Après trois ans de consolidation des acquis, la filiale subsaharienne de BMCE Bank s'attaque à de nouveaux marchés. Après le Togo, la Guinée équatoriale et le Cameroun devraient bientôt être les nouvelles frontières du groupe. Enjeux et perspectives d'une nouvelle politique en expansion. 2013 est décidément une année charnière pour Bank Of Africa (BOA). La filiale du groupe BMCE Bank (68% du capital) entame un tout nouveau cycle, à caractère expansionniste cette fois-ci, de son développement stratégique. Cela semble être le prolongement naturel de trois ans de consolidation des acquis sur les 15 marchés actuels d'implantation de BOA, depuis sa reprise, en 2010, par le groupe d'Othmane Benjelloun. Si rien n'est encore officiellement confirmé – en dépit de nos, pour le moment, vaines et répétées tentatives pour faire réagir les responsables du groupe bancaire marocain à Casablanca - les annonces portant sur de nouvelles implantations de la BOA ont rapidement fini de faire le tour de la presse locale et étrangère, tout au long de ces deux dernières semaines. Après l'agrément récemment obtenu au Togo, les actualités les plus fraîches recueillies à ce propos et déjà suffisamment sérieuses pour être prises en compte, parlent d'une reprise quasi-finalisée de la Société Générale des Banques en Guinée équatoriale (SGBGE). Les responsables de BOA auraient en effet déjà bouclé une offre financière, pour un montant encore inconnu, et pour l'acquisition de 52,24% du capital de la banque équato-guinéenne, deuxième plus importante structure financière du pays. L'information fait suite à celle évoquant, quelques jours plus tôt, l'imminence d'une implantation de la BOA au Cameroun, un autre nouveau marché sur lequel Othman Benjelloun semble jeter son dévolu. Une demande d'agrément aurait été introduite par le groupe sur ce marché, afin d'y lancer ses activités. Celles-ci devraient notamment porter, selon des sources de presse, confirmées par d'autres, plus proches du dossier, sur les crédits aux entreprises. Le tout est renforcé, en milieu de semaine dernière, par l'annonce sur la préparation à une levée de 500 millions de dollars sur le marché international du groupe marocain, qui devrait sans doute servir, entre autres projets, à relever davantage les capacités financières de sa filiale subsaharienne pour lui donner les moyens de ses ambitions. Nouvelles entrées, nouvelles opportunités Ces perspectives sont d'autant plus sérieuses qu'une pénétration confirmée, dans l'un et l'autre de ces marchés, serait de portée très stratégique pour BMCE Bank. Si la taille du marché n'a rien pour faire rêver, la Guinée équatoriale serait le premier marché hispano-lusophone du réseau du groupe, une toute nouvelle expérience pour BOA. Ce pays affiche, par ailleurs, l'une des croissances les plus importantes du continent et de la région (7,8% en 2011), grâce notamment au secteur pétrolier et des services, ce qui suppose de bonnes opportunités au groupe bancaire marocain. Au Cameroun, aussi, en dépit d'une population très faiblement bancarisée (pas plus de 6%), une prochaine implantation de la filiale panafricaine de BMCE Bank équivaudrait à une première percée stratégique dans la zone CEMAC (Communauté économique et monétaire d'Afrique centrale). Mercredi dernier, le pays a pourtant été interpellé par le FMI sur la santé globale de son secteur financier, au terme d'une mission de routine. «Le secteur est handicapé par un certain nombre de petites banques qui devraient faire l'objet sans délai d'une procédure de règlement», explique-t-on dans le communiqué de l'organisme international. La mission a également encouragé les autorités du pays à accélérer les réformes pour améliorer le climat du crédit dans le pays. Croissance horizontale Parallèlement à ses ambitions continentales, BOA continue aussi de renforcer ses postions actuelles à travers une croissance intra-réseau accélérée. L'enseigne a ouvert 32 nouvelles agences en 2012, portant ainsi la taille de son réseau à 370 agences à travers ses 15 marchés d'implantations. Au Ghana, en particulier, on parle de 15 nouvelles agences sur les trois prochaines années. Les performances sont également au rendez-vous. BOA restait en effet encore l'une des principales filiales du groupe en termes de contributions à ces performances financières. Les résultats consolidés de la banque subsaharienne ont fait preuve d'une grande solidité, avec une croissance de 15% du Produit net bancaire à 291 millions d'euros. Quant au Résultat brut d'exploitation du groupe, il a également grimpé à 13,6% pour atteindre 119 millions d'euros.