Driss Chahtane Fondateur de la Web-télévision Chouf TV. Trois semaines après le lancement de la première web-TV au Maroc, son fondateur, Driss Chahtane fait le point. La télévision en ligne a-t-elle véritablement un avenir au Maroc ? Les ECO : Le 5 janvier dernier, vous avez lancé sur la Toile Chouf TV, la première Web-TV au Maroc. Qu'en est-il depuis ? Driss Chahtane : Pour le moment, nous sommes encore en phase de diffusion test, mais les premiers résultats sont assez positifs. Nous n'avons pas encore communiqué auprès du grand public sur le lancement de la chaîne, pourtant les chiffres progressent positivement de jours en jours. Actuellement, nous sommes à une moyenne de 30.000 visiteurs par jour. Notre objectif est d'atteindre d'ici les trois prochains mois les 50.000 visiteurs par jour. En sachant que nous devrions passer à une diffusion définitive d'ici début février. En parlant de diffusion, vous avez annoncé aux internautes 6 heures de programmes par jour, comment cela se décline-t-il concrètement ? En pratique, nous avons deux créneaux de diffusion. Le premier dans la matinée durant lequel nous diffusons la météo, la revue de presse, une émission de 26 minutes et un journal TV prévu tous les jours à 13h. Le deuxième créneau horaire couvre l'après-midi et la fin de journée. Nous y programmons une émission de 26 minutes, un journal TV, un programme économique, une émission sportive, ainsi qu'un autre reportage de 13 minutes. D'ailleurs, depuis samedi dernier, nous avons consacré une partie de nos programmes à la CAN 2013 et tentons d'en faire une couverture en direct. Pour nous, c'est une sorte de test qui nous permet de développer notre manière de travailler et nos techniques. Bien sûr, nous ne diffusons pas les matchs car nous n'avons pas l'autorisation, mais nous rediffusons les temps forts des matchs de l'équipe nationale et organisons des débats sur notre antenne avec des commentateurs sportifs et journalistes spécialisés. Nous comptons d'ailleurs parmi eux, Mohamed Najmi qui est une grande figure du football national. Nous organisons également des micros-trottoirs pour récolter les avis et commentaires des spectateurs. Quelles sont les difficultés que vous avez rencontrées lors du lancement de la chaîne en ligne ? Les difficultés sont nombreuses et je ne cesse d'en rencontrer de jour en jour. Elles sont surtout d'ordre technique, car il s'agit d'offrir aux internautes une qualité d'images qui soit irréprochable. Lancer une web-TV est un investissement très lourd. Diriez-vous que lancer une Web-TV est aussi «lourd» que de lancer une chaîne standard ? Il faut savoir que nous travaillons dans les conditions d'une vraie chaîne de télévision. Nous avons des studios d'enregistrement, des salles de montage, de maquillage... bref, tout le dispositif nécessaire à une chaîne de télévision qui se respecte. Comment s'est passé votre passage de la presse écrite à la télévision ? Personnellement, j'essaie de mettre en avant mon expérience dans la presse écrite et de l'appliquer dans ce projet, mais il faut reconnaître que ce n'est pas évident. Je me suis donc entouré de compétences dans le domaine. Il y a parmi l'équipe d'anciens professionnels des chaînes nationales telles qu'Al Oula ou 2M. Ce sont eux qui encadrent les journalistes et leur inculquent les techniques journalistiques propres à ce média qu'est la télévision. A-t-il été difficile de trouver des compétences lors du montage de votre projet ? En fait, j'ai reçu énormément de réponses et de sollicitations de journalistes qui souhaitaient prendre part au projet. Pour eux, participer au lancement d'une Web-TV comme celle-ci était l'occasion de participer au changement du paysage médiatique national. C'est une expérience unique en son genre au Maroc. Si j'avais eu les moyens de lancer une chaîne de télévision standard, je crois que j'aurai pu avoir un beau panel de professionnels. La problématique qui se pose aujourd'hui par contre réside au niveau technique. Il est très difficile de trouver des profils techniques au Maroc car la formation en la matière manque cruellement. Du coup, les rares profils disponibles sur le marché sont très sollicités. Qu'en est-il du côté de la réglementation et de vos rapports avec la HACA ? Pour le moment, il n'y a aucune réglementation qui régit les Web-TV. Nous travaillons de la même manière que n'importe quel autre site Web et répondons aux mêmes règles, y compris bien sûr les règles déontologiques de la profession. Pour le moment, la HACA n'a pas de champ d'intervention nous concernant car elle régule les chaînes de télévision qui lui sont reliées à travers un cahier des charges. En ce qui concerne Chouf TV, nous n'avons aucun cahier des charges qui nous lie à la HACA. Néanmoins, un rendez-vous est prévu très prochainement avec le ministre de la Communication. Cette rencontre sera notamment l'occasion d'évoquer notre statut légal à ce niveau là et pourquoi pas nos rapports avec la HACA.