Le gouvernement lance un appel aux investissements privés nationaux et internationaux. Le Build-Operate-Transfer pour les grands projets de développement. Infrastructures, immobilier, eau et énergie, les secteurs à la recherche de capitaux. L'offre marocaine s'y taille sa place. «Il convient de rappeler aux investisseurs privés nationaux et internationaux que le recours aux partenariats publics-privés, notamment de type Build-Operate-Transfer (BOT) est une option fondamentale prise par le gouvernement comme mode de réalisation des grands projets d'infrastructures et d'équipement de service public.» Depuis le début de l'année 2013, cette phrase a déjà été lue une infinité de fois dans la presse camerounaise. C'est en fait le message essentiel d'un communiqué que signe Emmanuel Nganou Djoumessi, le ministre camerounais de l'Economie, de la planification et de l'aménagement du territoire (MINEPAT). Les domaines concernés par cette offre vont des transports à l'énergie en passant par le développement urbain et la conservation des produits alimentaires. Dans le domaine des transports, le communiqué évoque entre autres la construction de 120 km d'autoroute et de 170 km de chemin de fer. Pour ce qui est du développement urbain, il cite la construction de quatre cités universitaires de 10.000 lits au total et la construction de 10.000 logements sociaux à Douala et à Yaoundé. Du côté de l'énergie, il s'agit en particulier de l'aménagement de centrales hydro-électriques et éoliennes à travers le pays. Quant à la conservation des produits alimentaires, il est question d'édifier des magasins de stockage de denrées alimentaires dans plusieurs localités du territoire national. Cette invitation intervient dans un contexte marqué par trois principaux éléments. Primo, le Cameroun a entrepris depuis peu un programme de grands travaux d'infrastructures baptisés «projets structurants». Secundo, le gouvernement ne manque plus l'occasion d'exprimer sa volonté de diversifier les modes de commande publique dans l'exécution de ces chantiers. Tercio, le pays connaît depuis quelques temps une nouvelle vitalité économique. Aussi, le budget de l'Etat pour 2013 atteint-il le chiffre record de 3 .236 milliards de FCFA (environ 4,93 milliards d'euros), soit une hausse de 15,57% par rapport au budget 2012. Le taux de croissance quant à lui est passé de 4,1% en 2011 à 5,1% en 2012 et pourrait se situer, d'après les prévisions, à plus de 6% en 2013. Aussi, les investisseurs étrangers, notamment Marocains, n'ont-ils pas attendu l'appel du gouvernement camerounais pour s'intéresser au marché de ce pays. Depuis mai 2012, le groupe Addoha investit 30 millions d'euros pour construire une cimenterie à Douala pouvant produire jusqu'à un million de tonnes de ciment par an sous la marque Ciment d'Afrique (CIMAF). Par ailleurs, Maroc Telecom a soumissionné à l'appel l'offre émis par le gouvernement camerounais en 2012 pour l'attribution de la licence du troisième opérateur de téléphonie mobile du pays. Un marché finalement remporté en décembre 2012 par le vietnamien Viettel. Auparavant, depuis 2008, c'est l'Office national de l'eau potable (ONEP) qui assure la distribution de l'eau potable au Cameroun à travers sa filiale CDE (Camerounaise des eaux). Dans le domaine de la finance, Attijariwafa bank est aussi présente sur le marché camerounais depuis avril 2011 après avoir racheté la Société commerciale de banque au Cameroun (SCB). Enfin, Yaoundé et Douala, les deux métropoles du pays font désormais partie des villes desservies par la Royal Air Maroc (RAM). Toutefois, comme le laissent entendre les autorités publiques, il y a encore de la place pour d'autres investisseurs... Thierry Ekouti Dir.pub-Le Quotidien de l'Economie (Cameroun) Pas de développement sans transformation locale L'Afrique Subsaharienne, et singulièrement la partie centrale, semblent se complaire dans le rôle d'exportateur de matières premières, qu'elles soient agricoles, minières, ou encore pétrolières. Cas pratique: le 17 janvier dernier, Luc Magloire Mbarga Atangana, le ministre camerounais du Commerce, faisait savoir qu'en 2012, le Cameroun n'a transformé localement que 0,52% de sa production de café, soit 200 tonnes sur les 38.127 produites par ce pays d'Afrique Centrale. Ce qui vaut pour le café vaut aussi, à des proportions variées, pour le cacao, le coton, le pétrole, etc. En outre, ce qui vaut pour le Cameroun vaut également, à des degrés divers, pour pas mal d'autres pays d'Afrique noire. Tant et si bien même que les accords de partenariat économique, les fameux APE, ne portent que sur la possibilité pour les pays ACP (Afrique-Caraïbes-Pacifique) de vendre plus facilement et sous certaines conditions leurs produits bruts à l'Europe. Mais une question s'impose : un pays peut-il vraiment impulser et accélérer son développement en privilégiant ce modèle économique qui consiste à produire et à laisser les autres transformer ? Indubitablement non ! Aucun exemple du genre n'existe à travers le monde. La Chine, la Corée du Sud et le Brésil, n'ont réussi leur émergence qu'en se transformant en dragons industriels. Sur le versant opposé, des pays comme l'Iran, l'Iraq ou l'Arabie Saoudite, champions dans l'exportation du pétrole depuis la nuit des temps, n'ont pas toujours décollé. Le développement de la transformation locale des matières premières s'impose en conséquence comme un défi à relever pour les pays africains qui aspirent à l'émergence économique.