L'Asmex veut «accélérer», la CGEM temporise. Les deux organisations divergent sur les manières d'appréhender les accords en négociation avec l'UEMOA et la CEMAC. Le patronat veut «éviter les erreurs du passé», là où l'Asmex reste convaincue que l'avenir de l'export marocain se joue au sud du Sahara. L'Asmex veut accélérer, la CGEM souhaite temporiser. Résultat : du surplace, conséquence directe d''une divergence d'approche entre les deux structures vis-à-vis du marché subsaharien. Si les deux structures patronales se retrouvent dans le fond – l'Afrique étant sans nul doute la région qui contribuerait le plus à la résorption du déficit commercial du royaume - le projet de mise en place d'accords commerciaux avec l'Union économique et monétaire ouest africaine (UEMOA) et la Communauté économique des Etats d'Afrique centrale, est diversement appréhendé d'une organisation à l'autre. Cette dichotomie - que les deux parties refusent pourtant de reconnaître comme telle - est apparue en marge du séminaire de lancement de la nouvelle campagne de communication, «Key export», destinée à communiquer sur les nombreux programmes mis en place par l'Etat pour soutenir les exportateurs marocains. Pour Youness Zrikem, le président de la Commission des ALE au sein de la CGEM, la prudence devrait être de mise. Il s'agit là d'une volonté légitime d'éviter les erreurs du passé : enchaînement tous azimuts de signatures d'accords de libre-échange avec des marchés étrangers, sans aucune maîtrise des retombées sur la balance commerciale du royaume. C'est un sentiment auquel Saadi, vice-président de l'Asmex, répond dans le politiquement correct. «C'est très sage de leur part de vouloir faire une extrapolation à partir d'une légère déception que le Maroc a eu à partir des grands accords signés avec l'UE, la Turquie, ou avec d'autres partenaires, sans pour autant que cela ait amélioré la balance commerciale en notre faveur». Ce dernier et tout l'organisme qu'il représente, est toutefois plus que jamais convaincu de la pertinence de finaliser les accords en négociation avec les régions économiques subsahariennes. L'Asmex appelle même à une «accélération» des négociations pour la mise en œuvre de ces partenariats élargis. «L'Afrique reste aujourd'hui notre principal chantier de croissance à l'export. Il nous faudrait donc, d'abord, mettre en place un cadre l'institutionnel des échanges, en parvenant à finaliser les accords avec l'UEMOA et la CEMAC, voire même, entamer des pourparlers avec les économies d'Afrique de l'Est». Retards Si la volonté de concrétiser ces partenariats semble relativement partagée par les parties concernées, il n'en reste pas moins que les négociations piétinent depuis quelques années déjà. Selon un responsable marocain proche des pourparlers en cours, ce retard serait principalement dû à «une course au leadership économique qui se passe actuellement dans la région, surtout depuis que le continent s'avère de plus en plus attractif aux yeux des investisseurs étrangers sur cette dernière décennie». Pour Mohamed Es-Saadi, le royaume pourrait bien contourner ces blocages en proposant aux principales économies de la région des «partenariats bilatéraux préférentiels», de manière à sortir les produits marocains du droit commun et leur donner plus de compétitivité sur ces marchés. «Je pense que nous sommes en train de réaliser ce saut qualitatif dans notre coopération avec les économies subsahariennes», soutient le vice-président de l'Asmex.