L'Association Lalla Salma de lutte contre le cancer (ALSC) prévoit d'ouvrir début 2013, deux pôles d'excellence en gynéco-oncologie à Casablanca et à Rabat. Objectif : assurer une meilleure prise en charge des cancers de la femme. Durant les dix premiers mois de 2012, la Maison de Vie de Casablanca a reçu 1 184 personnes dont 974 malades, soit un taux d'occupation de 80 %. Bonne nouvelle pour les femmes atteintes de cancer. Elles pourront subir des traitements dans les deux futurs centres d'oncologie gynécologiques qui seront ouverts à Casablanca et Rabat par l'Association Lalla Salma de lutte contre le cancer. Ces deux structures d'un coût global de 100 millions de dirhams, seront opérationnelles début 2013. « La création de ces infrastructures permettra de développer et d'améliorer les conditions de prise en charge des cancers de la femme. Ces structures seront ainsi des pôles d'excellence d'oncologie gynécologique pour la formation et la recherche scientifique et prendront en charge plus de 6 000 patientes par an », indique l'Association. Prévenir les cancers du sein et du col de l'utérus En édifiant ces deux centres, l'ALSC souhaite aussi prévenir les cancers du sein et du col de l'utérus qui représentent respectivement 36 % et 13 % des cancers les plus fréquents chez la gent féminine. Des pathologies qui occasionnent un nombre important de décès. « Les cancers gynéco-mammaires représentent en général 60 % des cas de cancers chez la femme. Mais souvent les patientes consultent souvent tardivement leur médecin. C'est la raison pour laquelle l'Association a mis en place sur pied des centres de diagnostic à Témara et à Casablanca pour une détection précoce du cancer du sein et du col de l'utérus », confie le Pr Abdellatif Benider chef du service oncologique de Casablanca «. Pour montrer l'état d'avancement des travaux, l'Association a convié la presse à une visite des lieux mercredi dernier. Au total, les deux centres disposeront de 13 salles de consultations, cinq blocs opératoires, plus de 44 lits, des services de radiothérapie et de chimiothérapie, une pharmacie, et un dispositif de visio-conférence pour échange d'expériences avec des experts étrangers. Ils s'ajouteront aux centres régionaux d'oncologie généraliste déjà ouverts par l'association et qui sont implantés un peu partout dans le royaume. « La prise en charge des malades s'effectuera de façon pluridisciplinaire. Les différents spécialistes se réuniront avant de trancher sur le type de traitement (radiothérapie ou chimiothérapie) à appliquer aux patientes », souligne le docteur Rachid Bekkali directeur exécutif de l'ALSC. Aussi, l'association a signé deux conventions avec un grand institut de beauté de renommée internationale qui va délivrer des soins et des trousses esthétiques aux malades. Suivi du traitement Pour accompagner les personnes atteintes de cancer, l'Association Lalla Salma a construit, depuis 2007, des « Maisons de vie » à Casablanca, Agadir et Fès. Ces demeures construites non loin des centres d'oncologie constituent des lieux d'hébergement pour les patients issus des régions lointaines. « Pendant longtemps, plusieurs malades venus des autres villes trouvaient des difficultés a trouver un local où ils pouvaient séjourner durant leur traitement. Certains mêmes n'hésitaient pas à élire domicile aux abords des hôpitaux. C'est cette situation qui a motivé l'ouverture des Maisons de vie », révèlent Adnane Brahim directeur de la Maison de Vie de Casablanca. Ce local situé sur l'avenue Nador est équipé de 40 lits et a accueilli en 2011 1 278 personnes dont 868 malades, soit un taux d'occupation de 78,70 %. Durant les dix premiers mois de 2012, la maison a reçu 1 184 personnes dont 974 malades, ce qui présente un taux d'occupation de 80 %. En effet, « les malades peuvent choisir des accompagnants durant leur séjour. Ces résidents- dont 70 % de femmes- donnent une mensualité symbolique de 15 dirhams », ajoute-t-il pour justifier ces chiffres. Les pensionnaires bénéficient d'un service de restauration et sont transportés gratuitement par un bus lors de leurs déplacements à l'hôpital. Abderrahmane Diagne, d'origine mauritanienne, habite les lieux. Visiblement dominé par la maladie, cet enfant ouvre à peine la bouche pour communiquer avec ses interlocuteurs. Son grand frère et accompagnant Mohamed Diagne nous dévoile la nature de sa pathologie. « Mon petit-frère est atteint d'une leucémie aigüe depuis un an. Cela fait trois mois que nous résidons dans cette maison pour mieux suivre les traitements au centre d'oncologie de Casablanca. Actuellement, on cherche à l'évacuer à l'étranger parce qu'il doit subir une greffe de moelle osseuse », avance-t-il. Abderrahmane et son camarade Abdeslam, lui aussi atteint de cancer, vont bientôt rejoindre la deuxième Maison de Vie de Casablanca réservée aux enfants et à leurs parents. Un édifice de 44 lits, bâti sur une superficie de 413 mètre carré et qui sera fonctionnel en 2013. 30 000 nouveaux cas par an au Maroc Le cancer continue de faire des ravages au Maroc où 30 000 nouveaux cas sont signalés chaque année. La pathologie représente la deuxième cause de mortalité dans le royaume. « Les principaux facteurs de risque sont le tabagisme, la surcharge pondérale et l'obésité, la consommation insuffisante de fruits et légumes, le manque d'activité physique, la consommation d'alcool, les infections comme le Papilloma virus humain et le virus de l'hépatite B, et la pollution de l'air », prévient l'ALSC. Pour lutter contre le cancer, l'ALSC a lancé le 24 mars 2010, en collaboration avec le Ministère de la santé, le Plan national de prévention et de contrôle du cancer (PNPCC) pour la période 2010-2019. Parmi les objectifs : la prise en charge totale des patients et leur assurer un taux de guérison de 50%, le dépistage au moins de 50 % des femmes atteintes du cancer du sein ou du col de l'utérus Au niveau mondial, la situation n'est guère reluisante. D'après l'Organisation mondiale de la santé, la pathologie touche actuellement plus de 22 millions de personnes dans le monde. Plus grave, elle occasionne chaque année plus de 7,6 millions de décès. L'organisme onusien annonce également que le nombre de nouveaux cas de cancers et de décès dus au cancer doublera dans les vingt prochaines années, avec un risque élevé dans les pays en voie de développement. * Tweet * *