Agressivité commerciale et amélioration de la compétitivité de l'offre en sont les grands objectifs. Campagnes de promotion, centres d'affaires et business-centres. L'Asmex sort la grande artillerie. L'Afrique australe, la nouvelle cible des exportateurs. Cap vers le Sud ! Si la destination alternative à l'Europe pour l'export africain est bien dirigée vers les économies subsahariennes, le nouveau bureau de l'Asmex compte bien maintenir le cap. Le nouvel exécutif de l'association réserve en effet une bonne partie de sa stratégie au continent. «Les marchés subsahariens ont toujours été au centre de nos préoccupations, vu les opportunités qu'elles offrent aux exportations marocaines. Nous regrettons, par exemple, que plusieurs économies du continent puissent importer des produits marocains via l'Europe ou d'autres destinations. Une aberration du marché que nous comptons très vite corriger», déclare Hassan Sentissi, du nouveau staff patronal des exportateurs marocains. Sur le papier, la feuille de route est dèjà tracée et les objectifs déterminés. «Nous nous efforcerons d'appuyer notre position sur ces marchés, à travers la multiplication des actions de promotion», précise le responsable. L'association compte surtout s'attaquer à de nouveaux marchés où l'offre marocaine est jusque-là très peu présente, tels que ceux de l'Afrique de l'Est. Il faut savoir en effet que le royaume est encore peu présent sur ces marchés. Sur les dix dernières années, plus de 60% des exportations marocaines vers l'Afrique subsaharienne sont destinées à l'Afrique occidentale, suivie par l'Afrique centrale (28%). Les régions orientale et australe du continent ne constituent respectivement que 5,3% et 2,8% des exportations marocaines vers l'intérieur du continent. Le but sera évidemment d'assurer une présence des produits marocains sur certains marchés africains. Le nouvel exécutif de l'Asmex a déjà sa recette miracle : la création de centres d'affaires composés de showrooms et de business-centres. Pour les responsables de l'entité, cela devrait permettre de mettre en oeuvre des activités d'exposition de produits à fort potentiel exportable. La veille et l'intelligence économiques auront aussi, évidemment, leur rôle à jouer dans cette stratégie, pour informer les opérateurs économiques sur les opportunités existantes de part et d'autre. «Les marchés africains intéressent aujourd'hui tous les pays exportateurs qui se mobilisent pour leur positionnement», pense le président de l'Asmex. Ce dernier est d'ailleurs convaincu que les places ne se gagneront pas facilement sur ces marchés. «Ce qui veut dire que les exportateurs marocains devront pouvoir faire face à une concurrence de plus en plus exacerbée, notamment des pays asiatiques, avec la Chine en tête», poursuit-on auprès des responsables de l'Asmex. Relance Il faut savoir que la tâche ne sera pas des plus simples. La présence commerciale marocaine sur les marchés subsahariens est certes déjà bien importante, mais quelques caractéristiques handicapantes la rendent vulnérable à un essoufflement certain. L'une d'elles porte sur la diversification limitée de la nature des produits exportés vers ces marchés, pourtant en pleines mutations, ce qui se reflète sur la progression moyenne des chiffres. L'examen par groupe de produits en 2010 fait ressortir l'importante part des produits alimentaires (37%), suivie par les produits chimiques ainsi que les machines et matériels de transport, qui représentent respectivement 20% et 21% du total des exportations marocaines vers l'Afrique subsaharienne. De façon plus globale, ces exportations ont enregistré une progression continue, passant de 2,1 MMDH en 2000 à 7,2 MMDH en 2010. «La part de cette zone dans les exportations globales du Maroc a augmenté par conséquent de 1,8% à 4,9%», comme le décrit un rapport de la Direction des études et des prévisions financières du ministère de l'Economie et des finances. Les destinations favorites des produits marocains n'ont également guère évoluées. Au cours de cette période, le Maroc a exporté surtout vers le Sénégal, la Mauritanie, la Côte d'Ivoire, la Guinée équatoriale et le Nigéria. Ces cinq pays absorbent 41% du total des exportations marocaines vers cette région. Le constat a d'ailleurs déjà été établi par la Direction des études et des prévisions financières du ministère de l'Economie et des finances, dans un rapport publié l'année dernière et qui fait le bilan d'une décennie de présence commerciale marocaine sur les marchés subsahariens. Hassan Sentissi Président de l'Asmex «Nous déplorons que l'accord avec l'UEMOA demeure bloqué» Les Eco : Quelles sont aujourd'hui vos principales attentes ? Hassan Sentissi : Pour percer sur les marchés subsahariens, il est nécessaire que nous développions une offre très compétitive. Cela, pour la seule et simple raison que nous ne sommes pas les seuls à prendre le continent pour un Eldorado commercial. De même, je pense que les politiques devraient également jouer leur partition sur le volet institutionnel. Nous sommes actuellement dans l'attente de cadres juridiques pour encadrer et promouvoir davantage nos échanges avec ces pays. Ces accords nous permettraient par exemple d'exporter avec des tarifs préférentiels. Nous regrettons donc que l'accord avec l'UEMOA, bien qu'il ait été paraphé depuis plusieurs années déjà, demeure toujours bloqué. Nous regrettons également dans le même sens, le fait que les négociations avec la CEMAC ne soient pas encore relancées. Ce sont autant de chantiers sur lesquels les institutionnels sont attendus. Quels sont les autres grands axes de votre stratégie ? La stratégie du nouveau bureau, actuellement en finalisation, devrait porter principalement sur le renforcement de l'association pour plus de crédibilité et d'écoute de la part de ses partenaires et pour continuer à être la force de propositions qu'elle a toujours été. La présence de l'Asmex dans les forums de décisions, est donc parmi nos priorités. Le partenariat avec les alliés patronaux tels que la CGEM et la Fédération des Chambres de commerce, ainsi qu'avec les associations professionnelles sectorielles et l'ensemble des acteurs du commerce extérieur, est à renforcer. Nous comptons également nous focaliser davantage sur la promotion extérieure transversale en faveur de tous les secteurs d'activités porteurs, et ce, à travers une présence efficiente dans toutes les régions d'exportation nationale et une implantation sur les marchés étrangers porteurs. Cette stratégie sera déclinée en plan d'action que nous présenterons à notre bureau exécutif dès que possible.