Le pr. abdellatif ben idder examinant un patient au centre d'oncologie de casablanca. Depuis sa création en 2005, la Fondation Lalla Salma de lutte contre le cancer a œuvré pour améliorer les conditions de traitement des malades de cancer. Dix ans plus tard, on parle de révolution du traitement de la maladie au Maroc. Entre centres d'oncologie, institutions dédiées à la R&D, humanisation des hôpitaux ou encore maisons de vie, les réalisations sont phénoménales. Une révolution du traitement du cancer. C'est ainsi que les médecins qualifient, à l'unanimité, le travail de la Fondation Lalla Salma de lutte contre le cancer, créée le 22 novembre 2005. Depuis sa naissance, justement, l'institution a carburé, si bien qu'en fin 2008, la première grande réalisation de la Fondation, alors Association, voyait le jour comme pour donner un avant-goût de ce qu'allait être l'envergure des futurs chantiers. Le Centre d'oncologie Ibn Rochd de Casablanca a ainsi été inauguré. À l'époque, Casablanca avait été choisie pour l'importance de sa démographie, comptant 10% des malades de cancer. D'où l'importance de se doter d'un centre d'oncologie dans la métropole. «Ce centre a été inauguré en fin 2008 au CHU Ibn Rochd de Casablanca en vue de traiter les patients par chimio-radiothérapie. Ensuite, la Fondation a mis en place le second bâtiment dédié aux cancers gynéco-mammaires», déclare le Pr.Abdellatif Ben Idder. Et pour cause, les cancers gynéco-mammaires représentent 60% des cancers de la femme. Cette prépondérance a ainsi motivé la création à Rabat en 2013 du centre Sheikha Fatma pour les cancers gynéco-mammaires. L'oncologie pédiatrique n'est pas en reste. Avec 12.000 nouveaux cas chaque année, les cancers de l'enfant sont plus rares mais jouissent de grandes chances de guérison. Pour multiplier leurs chances de rétablissement, la Fondation Lalla Salma a équipé et modernisé les deux centres d'oncologie pédiatrique de Casablanca et Rabat, en plus de la construction de deux nouveaux centres à Fès et Marrakech. Des efforts fructueux Un engagement et des efforts si palpables qu'ils se sont même reflétés sur le positionnement du Maroc dans le classement régional. «Aujourd'hui, nous faisons figure d'exemple. Un énorme progrès a été réalisé dans la R&D, mais aussi en termes de prise en charge, logistique et extension des centres. Il faut savoir qu'en termes de logistique, le Maroc est 2e sur le continent après l'Afrique du Sud», déclare Pr. Errihani. Sur le volet de la recherche scientifique, si le Maroc n'est pas «encore» doté de laboratoires high-tech et sophistiqués, la recherche est tout de même adaptée au Maroc et ses problématiques. «À titre d'exemple, je peux citer la particularité psychosociale du patient marocain, l'impact de la religion musulmane sur la maladie, les caractéristiques génétiques du cancer du poumon... En tout cas, le nombre de recherches a augmenté. Sans équivoque, le Maroc est premier au Maghreb, dans ce domaine», tient à préciser, non sans fierté, le Pr Errihani. Notons que la recherche scientifique sur le cancer au Maroc traite généralement les études cliniques, épidémiologiques et protocoles thérapeutiques. «Nous avons mis en place des protocoles spéciaux pour nos malades marocains. Nous réalisons également des recherches sur les facteurs de risque. Nos résultats sont publiés et acceptés par des revues internationales», détaille le Pr. Abdellatif Ben Idder. Et pour atteindre un meilleur niveau de recherche, un Institut de recherche sur le cancer, est opérationnel depuis septembre 2015 au Centre hospitalier et universitaire de Fès, par le biais d'un financement par la Fondation Lalla Salma. Cette structure ambitionne de devenir un centre académique d'excellence où les compétences et les expertises sont mutualisées au service de la recherche en cancérologie. Sur le terrain, la Fondation Lalla Salma a œuvré pour l'amélioration des structures de dépistage de cancer en amont. Les centres de référence de la santé reproductive accueillent les femmes détectées par les centres de santé après l'observation d'anomalies à l'examen clinique. Aujourd'hui, le Maroc compte 24 centres de référence de la santé reproductive répartis dans les principales régions. À l'horizon 2019, chacune des 88 provinces du royaume disposera de son propre centre. L'offre en oncologues dépasse la demande La Fondation a établi un Plan national de prévention et de contrôle du cancer (PNPCC) avec des objectifs de lutte contre la maladie, pour la période 2010-2019. Ce PNPCC couvre plusieurs domaines d'intervention : réglementaire, thérapeutique, équipement, infrastructures, formation des professionnels, accompagnement social, sensibilisation... Dans ce cadre, des centres d'oncologie sont aujourd'hui opérationnels à Tanger, Al- Hoceima, Oujda, Meknès, Fès, Rabat, Casablanca, Marrakech, Agadir. Deux autres sont en construction à Beni Mellal et Lâayoune. En termes de formation, à Rabat, le Pr. Errihani encadre les étudiants en oncologie médicale universitaire. «Nous formons, chaque année, 80 oncologues médicaux disponibles pour les centres d'oncologie à travers le royaume». Rachid Bekkali, Directeur général de la Fondation Lalla Salma. Les objectifs de la Fondation Lalla Salma pour la prochaine décennie sont simples. Le ministère de la Santé et la Fondation Lalla Salma ont élaboré un plan cancer qui court jusqu'en 2019. Aujourd'hui, nous sommes en train de mettre en place ce plan. Plus tard, nous aurons probablement à le compléter par d'autres activités et actions et ainsi améliorer et maintenir tout ce qui a été réalisé jusque-là. En ce qui concerne les pourvoyeurs de fonds de la fondation, ce sont les mécènes qui permettent à la fondation d'exister et de concrétiser ses projets, mais après 10 ans de réalisations, notre mission pourrait être appelée à évoluer. En effet, plusieurs partenaires nous demandent de travailler avec eux dans d'autres domaines, mais pour le moment nous sommes concentrés sur notre mission première : la lutte contre le cancer.