Le groupe d'Anas Sefroui vient de démarrer un projet de cimenterie au Burkina pour 300 MDH d'investissement. S'attaquer à plusieurs marchés en même temps et diversifier les risques, la stratégie de l'homme d'affaires. L'Afrique de l'Ouest, un marché exutoire au ciment marocain. Une nouvelle pierre dans la stratégie continentale du groupe d'Anas Sefroui vient d'être posée. 300 millions de DH, c'est en effet ce que devrait coûter la construction de la nouvelle unité industrielle du groupe Ciments d'Afrique (Cimaf) à Ouagadougou, au Burkina Faso. Pour info, le démarrage des travaux a eu lieu il y a moins de quinze jours dans la capitale burkinabé. Pour le commentaire, c'est tout un business adossé sur l'euphorie immobilière des marchés subsahariens, face à une offre cimentière locale très loin de satisfaire la demande, qui met en œuvre ses premiers contrats. Cimaf Burkina Faso, en l'occurrence, implantée dans la zone industrielle de Kosodo à Ouagadougou, devrait ainsi développer, à terme, une capacité de production de 500.000 tonnes de ciments par an. De plus, Addoha a également annoncé, dans la foulée, ses visées pour le marché du social. Cet investissement cimentier sera en effet suivi par l'implantation du promoteur immobilier, dont les premiers développements sur ce marché devraient porter sur la construction de 1.000 logements sociaux en plein centre-ville de la capitale Ouagadougou. En attendant, en termes de retombées directes liées à la réalisation de Cimaf Burkina Faso, un millier de nouveaux emplois devraient être créés par la phase de construction de l'usine. Quant à la phase d'exploitation, elle prévoit la création de plus de 200 nouveaux postes. Un aspect du business que les autorités locales voient d'un très bon œil, et qui a du permettre à Cimaf de s'attirer des facteurs suffisamment incitatifs à l'investissement, et faciliter ses capacités financières pour s'attaquer à plusieurs marchés à la fois. Chantiers multiples Il faut en effet savoir que le groupe est aujourd'hui affairé sur plusieurs chantiers, quasiment démarrés en même temps, plusieurs coups de pioche sur divers marchés de la région. Cimaf Burkina Faso est en effet le quatrième projet industriel lancé par le même groupe dans la région ouest-africaine, après la Côte d'Ivoire, la Guinée et le Cameroun. Sur le marché ivoirien, parmi les mieux dotés en potentiels immobiliers et mué par une véritable phase de «reconstruction», Cimaf développe un centre de broyage d'une capacité annuelle de 500.000 tonnes, situé dans la zone industrielle de Yopougon, dans la région abidjanaise. À cela s'ajoutent deux zones de stockage dans le quartier de Vridi, à quelques encablures du port d'Abidjan. Le premier sac de ciment qui devrait sortir des machines de cette unité industrielle est attendu pour juillet 2013. D'ici là, nul besoin d'être un érudit pour en évaluer les principales portées : Cimaf contribuera à répondre à une demande locale exponentielle d'un secteur des BTP qui pèse pas moins de 3% dans le PIB de ce pays et où des acteurs locaux de taille sont peu présents. En septembre 2013, ce devrait ensuite être au tour du projet de Cimaf, actuellement en développement en Guinée-Conakry, de livrer ses premiers sacs. Il s'agit, là aussi, d'un centre de broyage, conçu en tous points sur le même modèle que les unités ivoiriennes et burkinabé, implanté dans la zone industrielle de Dubréka à une quarantaine de kilomètres de la capitale guinéenne. Une zone de stockage de 3ha est adossée au projet. Par ailleurs, Cimaf ne cache pas ses ambitions pour d'autres marchés de la région comme le Gabon, le Bénin, et un peu plus loin, en République démocratique du Congo. Des négociations avec les gouvernements locaux seraient déjà en cours. Pour Anas Sefroui, le patron de Cimaf, «la concrétisation de ces projets sont des exemples concrets de partenariat Sud-Sud que nous voulons développer davantage au service de nos deux peuples». Néanmoins, les enjeux réels vont bien au-delà de la rhétorique diplomatique. Bouffée d'oxygène Ils sont d'abord économiques avant d'être politiques. Face à un marché marocain du ciment au bord de la saturation, la région subsaharienne et sa dynamique nouvelle de développement des infrastructures de transport et de logement, s'érige en exutoire pour écouler la surcapacité de l'offre locale. Entre 2005 à 2010, le secteur marocain du ciment à vu ses ventes bondir de plus de 40%. Pour Cimaf, le défi est simple : s'inspirer de l'expérience locale acquise par Ciments de l'Atlas (Cimat), le bras cimentier des investissements d'Anas Sefroui depuis 2007, pour développer une offre adaptée au marché subsaharien.