L'objectif de cette partie est de donner un cadre exhaustif sur l'évolution au cours des derniers années des transferts des étrangers présents en Italie, selon le volume et les zones géographiques d'origine et de destination de ces flux, en identifiant le poids de la communauté marocaine dans ce phénomène. Du point de vu macroéconomique,il faut rappeler que les transferts des immigrés représentent un des « capitaux » des migrations qui peuvent, si valorisées, conduire vers la croissance et le développement des économies les moins développées. En effet, ces transferts qui sont pour les familles des sources supplémentaires de revenu, en encourageant la consommation, peuvent exercer divers effets sur les économies locales. En outre, sur une grande échelle, l'afflux des transferts renforce la balance nationale des paiements et réduit le poids de la dette extérieure. Pendant les derniers dix années, le capital financier des migrants a attiré l'attention, surtout à cause du volume des transferts reçus par les pays en développement (315 milliards de $ en 2010, Banque Mondiale 2010) et du potentiel d'épargne des diasporas (400 milliards de $, Banque Mondiale 2011) pour les marchés financiers. Toujours selon des estimations de la Banque Mondiale, dans certains pays en développement, les transferts fournissent plus du double du total des aides publiques au développement et occupent la deuxième place après les investissements directs étrangers (IDE). Toutefois, en analysant le phénomène, on ne doit pas oublier que le circuit des transferts est complexe, en faisant intervenir plusieurs acteurs dont celui qui envoie l'argent, celui qui le reçoit, et les intérêts des autorités des pays émetteurs et récepteurs de ces envois. Des études ont mis en évidence, comment de tels fonds ne sont pas distribués de façon équitable entre les membres de la famille bénéficiaire. Les transferts peuvent aussi conduire vers des relations de dépendance entre « expéditeurs» et «destinataires», créer des disparités des revenus entre les ménages concernés par l'émigration et les autres et conduire vers des déséquilibres dans des économies faibles. Pour ce qui concerne les canaux utilisés pour envoyer les fonds on peut compter ceux familiaux, des connaissances, les courriers et les systèmes de transfert informels, qui selon certains sont aussi importants que les canaux officiels. Compte tenu de notre prémisse, combien d'argent sort de l'Italie ? En 2010 le chiffre avancé est supérieur à 6,3 milliards d'euros, soit 0,41% de la richesse produite au niveau national. Presque la moitié des transferts (47,4%) qui quittent le pays rejoignent l'Asie (avec plus de 3 milliards d'euros), tandis qu'un quart est destiné aux pays européens (avec le transfert d'un peu plus de 1,7 milliards d'euro). Pour le reste, environ 12,5% arrivent en Afrique et presque 12% en Amérique. Dans ce contexte, le Maroc est classé à la quatrième place parmi les sept premiers pays bénéficiaires des transferts qui partent de l'Italie, mais avec des envois significativement plus faibles par rapport à la Chine, la Roumanie et les Philippines. C'est l'unique pays d'Afrique du Nord et il précède le Sénégal, seul autre pays africain présent dans ce classement. Il est important de noter que pour toutes les principales destinations la tendance pendant la dernière année considérée a été un ralentissement général de la dynamique. Cependant, si nous observons les transferts envoyés par habitant, la communauté marocaine envoie au Maroc moins d'argent que les autres communautés. Aussi si on considère le cadre évolutif des transferts dans la période 2001-2008, parmi les pays mentionnés, la Chine, la Roumanie et les Philippines ont enregistré des hausses significatives par rapport au Maroc. Cela ne signifie pas nécessairement que certains immigrés par rapport aux Marocains font preuve d'une plus grande capacité à épargner, ou au moins, d'une plus grande disponibilité à envoyer une partie de leur épargne. En effet il peut y avoir plusieurs explications pour justifier cette tendance, par exemple, une plus grande utilisation des canaux informels par des Marocains ou des investissements différents en Italie. Toutefois, il est aussi vrai que si les émigrés doivent subvenir aux besoins en consommation de leurs familles restées au pays tout en effectuant des investissements dans le pays d'origine, il est également fondamental pour ces immigrés de créer dans le pays d'accueil les conditions nécessaires à la construction de leurs parcours d'intégration sociale et économique.