Une nouvelle délégation de médiateurs africains est arrivée lundi en Côte d'Ivoire. Ils devraient rencontrer Laurent Gbagbo pour tenter de le convaincre de quitter le pouvoir. Une énième mission diplomatique pour éviter la voie de la violence. Mandatés par la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao), les présidents du Bénin, de la Sierra Leone et du Cap-Vert sont arrivés ce lundi 3 janvier en Côte d'Ivoire. Il s'agit de la deuxième visite en moins d'une semaine pour ces trois chefs d'Etat. Laurent Gbagbo s'accrochant fermement au pouvoir, la première tentative de médiation menée la semaine dernière n'a pas été fructueuse. Pour ce deuxième essai diplomatique, les présidents Boni Yayi du Bénin, Ernest Koroma de la Sierra Leone et Pedro Pires du Cap-Vert sont accompagnés du Premier ministre kényan Raila Odinga, envoyé par l'Union africaine (UA). Ce dernier a évoqué «une mission de protection de la démocratie et de la voix du peuple en Côte d'Ivoire». Ces quatre médiateurs africains incarnent l'espoir de déloger Laurent Gbagbo de la présidence sans avoir à user de la force. L'UA et la Cédéao exigent toutes deux le départ de Gbagbo et la Cédéao, présidée par le président nigérian Goodluck Jonathan, est même allée jusqu'à brandir la menace d'une opération militaire si le président sortant continuait de s'agripper au pouvoir. «Il y a une seule solution, c'est la force. Il faut une force de dissuasion massive», a estimé le porte-parole d'Alassane Ouattara, Méité Sindou, avant de poursuivre : «C'est le dernier round de médiation (…) Après ça, les forces de la Cédéao doivent venir». De «nouveaux pas» seront décidés d'ici mardi, a déclaré le président de la Cédéao. Une mission avec peu d'espoir Cette nouvelle mission de médiation a peu de chance d'aboutir. Gbagbo a clairement fait savoir qu'il n'entendait absolument pas quitter le pouvoir, malgré les nombreuses pressions extérieures. A l'occasion de ses vœux du nouvel an, il a déclaré fermement : «Nous n'allons pas céder», accusant Alassane Ouattara de «tentative de coup d'Etat menée sous la bannière de la communauté internationale». De son côté, Alassane Ouattara s'est montré confiant lors de ses vœux, annonçant pour 2011 «la rupture avec les dix années de souffrance, de pauvreté et de mort» du régime Gbagbo. Tout le monde craint que la crise ne se transforme en une véritable guerre civile. Selon l'ONU, la crise ivoirienne aurait déjà fait près de 200 morts depuis l'annonce des résultats. L'échec de cette nouvelle mission de médiation pourrait replonger le pays dans les violences, soit avec la reprise d'affrontements entre les deux camps soit avec la mise en place d'une opération militaire ouest-africaine. Mercredi dernier, le leader des jeunes patriotes, Charles Blé Goudé, avait laisser planer l'ombre d'une explosion de violences, menaçant de mener une marche censée «libérer à mains nues» le quartier général d'Alassane Ouattara. Cette menace n'avait pas été mise à exécution, en raison de la première visite des médiateurs de la Cédéao. Prêts à parer à ce risque de violences, des hommes de l'Onuci équipés de boucliers et de gaz lacrymogènes sont toutefois en position le long de la route qui mène à l'hôtel, et le bâtiment est protégé par des soldats armés de fusils-mitrailleurs, abrités derrière des sacs de sable. La Côte d'Ivoire entame donc l'année 2011 plongée dans une impasse politique qui s'annonce meurtrière. Avec deux présidents rivaux, l'ombre de l'attaque ouest-africaine et les risques de nouveaux affrontements internes, le pays semble encore loin de tourner la page d'une décennie déjà bien chargée de troubles politico-militaires. Selon l'ONU, la crise ivoirienne aurait déjà fait près de 200 morts.