Ce n'est certes pas une grande découverte en soi, mais sa mise en évidence n'a sans soute pas manqué de provoquer quelques sueurs froides dans le dos de tout acteur engagé au (re)décollage économique du continent. «Les migrants africains pourraient économiser 4 milliards de dollars par an sur les frais d'envois de fonds, si le coût des envois de fonds était abaissé à 5%, contre 12,4% actuellement», selon la Banque mondiale. Une situation de fuites réelles de capitaux, au moment où le continent devrait peut-être en avoir le plus besoin comme si celle des cerveaux ne suffisait pas. Ce constat laisse en tout cas entrevoir deux principales lacunes dans les politiques de gestion de cette autre économie...émigrée. La première – et d'ailleurs la plus en exergue aux yeux de l'opinion publique – est liée au véritable dictat commercial imposé par les acteurs mondiaux des transferts d'argent à destination de l'Afrique. Le continent est la destination la plus chère au monde dans le secteur des transferts d'argent. Un record qui va complètement à contre-sens des volontés affichées ça et là de donner – enfin - à l'Afrique sa chance, après plusieurs siècles de «second rôle» sur la scène économique mondiale. Je pense que, sur ce point, les politiques africaines, dans leur rôle de régulateur, et les opérateurs économiques occidentaux du secteur des transferts de fonds, devraient accorder leur violon et trouver les voies et moyens à mettre en œuvre pour optimiser et surtout réduire la pression du coût sur le volume de ces envois. Une bonne volonté politique suffirait pour commencer. Cela mène sans transition au second aspect de ce sujet. Il est relatif à l'apport important de cette manne aux économies destinataires. L'idée est de faire de ces capitaux transférés de réels investissements pour des projets à valeurs ajoutées multiples (création d'emplois et de revenus, rôle complémentaire aux investissements publics, etc...).