Les transferts de devises vers le Maroc reprennent légèrement de rythme en 2010 après une période d'essoufflement. Pour illustrer l'importance que revêt cet acte pour l'économie nationale, ces transferts ont dépassé, selon le secteur bancaire marocain, les 20 milliards de DH à fin mai. Les dépôts des MRE auprès du secteur bancaire marocain ont atteint près de 125 MMDH. La participation des transferts des MRE reste parmi les meilleures enregistrées au niveau international. Le marché marocain de transfert d'argent a été le plus juteux en Afrique en 2006. Les envois de la diaspora marocaine, estimés à 16% des envois totaux d'argents vers l'Afrique, font les affaires des acteurs de transferts d'argent. Le poids de l'argent des Marocains du monde est aussi évident dans la dynamisation de la consommation. Les 2/3 des transferts financiers sont consommés pendant les vacances au Maroc. Le reste sert d'épargne. Force est de constater donc que ces transferts sont peu ancrés dans une vision à long terme dans l'esprit de l'expéditeur. Il va sans dire que le secteur bancaire est sensible aux fluctuations de ces transferts. Ces derniers ont représenté 25,29% des dépôts, 17,9% des ressources et 22,4% des dépôts non rémunérés pour l'année 2007. L'analyse de l'emploi des fonds transférés par les marocains expatriés met en lumière le rôle des banques et l'importance de ces flux financiers pour elles. Ils constituent une source irremplaçable, tant au point que le degré de dépendance de certaines vis-à-vis de ces transferts de fonds expatriés est très important et frise parfois le seuil critique. Soucieuses de garder les ponts, les banques marocaines développent de nouvelles démarches d'engineering de leur offre MRE. Crise et évolution La résilience dont ont fait preuve les transferts face à la crise a ramené les prévisions relatives aux performances du marché MRE à -5% en 2009, au lieu des 14% prévus. En effet, les marocains résidants dans les six pays majeurs d'accueil, d'où proviennent 90% des transferts ont été ébranlés par la crise. En Espagne, 120.000 marocains ont perdu leurs emplois et la liste risque de s'allonger, d'où l'influence négative sur les envois en 2009. Les transferts ne doivent pas cette résilience aux politiques publiques ni aux incitations bancaires. Cette participation n'est pas encadrée par une volonté claire et volontariste, mais poussée par un fort rattachement aux racines. Le débat devra nécessairement dépasser la crise ou ses impacts sur les transferts MRE, et doit s'attarder plutôt sur les dispositifs à enclencher pour rendre ces flux financiers plus productifs.