Mohamed Abbou Ministre délégué chargé du Commerce extérieur Les ECO : L'Afrique sera sans doute parmi ces destinations que vous tenterez de «vendre» aux exportateurs marocains ? Mohamed Abbou : Nous allons évidemment mettre l'accent sur les opportunités et potentiels à l'export existant sur les marchés subsahariens. La dernière tournée royale dans cette région a permis de réitérer les nouvelles orientations insufflées par le roi à la diplomatie économique du royaume. Nous comptons suivre ces orientations en promouvant l'export, notamment vers les marchés du continent. Ces marchés sont des marchés d'avenir pour l'offre exportable du royaume. Pendant les journées régionales de l'export, que nous allons démarrer dans les prochaines semaines, nous parlerons en effet avec les opérateurs économiques, des différentes opportunités existantes sur ces marchés, ainsi que des moyens et voies de mieux les saisir. Sur le volet des investissements, également, les derniers chiffres rendus publics par l'Office des changes sont assez parlants. Pour l'année 2013, par exemple, les investissements des opérateurs économiques marocains en Afrique subsaharienne ont dépassé la barre du milliard de dirhams, pour constituer plus de 44% du total des investissements marocains sur les marchés à l'étranger. Il faut savoir que ce pourcentage est pourtant bien inférieur à ce nous avons l'habitude de relever sur ces marchés, qui représentent généralement pas moins de 50% de nos investissements à l'étranger. Une année auparavant, encore, nous avons frôlé les 2 MMDH. Quels sont les grands défis à l'offre exportable marocaine sur ces marchés ? Nous sommes en train de travailler sur toutes les problématiques affectant la compétitivité de l'offre marocaine sur ces marchés. La logistique et le transport sont en effet l'un de nos chantiers les plus importants. Nous nous penchons actuellement, à ce propos, sur un projet de contrat-programme dédié au secteur. L'objectif est d'atténuer les contraintes qui s'érigent aujourd'hui face à l'exportateur marocain. Une agence nationale a déjà été mise en place. Nous comptons nous occuper davantage de ce secteur pour nous donner les moyens de nos ambitions sur les marchés internationaux. Où en êtes-vous dans les négociations de l'accord avec l'UEMOA ? Les négociations trainent toujours, il faut l'avouer. Nous comptons toutefois sous les instructions du roi, changer notre approche dans ces pourparlers pour accélérer le processus vers la conclusion de ce partenariat avec les économies de la zone UEMOA. Nous travaillons donc sur une révision d'approche du projet d'accord en lui-même, pour entrer dans les détails et le faire aboutir incessamment. Ce qui est certain, c'est que nous nous efforçons de sauvegarder autant que possible les intérêts des deux parties. La logique qui prévaut dans nos échanges, sur ce dossier, est celle du win-win. Les opportunités encore inexploitées dans le secteur des échanges commerciaux entre notre pays et ceux d'Afrique subsaharienne sont encore bien importantes. Je pense qu'il faudrait que nous accélérions les négociations, sur la base de nouvelles propositions mieux à même d'arranger toutes les parties. La CEDEAO est en train de négocier un important partenariat économique et commercial avec l'UE. Cela devrait-il changer grand-chose ? Je ne pense pas qu'il puisse y avoir de réels impacts sur les négociations. Nous poursuivons nos efforts visant à mettre en place la meilleure proposition possible avec nos partenaires de la région UEMOA, afin de faire passer le processus à une vitesse supérieure. Nous devons en tout cas faire tout notre possible pour faire aboutir ces négociations dans les meilleurs délais, au plus tard fin 2015. Nous avons perdu beaucoup de temps de part et d'autre.