Les dernières rencontres de printemps du FMI et de la Banque mondiale ont permis de réaffirmer l'exception du continent dans la morosité de la dynamique économique mondiale. Au moment où l'Afrique subsaharienne affiche 6,1% en moyenne pour 2014, le Maghreb se maintient dans les mêmes perspectives, en dépit des transitions politiques difficiles qui prévalent dans la plupart des économies de la région. Décryptage. 5,6% cette année et 6,1% pour 2014... le continent continue de bénéficier de bonnes perspectives auprès des prévisionnistes des institutions de «Bretton Woods». Les dernières réunions de Printemps 2013 du FMI et de la Banque Mondiale, tenues ce weekend à New-York avec la participation des gouverneurs des Banques centrales du monde et des ministres des Finances du G20 et de quelques pays émergents, ont permis de réaffirmer les chiffres et statistiques maintenant l'Afrique dans un enthousiasme économique quasi exclusif dans la conjoncture actuelle. Ces perspectives sont cependant, très inégalement partagées entre économies subsahariennes et nord-africaines. Une croissance à deux vitesses, c'est en effet ce qui ressort des premières lectures des récentes perspectives économiques que vient de livrer le FMI, à la veille des rencontres de printemps. Dans la région subsaharienne, le géant sud-africain se maintient dans son rôle de locomotive de la dynamique économique, bien qu'il affiche un compteur de croissance au ralenti et en dessous de la moyenne régionale. Ce pays devrait en effet «connaître une croissance timide avec un taux de 2,8% en 2013 sous l'effet du manque de dynamisme de la production minière et de la faiblesse de la demande émanant de la zone euro, son principal marché extérieur», selon les appréciations du FMI. Ce chiffre devrait toutefois très vite se reprendre à 3,3%, tirée par la légère reprise pressentie dans la «zone euro». Hors Afrique du Sud, la moyenne régionale est de 5,5% en 2013 - «un taux légèrement inférieur à celui prévu dans l'édition d'octobre 2012 des PEM» - impulsée, selon le FMI, par les investissements entrepris dans les infrastructures et le potentiel de production, la persistance d'une consommation vigoureuse et la mise en service de nouvelles capacités dans les secteurs extractifs. Dans ses études de cas, l'organisme zoome sur l'économie nigériane, par exemple, où le redressement de l'activité et la mise en œuvre de la réforme du secteur de l'électricité devraient stimuler la croissance en 2013. Maintien Dans le Nord du continent, les dynamiques confirmées par le FMI sont tout aussi diverses, malgré des ressemblances structurelles des modèles économiques. De façon globale, la croissance au Maghreb devrait de fait perdre un précieux point de pourcentage entre cette année et 2014, passant de 6,1% à 5%. Seule économie jouissant encore d'une certaine exception dans sa situation politique et son climat interne des affaires, le Maroc tire la dynamique de la région avec un taux de croissance qui ne devrait pas redescendre en deçà des 4% en 2013 et en 2014, selon les perspectives du FMI. Ces perspectives ne semblent toutefois pas avoir pris en compte la dernière décision de coupe drastique prise par le gouvernement du royaume, dans ses dépenses d'investissement. De nombreux observateurs en attendent d'importantes répercussions sur la croissance du pays et sur les activités de son secteur privé à moyen terme. Le diagnostic du FMI est de toute façon sans appel, «une longue période de bonnes performances économiques a été compromise par la détérioration de la situation économique européenne» et «l'intensification des pressions pesant sur les comptes publics et les comptes extérieurs». En Tunisie, également, la croissance devrait se maintenir à un niveau très favorable, contrastant avec le contexte de difficile transition politique. L'économie du pays devrait poursuivre sa période de convalescence et de reprise progressive cette année avec un taux de croissance du PIB estimé à 4% par les PEM du FMI, ainsi qu'à 4,5% en 2014. Par ailleurs, seule économie de la région à figurer dans la catégorie des «pays exportateurs de pétrole», l'Algérie n'arrive pas à damer le pion à ses voisins de la région. Sa croissance devrait vaciller entre 3 et 3,4% sur les deux prochaines années... et n'arriverait même pas à faire mieux que l'Egypte, enlisée dans un désordre politico-économique depuis l'avènement du Printemps arabe. Ce pays reste le «mauvais élève» de la région avec des perspectives de croissance de 2% en 2013 et de 3,3% en 2014.