour acquérir un logement que pour s'offrir des produits de consommation. En effet, cette tendance, qui se dessine depuis 2014, s'est confirmée au cours des 11 premiers mois de l'année écoulée. Ainsi, les statistiques monétaires de Bank Al-Maghrib font ressortir une exposition en baisse aux crédits à la consommation auprès des sociétés de financement de 0,2% par rapport à fin juin 2015, et de 0,3% par rapport à fin décembre 2014 pour porter leur encours de dettes à 45,54 MMDH, dont 26,59 MMDH en crédits à la consommation et 10,31 MMDH en crédit bail. Plutôt l'immobilier Par ailleurs, si les ménages recourent de moins en moins aux crédits consommations qui demeurent tout de même chers - sauf durant les périodes de «soldes» avec des crédits gratuits pour les occasions (fêtes religieuses, rentrée scolaire et vacances)- ils sont davantage exposés aux comptes débiteurs (dits aussi découverts et crédits revolving). Ces moyens de financement, bien qu'ils soient chers, permettent aux ménages de disposer de revenus supplémentaires à même de leur permettre de rééquilibrer leur budget; pour d'autres c'est davantage un outil pour financer des achats inopinés. L'encours de ces crédits est ainsi en léger avancement de 0,1% entre octobre et novembre 2015, mais tout de même en baisse de 3,8% par rapport à décembre 2014. Il s'établit en conséquence à 18,49 MMDH. Le recours à ces deux mécanismes se fait ainsi de moins en moins au profit des crédits immobiliers, dénotant d'une rationalité des ménages dans leurs engagements financiers. Ainsi, on notera que les crédits à l'habitat sont en importante progression par rapport à décembre 2014, de l'ordre de 4,7%, pour atteindre un encours de 158,62 MMDH. D'un mois à l'autre (entre octobre et novembre), la hausse est de 0,6%. Les crédits pour financer l'auto-construction, en revanche, ont connu une baisse de 3,7% par rapport à fin décembre 2014 et une stagnation comparée à octobre 2015 avec un encours de 19,66 MMDH. Ce déclin s'explique tout d'abord par la dynamique que connaît l'auto-construction de manière saisonnière, notamment durant les périodes d'élections, mais aussi par la rigidité des procédures à suivre pour avoir toutes les autorisations nécessaires. Cette progression de l'endettement des ménages s'accompagne malheureusement par une hausse des créances en souffrance de 0,4% par rapport à octobre 2015 et de 4,8% par rapport à décembre 2014, gageant des difficultés financières de cette classe d'agents économiques. 5,95 MMDH en microcrédit Par ailleurs, les ménages qui n'ont pas accès au circuit bancaire ont également eu recours aux associations de microcrédit. Ils y disposent, en effet, d'un encours de crédit de 5,95 MMDH (en hausse de 9,2% par rapport à fin décembre 2014), dont 5,2 MMDH pour la micro-entreprise (en hausse de 6,7% par rapport à fin décembre 2014) et 343 MDH en crédits à l'habitat (en hausse de 3,8% sur la même période). Caractérisés par la faiblesse de leurs montants mais aussi par leur accessibilité, ces crédits sont adressés aux populations à très faibles revenus. Selon une précédente étude de la Banque centrale, arrêtée à fin décembre 2014, les crédits à l'habitat sont essentiellement demandés par des personnes âgées de plus de 40 ans. Par catégorie socioprofessionnelle, ce sont les salariés et les fonctionnaires qui constituent les catégories qui recourent le plus au crédit habitat, avec une concentration au niveau de la région de Casablanca et celle de Rabat. Par ailleurs, pour ce qui est des crédits à la consommation, ce sont plutôt les personnes âgées de plus de 50 ans qui y recourent le plus. Tout comme pour le crédit habitat, ce sont les salariés et les fonctionnaires habitant les agglomérations de Casablanca et de Rabat qui en sont demandeurs. Quant aux revenus de près de la moitié des contractants des deux types de crédit, ceux-ci se situent en dessous des 4.000 DH. De l'endettement des MRE et des entrepreneurs individuels Dans une autre classification de Bank Al-Maghrib, on peut distinguer particuliers et Marocains résidant à l'étranger des entrepreneurs individuels. La première catégorie recourt davantage au crédit. Elle détient un encours de 213,52 MMDH, en hausse de 0,6% par rapport à octobre 2015, et de 4,7% par rapport à décembre 2014. La seconde catégorie, à savoir les entrepreneurs individuels, a, en revanche, eu moins recours au crédit. Son encours a reculé de 0,3% entre octobre et novembre 2015 pour s'établir à 52,71 MMDH au lieu de 52,88 MMDH. Les premiers comme les seconds voient l'essentiel de leurs encours de crédits concentrés au niveau des crédits immobiliers, avec une prédominance des crédits à l'habitat chez les particuliers et MRE et des crédits à la promotion immobilière chez les entrepreneurs individuels.