Les céréales françaises se sont finalement bien vendues au Maroc. L'Hexagone vient de reprendre sa place sur la filière du blé dur, et confirme sa position sur le tendre. La nouveauté est en effet plus alléchante que ne pouvaient l'espérer les exportateurs français pour la première variété de blé. «Nous avons atteint la barre record des 100.000 tonnes au terme de la campane 2010-2011, au mois de mai dernier», lance d'entrée Yann Lebeau. L'homme est le chef de mission Maghreb-Afrique de France export céréales (FEC). L'organisme lobbyiste a largement dépassé ses prévisions. En mars dernier, il ne s'attendait qu'à une reprise prévue en volume à quelque 70.000 tonnes de blé dur exportées vers le Maroc, pour une part de marché escomptée à 15%. Aujourd'hui, ses responsables basés à Casablanca n'ont plus qu'un seul impératif : maintenir ce niveau d'approvisionnement, ou faire mieux pour la campane 2011-2012. Ces derniers se préparent en effet à leur grand messe annuelle de présentation des récoltes françaises destinées à la commercialisation à l'export, devant plus d'une centaine d'importateurs marocains attendus le mois prochain. Si le responsable juge «prématuré» d'avancer des prévisions sur la récolte française, l'opportunité est toutefois bien offerte pour faire le point sur la performance notée sur le blé dur français, là où la part de marché de ce pays était à zéro sur la campagne précédente. Le gap rattrapé est énorme. Compétitivité en gain Les facteurs sont tout aussi importants pour Lebeau. «Deux aspects ont principalement concouru à cette reprise de nos exportations», précise le responsable français. «Le premier est surtout lié à la disponibilité de l'offre sur le marché international, en l'occurrence à destination des pays maghrébins comme le Maroc», poursuit-il. Quant au second élément à retenir, ce dernier l'attribue à la fixation de prix d'échange compétitifs en comparaison aux fournisseurs nord américains à l'image du Canada et des Etats-Unis. «Le prix ferme du blé dur était resté quasi-inchangé au cours du deuxième trimestre, à la faveur d'une offre nord-américaine annoncée en repli alors que la demande progresse», nous explique le chef de mission Maghreb-Afrique de FEC. Exonérations salvatrices Toutefois, du côté des importateurs marocains eux-mêmes, la raison de cette performance du blé dur français se trouve... nulle part ailleurs qu'ici. «La suspension temporaire des droits de douane en vigueur depuis janvier dernier nous a permis de diversifier nos sources d'approvisionnement, d'autant plus que la France tend aussi à améliorer la qualité de ses récoltes», nous explique ce responsable de la Fédération interprofessionnelle des céréales (FIAC). Pour rappel, cette levée des obligations douanières sur les importations de blé dur du royaume a été motivée par les déboires de la filière locale de la minoterie industrielle qui dépend à 100% de l'étranger pour son approvisionnement en matière première, face à la flambée excessive des cours appliqués sur le marché international. Conséquence, la France réintègre désormais le cercle des fournisseurs du royaume, après l'avoir quitté depuis la campagne 2004/2005. Un positionnement qui en renforce un autre. Sur la filière du blé tendre et orges, L'Hexagone devrait porter sa part de marché à 70%, selon les dernières estimations fournies par le FEC en mars dernier, au titre de la campagne 2010-20111. Cette part serait en progression de près de 5% en comparaison à la campagne de commercialisation 2009/2010, où elle était de 68% rien que pour le blé tendre. Sur le filon de l'orge... La France n'a pas seulement performé sur les blés. L'Hexagone domine aussi les importations d'orge vers le Maroc, avec 55% des arrivages répertoriés par l'Office national interprofessionnel des céréales et des légumineuses (ONICL), à la date du 31 juillet dernier. Ce pourcentage équivaut à un volume de 303.000 quintaux, contre 247.000 quintaux provenant des Etats-Unis qui s'accaparent les 45% restants. Le pays de l'Oncle Sam est aussi l'une des deux principales origines des importations marocaines en maïs, avec un volume de 198.000 quintaux. L'Argentine demeure toutefois de loin à la tête des fournisseurs du royaume pour cette dernière ressource agricole, avec une quantité en arrivage dépassant le million de quintaux à fin juillet. Par ailleurs, il faut savoir que les dernières récoltes nationales se sont inscrites dans le positif. Selon les dernières estimations de l'ONICL, la production de l'orge et des blés avoisinerait en effet 88 millions de quintaux en 2011, soit une hausse de 10% par rapport à la campagne précédente et de 30% par rapport à la moyenne des cinq dernières années.