L'industrie des jeux vidéo reste un secteur de niche au Maroc, pourtant son potentiel est grand. Relancer la dynamique de la filière nécessite un plan global de bout en bout. La dernière levée de fond réalisée par RymGames, entreprise marocaine éditrice de jeux vidéos, auprès de MNF serait-elle un signe annonciateur d'un regain d'intérêt pour l'industrie ? On serait tenté de le croire, pourtant le retard qu'accuse le secteur dans le royaume persiste. Un manque à gagner qui contraste avec l'importance que revêt le secteur qui pèse quelques 70 milliards d'euros dans le monde. Une croissance fulgurante qui ne profite pas à notre pays, pourtant précurseur il y a quelques années en la matière. «Pour faire une rétrospective, le développement de jeux vidéo au Maroc a commencé officiellement en 1998 avec l'ouverture d'une filiale d'Ubisoft à Casablanca. Une très bonne initiative qui a propulsé le Maroc aux première loges dans toute la région Afrique et Mena. C'était la première multinationale de jeu vidéo qui avait ouvert dans la région, où on a vu le développement de plusieurs grands projets mondiaux, notamment Prince of Persia», rappelle Yassine Arif, co-fondateur du collectif Moroccan Game Developers. L'initiative, qui devait se renforcer avec la création du campus Ubisoft (dont le but est de préparer une génération marocaine de concepteurs et d'artistes pour des jeux AAA (Jeux vidéo à grands budgets), a subi un échec retentissant avec l'arrêt de la formation au bout de la deuxième promotion. Les opérateurs de la filière épinglent le manque de suivi et l'absence de volonté. Aujourd'hui, le secteur du jeu vidéo reste une niche au Maroc puisqu'il concerne quelques dizaines d'acteurs (Ubisoft Casablanca, Ezelia, Lorem, RymGames, DevisIon, The Wall Games, etc) dont les débouchés sont internationaux principalement. Leviers de développement : Selon Newzoo, le Maroc est valorisé à 49 millions de dollars de revenus, générés exclusivement pour les compagnies internationales, mais pas exploités localement. Selon les opérateurs de l'industrie, le statu quo dans lequel se vautre le secteur n'est pas fatal. Un certain nombre de leviers sont susceptibles de permettre le décollage de cette industrie du divertissement. Dans ce sens, la Tunisie est érigée en exemple. Un plan de développement du secteur a été lancé chez nos voisins avec le concours de l'Association des développeurs de jeux vidéo. Dans le royaume, les opérateurs pointent des blocages numériques. «Les blocages numériques sont légion. App Store (Apple), Xbox Live (Microsoft), PlayStation Network (Sony) ne reconnaissent pas le Maroc, on ne peut pas vendre via Google Play, ce qui constitue un gros obstacle pour les développeurs locaux», souligne Yassine Arif. Et comme le décollage d'une industrie passe inéluctablement par la mise en place d'un écosystème de bout en bout, les opérateurs marocains requièrent un plan d'accompagnement construit en amont sur des projets éducatifs pour assurer la formation des développeurs de jeux vidéos et en aval sur des incitations fiscales et un soutien à l'export.