Il y aura plus de blé français dans nos moulins en 2011. Hier, au moment où Aziz Akhannouch exposait devant les parlementaires un bilan d'étape sur l'avancement de la campagne agricole 2010/2011, la France, de son côté, livrait ses attentes en termes d'exportations de céréales vers le royaume pour cette même année. L'Hexagone espère, en effet, se tailler une part de marché de 70% sur le blé tendre et l'orge, selon les prévisions recueillies auprès de la délégation régionale de France Export Céréales (FEC). Selon l'organisme interprofessionnel chargé de la promotion des céréales de ce pays, cette part serait en progression de près de 5% en comparaison à la campagne de commercialisation 2009/2010, où elle était de 68% rien que pour le blé tendre. Autre nouveauté, le blé dur français devrait aussi revenir cette année sur le marché marocain, après avoir touché le fond et presque disparu – une part de marché de 0% - lors de la précédente campagne. La plus forte proportion enregistrée sur ce segment, depuis près d'une décennie. «Nos prévisions seraient de l'ordre de 15% pour cette année, ce qui correspondrait à une quantité d'environ 70.000 tonnes», explique Yan Lebeau, chef de mission Maghreb-Afrique de FEC. Par cette importante quantité, la France grignote quelques parts au Canada, mastodonte du marché. Globalement, plusieurs facteurs contribueraient à ces améliorations attendues. Le premier concerne le blé dur et porte sur la suppression des droits de douane en vigueur depuis janvier dernier. Une décision estimée soutenir les activités de la filière locale de la minoterie industrielle, qui dépend à 100% de l'étranger pour son approvisionnement en matière première, face à la flambée des cours internationaux. Cette mesure aurait en effet permis aux opérateurs marocains une plus grande marge de manœuvre, en réintégrant la France dans le cercle de leurs fournisseurs. 68% en 2009/2010 Par ailleurs, pour Lebeau, cet aspect ne serait pas le seul argument à prendre en compte. « Les récoltes françaises ont été à l'abri des perturbations climatiques qui ont gêné celles des pays d'Europe de l'Est. Nous n'avons connu qu'une baisse de 5% de notre récolte en situation difficile, contre 15% par exemple pour d'autres pays comme la Russie. Ce qui nous a permis de pouvoir répondre à la demande marocaine », déclare le responsable. Quoi qu'il en soit, la tendance est à la continuité, si l'on se réfère au récent rapport publié par FEC, portant sur l'évolution de l'approvisionnement du marché local en céréales françaises sur la campagne 2009/2010. Il en ressort, en effet, que la France a été à l'origine d'une part de 65% du total des importations marocaines en céréales, soit un peu moins de 1,5 million de tonnes. Par type de céréales, le blé tendre provenant de l'Hexagone s'illustre et accapare une part de marché de 68%, le plus haut niveau noté depuis 2003. Une performance justifiée par une campagne céréalière locale 2009/2010 marquée par une importante chute de la production. Cette dernière, d'après les chiffres de l'Office national interprofessionnel des céréales et légumineuses (ONICL), s'est estimée à un total de 75 millions de quintaux, soit -27% par rapport à la campagne précédente. Cette situation semblait inchangée, jusqu'en fin février dernier. En effet, au terme de ce neuvième mois de la campagne de commercialisation 2010-2011, les importations marocaines cumulées en céréales ont atteint près de 40,1 millions de quintaux (Mqx). Cette quantité est en progression de 58% par rapport au même mois de la campagne précédente, selon les plus récentes actualisations fournies par l'Onicl, et serait principalement constituée de blé tendre. La France, bien sûr, s'en tire avec les deux tiers des importations marocaines. S.F Le marché se détendrait-il en 2012? La situation tendue que connaît le marché des céréales devrait perdurer jusqu'en 2012. En effet, la récolte mondiale attendue pour la campagne agricole ne serait pas suffisante pour détendre les nerfs des spéculateurs. C'est la conclusion à laquelle a abouti le conseil international des céréales (CIC), dans sa lecture mensuelle publiée jeudi dernier, relative à l'évolution du marché mondial des céréales. L'organisme table en effet sur «une poursuite de la situation tendue» entre l'offre et la demande, face à une production mondiale qui ne devrait pas suffisamment s'améliorer sur la campagne 2011/2012. Cette dernière est en effet attendue, pour le moment, à une quantité d'1,8 milliard de tonnes (MMt), en hausse de 79 millions de tonnes par rapport à la campagne actuelle. Cela correspond à une très légère amélioration exprimée à un pourcentage de 4,5%. En détails, les récoltes de blé seraient attendues à 673 millions de tonnes (contre 649 en 2010-2011). Le CIC avance aussi une tendance au rééquilibrage global entre l'offre et la demande mondiales sur ce type de céréales. Globalement, «en 2011-2012, les récoltes de céréales progresseraient notamment en Russie, au Kazakhstan, en Ukraine, aux Etats-Unis, au Canada et dans l'Union européenne», indique le rapport du CIC. Par ailleurs, les surfaces mondiales plantées en céréales, gagneraient également 4%, pour se fixer à quelques 537 millions d'hectares. Selon le CIC, il s'agit là du plus haut niveau atteint depuis le début de cette première décennie.