Si la diplomatie du royaume semble encore laisser planer le doute et les ambiguïtés à propos d'une éventuelle réintégration de l'Union africaine (UA), de nouveaux pas viennent pourtant d'être avancés dans ce sens par le royaume ces derniers mois, augurant davantage un retour imminent du royaume auprès de cet organisme regroupant l'essentiel de ses partenaires économiques, d'abord, et ensuite politiques sur le continent. L'ordre d'énumération n'est pas fortuit. Le fait est que les enjeux et les contextes ont en effet fortement évolué, depuis le «boycott» de l'institution africaine qu'entretient officiellement le Maroc depuis 1984 ! La politique, qui avait été la principale motivation de ce retrait des affaires du continent (le royaume contestait alors l'adhésion de la RASD à l'organisation de l'Union africaine), semble certes toujours peser lourd sur la balance. Toutefois, les nouveaux défis économiques qui poussent le royaume à se tourner résolument vers l'intérieur du continent, en atténueraient peut-être le poids et pourraient faciliter, ou du moins accélérer une éventuelle réintégration à l'UA. Cette année, particulièrement, nous sommes en train de découvrir le visage d'un Maroc avec «un pied dans l'UA et un autre dehors». Les démarches et coups diplomatiques se multiplient : la participation du Maroc au dernier sommet de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest, qui avait nécessité le déplacement du chef de gouvernement, lui-même, la solidarité clairement affichée au Mali dans sa crise et plus récemment l'admission du royaume au capital de la Banque ouest-africaine de développement (BOAD). Citons au passge la main franche tendue au Maroc par Alassane Dramane Ouattara, le chef d'Etat ivoirien et président en exercice de la CEDEAO, profitant de la visite officielle du roi Mohammed VI dans son pays: «La place du Maroc est dans l'UA». Cette main sera-t-elle saisie ?